"On a déjà essayé" : d'anciens résistants et déportés appellent à faire barrage à l'extrême droite

Roger Lebranchu, résistant déporté à Buchenwald, Mélanie Berger-Volle, résistante franco-autrichienne internée à la prison des Baumettes à Marseille, Daniel Huillier, résistant du maquis du Vercors et Jean Lafaurie, résistant déporté à Dachau.

Quatre-vingt ans après la Libération, d'anciens résistants et déportés s'inquiètent de la possibilité de l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite en France. À l'approche du deuxième tour des élections législatives, ils invitent les Français à se souvenir des valeurs de la Résistance et appellent à ne pas voter pour le Rassemblement national.

Il y a dix jours, Mélanie Berger-Volle vivait un intense moment de joie. Cette Franco-Autrichienne âgée de 102 ans a été choisie par le département de la Loire pour porter la flamme olympique en raison de son engagement dans la Résistance lors de la Seconde Guerre mondiale. C’est au sein de la cité des aînés à Saint-Etienne qu’elle a effectué son relais un large sourire aux lèvres. "J’étais très contente de montrer qu’une personne âgée pouvait porter la flamme. Cela m’a fait tellement plaisir", raconte-t-elle.

Mais aujourd’hui, son cœur n’est plus à la fête. Deux jours après le résultat du premier tour des élections législatives qui a vu le Rassemblement national arriver en tête, Mélanie Berger-Volle ne cache pas son inquiétude. "Je n’ai pas d’autre possibilité que de dire ce que je pense", insiste-t-elle. "Je suis tellement étonnée que la France qui a fait tant de choses bascule presque à l’extrême droite".

"Je vote pour n’importe qui, mais pas pour eux"

Née en 1921 à Vienne, dans une famille juive, elle a vécu les heures sombres de son pays. En 1938, elle est contrainte de le quitter à la suite de l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie. "On a oublié que Hitler est arrivé légalement au pouvoir", souligne-t-elle. Après un séjour en Belgique, Mélanie Berger-Volle trouve refuge en France. Dès le début de l’occupation, cette militante communiste antifasciste décide de rejoindre la Résistance et distribue auprès des soldats allemands des tracts anti-hitlériens. Arrêtée en janvier 1942, elle passe par la prison Saint-Michel de Toulouse, puis par celle des Baumettes à Marseille d’où elle réussit à s’échapper grâce à des camarades. Jusqu’à la Libération, elle poursuit ses actions de résistante.

Quatre-vingts ans plus tard, elle regrette d'assister à la percée de l’extrême droite dans son pays d’adoption. "Je vote pour n’importe qui, mais pas pour eux", résume-t-elle en faisant allusion au RN, le parti héritier du Front national. "Ils sont très intelligents. Ils disent qu’ils sont devenus comme tout le monde, mais si vous grattez un peu, rien n’a changé. À Toulon, quand il y a eu un maire FN, il s’est d’abord attaqué à la culture, alors que nous ne pouvons pas vivre sans cela. Ils veulent aussi faire des différences dans les cantines scolaires", poursuit l’ancienne résistante qui assure qu’elle ira déposer son bulletin dans l’urne dimanche, malgré son grand âge. "Évidemment, j’ai toujours voté. J’ai lutté pour ça pendant la guerre".

"Je ne veux pas qu’on soit gouverné par des anciens SS"

De l’autre côté de la France, Roger Lebranchu a lui aussi eu l’honneur de participer au relais de la flamme, le 31 mai, lors de son passage au Mont-Saint-Michel. "J’ai porté ce symbole qui représente la paix dans le monde et la dignité entre les peuples. Je n’aurais jamais pensé le faire un jour", souligne-t-il. Cet ancien champion d’aviron, sélectionné aux Jeux olympiques de Londres en 1948, a été choisi pour ses exploits sportifs, mais aussi pour son passé de résistant : "J’ai été arrêté en 1943 parce que je voulais rejoindre l’Afrique du Nord en passant par l’Espagne".

Agé de seulement 21 ans, Roger Lebranchu est déporté au camp de concentration de Buchenwald en Allemagne, puis à celui de Schönebeck. Il s’en échappe en avril 1945 juste avant l’arrivée des Américains. À son retour, il reprend la pratique sportive et devient champion de France d’aviron à deux reprises. Après avoir subi tant d’épreuves, ce rescapé a réussi à aller de l’avant. Mais du haut de ses 101 ans, il s’inquiète pour le devenir de son pays. "J’ai été déporté pour des faits de résistance et je ne veux pas qu’on soit gouverné par des anciens SS", lâche-t-il sans détour.

Roger Lebranchu fait référence aux membres fondateurs du Front national. Parmi eux, se trouvaient notamment Léon Gaultier et Pierre Bousquet, deux Français qui avaient rejoint les rangs de la Waffen-SS. "Quand on a vécu les SS comme moi, on peut s’attendre à tout", insiste l’ancien résistant qui espère "que le centre va se réunir et se tenir les coudes" face à l’extrême-droite.

"Le danger est à nos portes"

Jean Lafaurie voit plus large. Pour lui, il est nécessaire de se rassembler au-delà de tout clivage politique : "Il faut bloquer ce parti qui est néfaste pour la France. Quand j’entends des gens de la droite actuelle ou des représentants du gouvernement dire qu’on ne peut pas voter pour le Nouveau Front populaire parce qu’il y a un tel ou un tel, je réponds qu’un barrage, c’est un barrage. On discutera plus tard".

Depuis les résultats, il vit mal la situation politique en France avec "un RN pratiquement aux portes du pouvoir". Ce centenaire avoue "trembler un peu" : "On retrouve les éléments qu’on a connu à la fin des années 30. Je crois qu’on évolue dans le même système. Le danger est aussi à nos portes".

Il y a plus de huit décennies, Jean Lafaurie a déjà fait face à cette menace. À 20 ans, il s’engage dans les rangs des résistants communistes, les FTPF dans sa région d’origine le Lot. En juillet 1943, il est arrêté, puis condamné à dix ans de travaux forcés. Interné dans la centrale d’Eysses, dans le Lot-et-Garonne, il participe à une mutinerie qui se solde par l’exécution de 12 prisonniers et la déportation de plus de 1 000 autres vers le camp de Dachau, près de Munich. Jean Lafaurie y survit pendant presque un an sous le matricule 73 618.

"Les camps de concentration, c’est un peu ce que comptait faire les nazis dans tout le reste du monde. Un monde d’esclaves avec les nazis comme seul représentant de l’autorité", résume l’ancien résistant qui a finalement été libéré en avril 1945, ne pesant plus que 36 kilos. Profondément marqué par cette terrible expérience "ancrée" en lui, il se désole de voir que certains osent dire qu’il faudrait tenter un gouvernement d’extrême droite. "On l’a déjà essayé !", s’emporte-t-il avant d’ajouter : "Ils ont peut-être changé leur façon de parler pour mieux tromper les gens, mais la base du mouvement est toujours la même. Marine Le Pen s’est affichée avec Poutine. La France est vraiment en danger, mais c’est le cas de toute l’Europe à l’heure actuelle".

Depuis des années, Jean Lafaurie parcourt le pays pour témoigner devant des élèves. Il reconnait que l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ne s’est pas forcément bien transmise : "Il y a deux générations qui ont voulu oublier la guerre et qui n’en ont pas parlé. Il faut essayer de réveiller cette mémoire, mais ce n’est pas facile. On essaye de semer des petites graines avec l’idée qu’elles vont pousser un jour".

"On va s’en sortir"

Daniel Huillier raconte aussi inlassablement son histoire auprès des jeunes. À 96 ans, il est l’un des derniers résistants du maquis du Vercors encore en vie. À l’occasion des élections, il a publié une tribune pour rappeler les valeurs de fraternité prônées par ses camarades de combat : "Dans la Résistance, il y avait bien sûr des Français, mais il y avait aussi beaucoup d’étrangers. Dans nos rangs, il y avait 36 nationalités".

À lire aussiSur la trace des combattants étrangers tombés dans le maquis du Vercors

Originaire de Villard-de-Lans dans l’Isère, il prend part à la Résistance dès l’âge de 15 ans en suivant son père et plusieurs membres de sa famille : "J’ai perdu pendant la guerre deux oncles, des cousins et des camarades de 16 ou 17 ans". Il y a quelques semaines, Daniel Huillier a participé aux cérémonies rendant hommage aux maquisards du Vercors. Il est attristé par la situation actuelle : "C’est dramatique ce qu’il se passe. On est dans la mouise".

Pour lui, beaucoup de Français "ont mis un bulletin comme ça parce que nos dirigeants ne savent pas où ils vont". Même s’il estime ne pas avoir "d’ordre à donner aux gens", il regrette que ceux qui votent pour l’extrême droite "ne pensent pas aux conséquences". Lui qui a échappé de peu à la terrible répression du maquis du Vercors reste toutefois optimiste : "Il ne faut pas désespérer. On va s’en sortir. Il faut qu’il arrive malheureusement des choses comme cela pour que les gens commencent à réfléchir".

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