Législatives : le vrai-faux désistement du candidat LR-RN Gilles Bourdouleix pour participer à une triangulaire
Le maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, le 21 janvier 2015.
Les candidats RN, ça ose tout, c’est même à cela qu’on les reconnaît. Preuve en est : l’ahurissant jeu de poker menteur ourdi par Gilles Bourdouleix. Arrivé en deuxième position à l’issue du premier tour des législatives (33,7 % des voix), le maire de Cholet, étiqueté Les Républicains mais soutenu par le Rassemblement national, annonçait lundi via un SMS envoyé à un journaliste de Ouest-France son intention de se retirer de la course des législatives, à la surprise générale. L’édile ciottiste s’estimait «écœuré par une campagne électorale nauséabonde qui insulte la démocratie et nos concitoyens».
Un retrait inattendu qui laissait le champ libre aux deux autres candidats de la 5e circonscription du Maine-et-Loire : Denis Masséglia, le député sortant Ensemble (33,7 %), et la candidate de La France insoumise, France Moreau (21,3 %), qui se présentait sous les couleurs du Nouveau Front populaire.
Il s’agissait en fait d’un faux coup de théâtre : ce mardi, peu avant 18 heures et la clôture définitive des inscriptions, le suppléant de Bourdouleix a débarqué en mairie pour maintenir sa candidature à la dernière minute. «Répondant à l’appel de nombreux soutiens après l’annonce de mon retrait et face aux alliances contre-nature qui se nouent, je maintiens ma candidature ! La France est au bord du gouffre ! Il faut que nos concitoyens puissent s’exprimer démocratiquement !» s’est-il justifié sur X.
Bluff
L’objectif derrière la basse manœuvre semble d’avoir fait en sorte que France Moreau maintienne sa candidature. En tant que troisième, la candidate NFP s’était résignée à se retirer dimanche soir, conformément aux directives données par le NFP dans un tel cas de figure. Avant de se raviser et se maintenir, puis de finir par changer d’avis et de se retirer, sous la pression de toute la gauche – un imbroglio rocambolesque qui a duré toute la journée de lundi. Or le désistement surprise de Bourdouleix l’a incitée à se raviser… et à maintenir sa candidature pour le second tour.
A l’annonce du maintien de la triangulaire, plusieurs partis de gauche hors LFI se sont fendus d’un communiqué commun ce mardi soir : «Avec les autres partis du Nouveau Front populaire nous appelons la candidate LFI dans la 5e circonscription de Maine-et-Loire à ne pas présenter ses bulletins de vote pour ne pas favoriser l’élection du RN M. Bourdouleix et nous appelons les électeurs et électrices à voter pour le candidat LREM. Nous avions pourtant prévenu et appelé la candidate [à] ne pas présenter sa candidature devant le risque RN», ont-ils demandé. Un appel entendu par la candidate NFP, en vain. Il était déjà trop tard pour faire marche arrière.
Gilles Bourdouleix, 63 ans, fait partie de ces candidats soutenus par le RN au passé plus que trouble recensés par Libé. Au cours de son dernier mandat notamment, l’édile s’était distingué par une diatribe raciste visant les gens du voyage. Les propos anti-Tziganes datent du 21 juillet 2013, lorsqu’il s’était rendu dans un camp de gens du voyage sur sa commune et s’était disputé avec eux. Lors de cet échange, il avait déclaré : «Comme quoi, Hitler n’en a peut-être pas tué assez.» Ces marmonnements avaient d’abord été rapportés par le Courrier de l’Ouest.
L’élu avait alors démenti, obligeant le journaliste à publier son enregistrement sonore. Il a depuis été condamné pour «apologie de crime contre l’humanité» en première instance et par la cour d’appel d’Angers en 2014. Avant que la Cour de cassation n’annule sa condamnation. Le motif : la cour a estimé qu’il ne pouvait être condamné car les propos n’ont pas vraiment été proférés et donc qu’il les a tenus «dans des circonstances exclusives de toute volonté de les rendre publics», comme l’a écrit Libération. L’enregistrement est toujours disponible sur YouTube.