Crue destructrice en Isère : un lac glaciaire parmi les suspects

crue destructrice en isère : un lac glaciaire parmi les suspects

Le 21 juin 2024 Le hameau de la Berarde, victime d'un phénomène de laves torrentielles, a été enseveli sous 14 mètres de boue et de rochers.

Que s’est-il passé en Isère pour qu’un hameau se retrouve enseveli sous 14 mètres d’amas de roches et de boue ? La Bérarde, «Mecque de l’alpinisme» à quelques kilomètres de la barre des Ecrins, a été rayée de la carte en quelques heures dans la nuit du 20 au 21 juin. Plus bas, le reste de la vallée du Vénéon a lui aussi connu d’importants dégâts. En cause, une crue torrentielle d’une ampleur jusque-là jugée impossible. «Ce qui s’est produit là, personne ne pouvait l’anticiper. Ce qui a changé, c’est l’éléphant dans la pièce : le changement climatique», affirme Vincent Koulinski, docteur-ingénieur en géosciences spécialisé dans les risques torrentiels en montagne, qui avait justement mené une étude sur la protection du village en 2022. «Il y a eu un cumul de phénomènes très forts», a confirmé lors d’une conférence de presse jeudi le président du parc national des Ecrins, Arnaud Murgia, aussi maire de Briançon. Et d’ajouter : la montagne «est dangereuse, elle le devient de manière différente et tout cela appelle à une prise de conscience». Comprendre ce qui a pu se passer est crucial pour anticiper les risques à venir. Près de deux semaines après la catastrophe, les hypothèses se précisent.

Sur les premières images qui ont circulé, enregistrées par les secouristes qui ont évacué une centaine de personnes in extremis, le torrent boueux en furie fait monter l’eau rapidement jusqu’aux toits des maisons. Première cause évidente, et élément déclencheur : de violents orages à partir du 20 juin. Environ 100 litres d’eau par mètre carré sont tombés en 48 heures selon Météo France, l’équivalent de deux mois de pluie localement. Sur les hauteurs, ces précipitations et une remontée subite des températures ont précipité la fonte du manteau neigeux, particulièrement épais cette année dans les Alpes. Celui-ci a libéré autant d’eau que ce qui a été généré par les pluies, indique Météo France à Libération. Tout ce liquide a ensuite dévalé les pentes, déjà gorgées d’humidité en raison de l’accumulation d’épisodes pluvieux ces dernières semaines. Les sols n’ont donc pas pu absorber le trop-plein et se sont au contraire plus facilement délités. L’eau a rejoint les cours d’eau de montagne, dont le débit était déjà important en cette saison de fonte des neiges, jusqu’à aboutir dans le torrent des Etançons, qui a emporté d’incroyables quantités de blocs de pierre jusqu’à la Bérarde, est sorti de son lit et a ainsi inondé une rive du village considérée comme à l’abri des eaux. Mais cela permet-il d’expliquer entièrement l’événement ? «En montagne, on a toujours des crues qui charrient des cailloux. Mais là, on a eu un dépôt extraordinaire à la Bérarde, c’est inédit», souligne Vincent Koulinski.

Un lac qui se formait depuis 2017

Un élément supplémentaire pourrait permettre de boucler l’équation. Lors d’un survol en hélicoptère quelques jours après la catastrophe, le service de restauration des terrains de montagne a repéré qu’un lac glaciaire plus en hauteur était désormais vide. De nombreux randonneurs l’avaient pourtant vu plein peu avant la crue. Il se classe dans la catégorie des lacs dits «supraglaciaires», situés en surface des glaciers. Ici, il recouvrait celui de Bonne Pierre, parmi les plus gros glaciers des Alpes, mais ne faisait pas l’objet d’un suivi scientifique. Les images satellite permettent cependant de faire avancer l’enquête. «Le 17 juin 2024, on voit la présence d’un lac d’environ un hectare et demi, et un autre plus petit en contrebas. Le 27 juin, le lac n’est plus visible et on constate des dégâts à l’aval du glacier avec une grande quantité de sédiments transportés», observe Antoine Rabatel, chercheur au Laboratoire de glaciologie de l’université Grenoble Alpes. Les archives satellitaires montrent que ce lac saisonnier à environ 2 600 mètres d’altitude se forme presque tous les printemps depuis 2017, et gagne petit à petit en étendue. A chaque fois, il s’est vidé à la même saison, sans générer de dégâts. Cette année, mi-juin, il mesurait 13 000 m², soit un peu plus qu’un hectare, et contenait 72 000 m3 d’eau, a calculé le géomorphologue Johan Berthet dans un post Linkedin.

Avait-il été identifié comme un danger pour les habitants de la vallée ? «Non, pas du tout», répond Fabien Arnaud, président du conseil scientifique du parc national des Ecrins. «A ma connaissance, c’est le premier exemple en France de lac de ce type qui a pu contribuer à une catastrophe. Les lacs saisonniers sont peu suivis car ils ne contiennent en général pas de grands volumes d’eau et sont capables de se vidanger tout seuls en quelques jours ou semaines», explique Antoine Rabatel. En prime, le glacier de Bonne Pierre fond moins vite que ses homologues alpins car il est recouvert d’une épaisse couche de débris rocheux. Les lacs problématiques sont d’habitude les «proglaciaires», situés à l’avant des glaciers et qui ne se vidangent pas naturellement. Ils grossissent au fur et à mesure du retrait des glaces et les roches qui les endiguent peuvent céder d’un coup, inondant la vallée en contrebas.

«La goutte d’eau qui a fait déborder le vase»

Alors, quel rôle a pu jouer le déversement du lac de Bonne Pierre pendant les intempéries ? «Il paraît peu probable que ça explique une part conséquente de la crue», relativise Fabien Arnaud. La durée de l’événement, étalée sur neuf heures, indique qu’il n’y aurait pas eu de rupture brutale du lac mais plutôt une vidange progressive par un petit exutoire, poursuit-il. «Le scénario qui aurait pu se produire est celui d’une rupture subite engendrant une lave torrentielle : une vague de mélange boueux de plusieurs mètres de haut qui dévale et fracasse tout. Ce n’est absolument pas ce qui s’est produit à la Bérarde. Là, c’est typique d’une crue : les cailloux sont poussés les uns après les autres par l’eau, ce qui explique pourquoi les maisons de la Bérarde sont ensevelies mais pas détruites», abonde Vincent Koulinski.

Le lac n’a certes pas eu le rôle principal dans cette histoire, mais il a pu être «la goutte d’eau qui a fait déborder le vase» et donc être un facteur «aggravant», ajoute l’expert. Si le volume d’eau ajouté à la crue n’est pas significatif, le déversement du lac aurait permis au débit du torrent principal d’être suffisamment puissant pour transporter une grande quantité de blocs de pierre jusqu’à la Bérarde.

«Face à cet événement, toute la définition du vivre en montagne est questionnée», pointe Fabien Arnaud. La saison s’annonce compromise dans ce secteur, dont l’économie s’est construite autour de l’alpinisme. Le scientifique relève aussi «qu’il y a eu des tendances à une urbanisation de plus en plus proche du lit majeur, ce n’était peut être pas une bonne idée» et avertit qu’envoyer des pelleteuses pour enlever les pierres dans les cours d’eau serait contreproductif. Mieux vaut laisser faire la nature. «Il faudra reconstruire et adapter, penser les choses différemment», a de son côté estimé le président du parc, qui appelle l’Etat à débloquer une aide d’urgence. Cet événement ravive aussi les inquiétudes de l’autre côté de la barre des Ecrins, dans des zones encore plus touristiques menacées par les chutes de pierre, avalanches et crues. Un parking fréquemment inondé va être déplacé. «On entre dans une nouvelle ère par rapport aux risques naturels. Dans certaines zones, c’est devenu ingérable, il faut refaire les routes, les collectivités n’y arrivent plus, alerte Vincent Koulinski. Tôt ou tard, il faudra abandonner des territoires de montagne.»

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