"C’est un scandale": après la grève, la prime JO de 1.900 euros maximum à la SNCF fait des jaloux
Après des négociations avec les syndicats, la SNCF propose une prime de 1.900 euros maximum à ses agents mobilisés pendant les JO 2024.
Du simple au double, quasiment. Avant la grève en Ile-de-France ce mardi, la SNCF proposait une prime de 50 euros par jour aux agents mobilisés pendant les JO 2024. Et après, 95 euros. C’est le montant journalier brut qui est ressorti à l’issue des négociations avec les syndicats ce mercredi, avec un maximum de 1.900 euros pour les 50.000 cheminots concernés, sans distinction de métiers.
La SNCF assure que le trafic sera "supérieur à celui d'un été normal (en moyenne +15% en Ile-de-France)", avec "jusqu'à 15 millions de visiteurs français et internationaux attendus". Elle va mobiliser 4.500 trains supplémentaires en Ile-de-France, soit 300 trains de plus chaque jour. Et 370 TER supplémentaires sont prévus dans les villes-hôtes (Bordeaux, Châteauroux, Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Nice et Saint-Etienne).
"C’est complètement justifié, assure Ouissam, contrôleur SNCF, dans Estelle Midi ce jeudi sur RMC et RMC Story. Pendant cette période, le travail ne va être du tout celui qu’on fait habituellement, même en période de forte affluence, même pendant les vacances. Ça ne va pas du tout être un mois d’août classique. En tous cas, sur toutes les lignes qui vont relier Paris. On va avoir une affluence de voyageurs beaucoup plus importante, qui va s’additionner aux vacanciers."
SNCF : un conducteur et un contrôleur de train sur une ligne RER à Hazbrouck (Nord) - ILLUSTRATION
"Les touristes vont casquer"
Pour Arnaud Aymé, spécialiste transports du cabinet Sia Partners, "les syndicats ont plutôt bien négocié et la base est satisfaite, la direction de la SNCF aussi". "On pourrait débattre de la grève préventive. Mais sur le fond, ce qu’a fait la direction de la SNCF, comme celle de la RATP, c’est: d’accord pour une prime, mais c’est par définition transitoire, pour la durée des Jeux. Ça a beaucoup moins d’impact financier pour l’entreprise que des augmentations de salaires. La prime, elle s’arrête à la fin des JO", souligne-t-il.
Et donc, selon Arnaud Aymé, cette prime pour les JO, "ça pèse pour presque rien dans le budget de la SNCF". "L’impact financier est minime"¸ d’après ce spécialiste, qui prévient quand même que "les touristes vont casquer" avec les prix des billets au dernier moment.
Mais ces primes à la SNCF, quelques semaines après l’accord sur les retraites, font des jaloux, même si elles sont conformes à ce qu’ont obtenu les policiers et les gendarmes ainsi que les employés de la RATP. "Pour moi, c’est un scandale, c’est honteux, souffle Gilles, conducteur de car dans le Puy-de-Dôme. Comme d’habitude, les syndicats ont défendu leurs copains… Nous, dans le privé, rien. On nous dépeuple tous les dépôts de bus pour venir renforcer à Paris pour les JO. En province, on aura des problèmes pour transporter les gens."
"Depuis dix ans, les syndicats nous ont fait perdre toute l’avance qu’on avait au niveau des salaires, ajoute cet auditeur RMC. On est défendus par les mêmes qui défendent le public. Mais à la SNCF, la prime de découché est de 100 euros. Et pour nous, elle est de 6 euros. Notre salaire, c’est en moyenne 13 euros de l’heure, brut. Ce qui me scandalise le plus, c’est qu’on prenne les usagers en otages. On a une notion de service public. Laisser tomber les gens parce qu’on a envie de gagner un peu plus, ce n’est pas normal."