Législatives 2024 : dans l’Aveyron, «le candidat du RN vit en Suisse et celui de gauche à Paris ! On n’allait pas voter pour eux !»
Qu’elles semblent loin les urnes quand pointent les premières notes d’une polka qui envoie toute l’assemblée sur la piste de danse. A la salle des fêtes de Curan (Aveyron), on danse depuis le début d’après-midi au son de l’accordéon. C’est la tradition pour clôturer les trois jours de fête de ce village de 300 habitants. Si bien que le bureau de vote a exceptionnellement été déplacé dans une petite salle de la mairie, en bas du village. Ce dimanche, la participation dépasse 80 % à Curan. «C’est peut-être grâce à la fête, se questionne un conseiller municipal. Depuis ce matin, on ne parle que de ça !»
«Les résultats, on les regardera peut-être en rentrant, à minuit ! tranche Geneviève, venue avec cinq amis. Quand on danse, on ne parle pas politique !» Pourtant, à peine revenus du dépouillement, les conseillers municipaux partagent les résultats. Le village a placé en tête son député sortant, le macroniste Jean-François Rousset, à 49 %. Il devance le candidat du Rassemblement national, Pierre-Antoine Fèvre, à 33 %, et le candidat du Nouveau Front populaire, Richard Bouigue, à 14 %. «C’est sans surprise, on n’avait pas d’autre choix, commentent deux amis, la petite soixantaine, au bar de la salle des fêtes. Ils nous ont pris pour des lanternes à nous envoyer deux parachutés : celui du RN vit en Suisse, et celui de gauche à Paris ! On n’allait pas voter pour eux !»
A Curan, l'élection est tombée le jour de la fête du village. Le scrutin passe un peu inaperçu.
Aux élections européennes, le village de Curan avait placé Jean Lassalle en tête, à une voix de Jordan Bardella. «Pour les législatives, la prime va au candidat local et on oublie les extrêmes», analyse le maire, Jean-Louis Grimal. «Ici, on élit toujours des gars du pays», appuie Solange. Les premiers résultats sur l’ensemble de la troisième circonscription de l’Aveyron ne lui donnent pourtant pas raison. Le candidat RN vire en tête. Mehdi est le seul à dégainer son téléphone quand arrivent les premières notifications, à 20 heures. «Nous, on s’appelle Ahouari, et comprenez qu’on n’a pas prévu de faire nos valises», glisse sa mère. L’orchestre va remonter sur scène. Mieux vaut éviter les sujets qui fâchent.