On ne cherche pas à disparaître mais juste à souffrir : Roschdy Zem se confie sur son combat contre la dépression
Roschdy Zem
Un rôle à la hauteur de son talent. Dans le film Elyas de Florent-Emilio Siri, en salles mercredi 3 juillet 2024, Roschdy Zem incarne un ancien soldat des Forces spéciales, devenu garde du corps pour Nour, 13 ans, et sa mère Amina, venues du Moyen-Orient et prises pour cible par un mystérieux commando. Dans le cadre de la promotion du long-métrage, l’acteur a accordé une interview à nos confrères de La Tribune Dimanche, dans laquelle il revient sur son enfance et son adolescence, particulièrement difficiles.
Premiers pas "dans les bidonvilles à Nanterre"
Né le 28 septembre 1965 à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) de parents immigrés Marocain, Roschdy Zem a vécu les premiers mois de sa vie dans des conditions extrêmement précaires, "dans les bidonvilles à Nanterre, sans eau, sans électricité".
À tel point qu’à l’âge de 18 mois, il est placé dans une famille d’accueil belge. "Le Secours catholique a proposé à mes parents de les soulager d'un enfant le temps que leurs conditions de vie s'améliorent, explique-t-il. Et c'est tombé sur moi. C'était plus facile de placer un bébé de 18 mois qu'une enfant de 4 ans".
Finalement, ses parents réussissent à obtenir un logement HLM du côté de Drancy, rapatriant de fait Roschdy Zem, à qui il a fallu du temps pour intégrer une fratrie qui a grandi sans lui. "J'avais 8 ans et connu un début de vie avant [ma famille]. (…) Mes deux frères et ma sœur me considéraient comme un extraterrestre. J'étais le seul à ne pas parler français et arabe, car ma famille adoptive me parlait en flamand et m'avait éduqué dans la culture catholique pratiquante", explique-t-il.
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Une dépression et des automutilations à l’adolescence
Une situation pas toujours évidente à vivre pour l’acteur, pour qui l’adolescence a été très compliquée. "J'étais classé parmi les enfants perdus pour la société. Mais c'est l'image que je renvoyais à l'époque, celle d'un branleur mais jamais violent, déclare-t-il à La Tribune Dimanche. Avec le recul, je réalise que j'étais dans une totale dépression. J'avais besoin de dormir, de ne rien faire. Je vais où, pour faire quoi, comment ?". Un profond mal-être qui s’est manifesté "jusqu'à faire du mal à [son] corps avec l'automutilation".
Malgré ce lot de souffrances, Roschdy Zem révèle n’avoir jamais eu "d’idées suicidaires". "Je crois que c'est ce qui distingue ceux qui se mutilent des autres. On ne cherche pas à disparaître mais juste à souffrir. Et en souffrant, je deviens organique parce que j'ai mal. C'est donc ce besoin de se sentir vivant qui est à l'opposé de toute forme de désir de mettre fin à ses jours".
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