Tour de France : la Visma de Vingegaard affiche ses faiblesses mais ne s’avoue pas vaincue
Dans le col du Galibier, Jonas Vingegaard s'est retrouvé rapidement esseulé face à l'armada de l'équipe UAE de Tadej Pogacar. BELGA/JAN DE MEULENEIR
Au bus de la Visma lease a bike, l’ambiance était à la temporisation. Même à la « confiance », le dernier mot employé par Jonas Vingegaard face à la presse, dans un sourire pincé dont il a le secret. Si le leader de l’équipe néerlandaise a perdu du temps sur son principal rival, Tadej Pogacar (UAE Emirates), dans la descente du Galibier vers Valloire (Savoie), se trouvant désormais à 50 secondes du slovène, il ne semblait pas catastrophé.
«Ã‚ Pour être honnête, je pense qu’on peut être heureux d’avoir perdu du temps principalement dans la deuxième partie de la descente car Tadej avait plus de gravité (il est en effet plus lourd d’une poignée de kilos). C’est déjàune petite victoire en soi », voulait-il rassurer, alors qu’il se trouvait àmoins de 10 secondes du nouveau maillot jaune au sommet du Galibier après avoir subi l’explosivité de « Pogi » sur son attaque aux 800 m.
Mais derrière ce discours de façade, le Danois sait que c’est surtout la faiblesse de son équipe face à l’armada UAE de Pogacar qui a sauté aux yeux du peloton. L’absence du lieutenant et dernier vainqueur de la Vuelta, Sepp Kuss, aux côtés de Vingegaard a sûrement compté. Sans oublier les forfaits des importants néerlandais Dylan Van Baarle et Steven Kruijswijk.
Matteo Jorgenson déçoit
«Ã‚ C’est sûr que ce n’est pas idéal, notre meilleur grimpeur n’est pas làpour l’aider. Nous l’avons bien vu aujourd’hui quand UAE a certains des meilleurs en montagne de ce Tour, déplore Grischa Niermann, le directeur sportif de la Visma. Mais si vous m’aviez dit avant le Tour que nous serions qu’à50 secondes ce soir, j’aurais dit c’est très bien. Il reste beaucoup d’étapes. » Le boss de la Visma ne semble pas catastrophé non plus par la performance de l’Américain Matteo Jorgenson. « Il a terminé dans le groupe pour la 9e place ! ». L’espoir américain, 25 ans, termine tout de même à2′42′' du vainqueur slovène…
«Ã‚ Je ne me sentais pas bien dès la côte (assez simple) de Sestrières, j’ai compris que les jambes n’étaient pas tops, reconnaît celui qui est censé accompagner Vingegaard dans les sommets. Le vent de face dans le col m’a énervé. J’ai craqué plus vite que je ne le voulais. » Et le jeune coureur, deuxième du dernier Dauphiné, de reconnaître encore se ressentir de sa chute il y a deux jours. En témoignent ses importants pansements au coude droit.
« Je ne vais pas vous dévoiler notre plan »
Une histoire de chute qui a sûrement compté aussi dans la perte de temps du leader danois. En effet, on peut imaginer qu’un brin d’appréhension se logeait dans le coin de sa tête après sa terrible chute en descente au tour du Pays basque. Et que sa préparation et son repérage des étapes ont été perturbés. « On avait imaginé qu’on allait perdre du temps cette première semaine, même dès la double ascension de la côte de San Luca (dimanche). Donc ce n’est pas la fin du monde », s’applique à dire, en Français, Jorgenson.
«Ã‚ Je sais ce dont sont capables Wilco (Kelderman) et Matteo (Jorgenson). Je suis sûr qu’ils seront làplus tard dans la course. Nous savons quoi faire pour la suite, comme ces deux dernières années, mais je ne vais pas vous dévoiler notre plan », a conclu le double tenant du titre danois.
Comme pour laisser entendre que le Tour est encore long et rappeler qu’il n’a jamais pris les commandes de la course très tôt. Une course de patience donc, en partant du principe que sa forme ira en s’améliorant au fur et à mesure que les étapes défileront. Une première réponse que Vingegaard pourrait être tenté d’apporter dès vendredi lors du contre-la-montre de 25 km dans les vignobles de Bourgogne.