Migrants : la Pologne demande des explications sur le renvoi sur son sol d’une famille afghane par la police allemande
Le Premier ministre polonais Donald Tusk photographié le 15 avril. REUTERS/Kacper Pempel.
Ni plus ni moins une « violation des principes de coopération régissant le transfert de personnes », selon la Pologne. Le Premier ministre Donald Tusk a indiqué lundi qu’il allait aborder avec son homologue allemand Olaf Scholz la question d’un incident « inacceptable » au cours duquel, selon Varsovie, les policiers allemands ont conduit une famille d’origine afghane du côté polonais de la frontière et l’ont abandonnée sur un parking. Le Tagesschau, le journal télévisé de référence en Allemagne, donne, lui, une version quelque peu différente avec le témoignage des forces de l’ordre.
Selon les images publiées par le site internet local d’informations Chojna24.pl, reprises par des médias nationaux, une camionnette de la police allemande est entrée vendredi matin sur le territoire polonais et a déposé sur un parking à Osinow Dolny (ouest) cinq étrangers, deux adultes et trois enfants. Selon les témoins cités par le site, la camionnette est aussitôt repartie en Allemagne. Les étrangers ont été par la suite pris en charge par la police et les garde-frontières polonais ont été alertés par les passants.
«Ã‚ Dans un instant, je parlerai avec le chancelier Scholz au sujet de l’incident inacceptable impliquant la police allemande et une famille de migrants, de notre côté de la frontière », a écrit Donald Tusk sur X. « L’affaire doit être élucidée en détail », a-t-il ajouté.
Lundi dans la journée, les gardes-frontières ont indiqué avoir contacté la partie allemande « pour clarifier les circonstances de l’incident ».
L’action menée par la police allemande a eu lieu « en violation des principes de coopération entre les deux services et de la loi régissant le transfert de personnes », ont-ils affirmé sur X, soulignant que « les services allemands ne peuvent pas prendre de telles décisions de manière arbitraire ».
Le vice-ministre polonais de l’Intérieur Czeslaw Mroczek a déclaré, pour sa part, que son pays n’allait « pas tolérer ce genre de démarches ». « Tout doit se faire dans le respect de la loi et des procédures », a-t-il insisté, cité par l’agence PAP. Les responsables de la police des deux pays doivent discuter de cette affaire mardi.
Des contrôles rétablis durant l’Euro 2024
Du côté allemand, la police fédérale a indiqué que, dans le cadre des contrôles aux frontières intérieures temporairement réintroduits pendant l’Euro 2024 de football, les agents ont arrêté une famille afghane de cinq personnes près d’Altmädewitz dans le Brandebourg, selon le Tageschau.
La famille disposait de certificats d’asile polonais pour les adultes et de cartes d’identité polonaises pour les enfants et ne demandait pas asile dans la patrie de Goethe. Elle n’avait donc aucune raison d’y séjourner. D’après le média allemand, les gardes-frontières polonais ont été informés via le Centre commun de Swiecko que les ressortissants afghans allaient leur être remis.
«Ã‚ Comme il n’y a eu aucune réponse du côté polonais pendant plusieurs heures, (…) les fonctionnaires ont décidé de conduire la famille avec une patrouille jusqu’àla frontière germano-polonaise » , rapporte le journal télévisé. Les policiers ont ensuite conduit les enfants qui ne se sentaient pas bien jusqu’àla pharmacie de la ville d’Osinow Dolny, en Pologne. Et fâcheux concours de circonstances, la mère des enfants avait oublié son téléphone portable au poste de police allemand où elle est retournée avant fédérale d’être ramenée en Pologne auprès des siens.
Quoi qu’il en soit l’incident sera abordé lors d’une rencontre du ministre polonais de l’Intérieur Tomasz Siemoniak avec son homologue allemande Nancy Faeser, selon le porte-parole du ministère polonais.