Pierre Le Coq, aux Mondiaux aux Canaries : « J'ai eu besoin de faire un break »
Pierre Le Coq avait dû prendre du poids pour répondre aux exigences de sa nouvelle planche. (B. Le Bars/L’Équipe)
Après une pause de plusieurs mois, Pierre Le Coq participe à partir de lundi aux Mondiaux d’iQfoil aux Canaries. Le médaillé de bronze à Rio ne supportait plus le poids qu’il avait dû prendre, après 2021, pour répondre aux exigences de la nouvelle planche qui nécessite d’être plus lourd qu’en RS : X.
Sur les quais de la Marina Rubicon à Lanzarote, Pierre Le Coq fait un peu figure de revenant. En mai dernier, dans la foulée du Championnat d’Europe, le médaillé de bronze aux JO de Rio en RS : X (non sélectionné pour Tokyo) avait décidé de mettre sa préparation sur pause. En cause, la transformation de son corps et le poids pris pour répondre aux spécificités de l’iQfoil, la nouvelle planche olympique « volante » choisie pour Paris 2024. « Pour comprendre, il faut imaginer qu’avec le foil, la planche fonctionne un peu comme un avion sous l’eau, explique Le Coq. Plus il accélère, plus il a envie de sortir de l’eau. D’où la nécessité d’avoir le poids suffisant pour le contraindre et qu’il reste sous l’eau. »
«Â Quelqu’un de léger, à 50 km/h, ne pourra plus contrôler son foil. À l’inverse, quelqu’un de lourd va pouvoir aller à 60 km/h et le contrôler. C’est purement physique. Le champion du monde fait 100 kilos, moi je suis à 85, après être monté à 90, mais les mecs du top 5 font tous autour de 95-100 kilos. On est vraiment passés à un autre sport ! » Face à ce constat, le véliplanchiste s’interrogeait, doutait de plus en plus au printemps dernier. « Je sentais que j’arrivais à bout, raconte-t-il. Le corps et la tête ont dit non à ce schéma de performance de l’iQfoil qui nécessite d’être très lourd. J’ai dû prendre jusqu’à 16 kilos et cette prise de masse s’est faite en un temps record, en quelque six mois. Je me forçais à manger du matin au soir, cinq repas par jour. »
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«Â Cela a été brutal, comme pour d’autres issues de la RS : X, mais peut-être encore plus à mon âge, 34 ans. Modifier son corps à ce point, c’est violent. Je me sentais fatigué, plus forcément en bonne santé, poursuit l’athlète, chirurgien-dentiste de profession, qui a ouvert son cabinet à Daoulas, près de Brest, en janvier 2022. J’ai eu besoin de faire un break, de me ressourcer pour faire du sport pour le plaisir, Je me disais que l’iQfoil n’était peut-être pas pour moi. »
À l’automne, il ressent malgré tout le besoin de renouer avec la régate, « ce pour quoi [il fait] de la planche depuis tout ce temps ». Il commence à renaviguer en octobre, après avoir perdu un peu de poids. « Je me dis alors que si j’arrive à suivre et à ne pas être trop largué, je reprends, précise-t-il. Cela a été le cas. » De retour sur l’eau, il souligne l’ambivalence liée à cette nouvelle planche. « D’un côté, tu vis mal la prise de masse. De l’autre, tu sais que c’est un support incroyable, magique, et que c’est l’évolution du sport. Quand tu prends des départs en flotte en vol à 25 noeuds, l’adrénaline est là. Les prises de décision dans ces conditions doivent être ultra rapides, c’est un autre monde. Le sport est vraiment dingue ! »
À l’aube d’attaquer les premières manches des Mondiaux, lundi, Le Coq ne figure pas dans les favoris. « Je suis outsider, une position que j’aime bien et qui me permet d’arriver sans pression, observe-t-il. Mais en iQfoil, où la hiérarchie est souvent bousculée, je me dis que tout est possible, même s’il y a un solide top cinq dans lequel est Nicolas (Goyard). » Quant à la course à la sélection pour les JO, il sait qu’il faudrait « sortir un très gros coup » pour menacer Nicolas Goyard, leader de l’iQfoil tricolore et vainqueur du Test Event en juillet dernier à Marseille.
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