« Dingue ! Mais il fait peur » : le Cybertruck de Tesla roule des mécaniques à VivaTech
Vendu depuis fin 2023 à partir de 79 990 dollars aux États-Unis, le Tesla Cybertruck qui n'est pas encore autorisé à rouler en France, est présenté au salon Vivatech à Paris. LP/Philippe Labrosse
On ne voit que lui. Le Tesla Cybertruck, dernier-né du constructeur américain, mesure 5,68 m pour presque 1,80 m de hauteur. Un pick-up à l’allure de tank, lancé aux États-Unis fin 2023. Un véhicule de la grande famille des électriques, théoriquement conçu pour soulager la planète, ralentir le réchauffement climatique, mais qui, à vrai dire, ne paraît guère miser sur un inversement de tendance - il semble surtout taillé pour survivre à l’apocalypse.
Son « design futuriste s’inspire de l’esthétique cyberpunk, présente dans le film Blade Runner », assume la marque. Les cinéphiles se souviendront… Et frissonneront peut-être, en repensant à ce Los Angeles pluvieux et crépusculaire, perpétuellement couvert de brouillard. La population y est encouragée à émigrer vers les colonies situées sur d’autres planètes. « Vous avez dit Space X ? », l’une des autres entreprises d’Elon Musk spécialisée dans le domaine du vol spatial, lâche un visiteur en avisant le bolide.
Qu’on aime ou pas, le Cybertruck polarise l’attention à VivaTech, le salon de l’innovation qui se tient jusqu’à samedi à la porte de Versailles, à Paris. À côté de lui, même Optimus, le robot humanoïde de Tesla, ne parvient pas à capter l’intérêt des visiteurs.
Ceux-ci n’ont d’yeux que pour le monstre. Beaucoup aimeraient tendre la main, caresser le métal gris et froid. « La surface est en acier inoxydable, indique la marque. Son revêtement sur mesure le protège contre la corrosion à long terme. Il est également résistant aux balles de calibre 45 et 9 mm, ainsi qu’aux fusils de chasse calibre 12. » Pas sûr que l’argumentaire fasse mouche sur le Vieux Continent, mais les survivalistes américains apprécieront…
Pas encore autorisé à rouler en France
Tout autour, les commentaires fusent, en rafale. « Eh bah, madame Hidalgo va être contente ! », s’amuse un startuper en costume-Converse, en faisant référence à la décision de la maire de Paris de tripler les tarifs de stationnement pour les SUV ; « Kim Kardashian en possède deux », assure une jeune cadre tatouée à sa collègue ; « Musk nous a habitués à des lignes plus sages », tique Jacques, un sexagénaire moustachu, propriétaire du Model Y.
Bien campé sur ses roues (et ses 3 tonnes !), le Cybertruck ne bouge pas d’un centimètre. Et pour cause. Le véhicule n’est pas encore autorisé à rouler en France. Les lignes trop aiguisées ne passent pas, comme sa carrosserie, trop rigide en cas d’accident. Le modèle exposé, arrivé des États-Unis, a donc rejoint la capitale en camion-plateau. Tesla, dans un premier temps, cible le marché nord-américain, mais « il y a eu des précommandes en France », assure la marque, qui maintient l’éventualité d’une homologation européenne.
Nous avons pu grimper à l’intérieur. Le verre acoustique à 360 degrés offre une isolation sonore bluffante et le brouhaha du salon cesse immédiatement. L’épure est poussée à son maximum : absence de tableau de bord, clignotants intégrés au volant et immense écran central de 18,5 pouces, un record.
À l’arrière, le Cybertruck dispose d’une benne massive avec un espace de stockage verrouillable de plus de 1 800 litres. « Plus pratique qu’un camion, plus performant qu’une voiture de sport », vante la marque. Une vidéo tourne sur l’écran à côté du véhicule. Le Cybertruck y bat une Porsche 911 à la course de vitesse en ligne droite. Ceci, découvre-t-on à la fin, tandis qu’il tracte… Une Porsche 911. Des images promotionnelles doublement efficaces, même si elles sont contestées par certains spécialistes. Sur les forums, fans et adversaires de Tesla continuent de s’écharper sur la question.
Une ribambelle de polémiques
Le prix dans tout ça ? Il est à 79 990 dollars dans la version Dual Motor. La version trimoteur Cyberbeast, capable d’accélérer de 0 à 100 km/h en 2,7 secondes (!), grimpe quant à elle à 99 990 dollars.
Le pick-up géant tracte déjà derrière lui une belle ribambelle de polémiques. Lors de sa conférence de présentation, en novembre 2019, les vitres « ultrarésistantes » promises par la marque n’ont pas résisté à une boule de pétanque jetée par le designer en chef. Les premiers propriétaires, ensuite, ont signalé des points de rouille sur la carrosserie en acier inoxydable.
En avril, enfin, le constructeur américain, déjà confronté à plusieurs mauvaises nouvelles, a été contraint d’effectuer une campagne de rappel, à cause d’un dysfonctionnement de la pédale d’accélérateur. « Dingue ! conclut Christophe, un quadra de la tech. Mais il me fait peur. Trop XXL, trop Mad Max. Je vais faire des cauchemars en l’imaginant surgir dans mon rétro sur l’autoroute ».