Législatives: la réforme des retraites remise en question par les oppositions
Haro sur la réforme des retraites d'Emmanuel Macron: le RN comme le Nouveau Front Populaire souhaitent l'abroger, comme l'ont expliqué Eric Coquerel (LFI) et Jean-Philippe Tanguy (RN) sur le plateau de BFMTV. Les deux oppositions ont opposé leurs méthodes pour chiffrer et compenser les pertes potentielles issues par l'abrogation.
L'extrême-droite, d'abord, se veut patiente sur le processus, pour ne pas compliquer le procédé en pleins Jeux Olympiques.
Elle sera abrogée à l’automne après consultation des partenaires sociaux, aucun gouvernement ne peut arriver en pleins JO pour mettre la pagaille", a défendu Jean-Philippe Tanguy.
Il a évoqué les "coûts cachés" de la réforme portée par Emmanuel Macron, qui, en repoussant l'âge de départ, a envoyé des salariés vers l'invalidité, ce qui aurait généré 3 milliards de dépenses supplémentaires par an. "L’efficience économique n’est pas la cruauté sociale", relève le représentant du Rassemblement National.
Il défend un retour en arrière chiffré à 9 milliards, compensé par l'augmentation des carrières longues - en envoyant des jeunes plus tôt sur le marché du travail - et par "un rétablissement de la productivité". La baisse de la productivité, observée par les économistes, étant un phénomène encore mal compris, dépendant de l'efficacité globale des facteurs de production (travail et capital, technologie).
Éric Coquerel, Roland Lescure et Jean-Philippe Tanguy lors du débat organisé par BFMTV le lundi 17 juin, sur le programme économique des trois blocs face à face lors des élections législatives
"Démagogies"
La gauche se veut encore plus ambitieuse: non seulement Eric Coquerel souhaite une abrogation rapide ("plus on va vite, plus ce sera facile", explique-t-il) et ne juge pas la situation financière catastrophique. Le retour à 62 ans demande 20 milliards d'efforts, qui pourront être financés par l'augmentation des cotisations sociales de 0,8 point, ou par la mise en place de cotisations sur les dividendes, défend-il.
Eric Coquerel a aussi confirmé que le NFP souhaitait revenir à une retraite à 60 ans, financé grâce à un contexte de croissance :
En comptant sur les effets macroéconomiques, les rentrées de cotisations et de fiscalité supplémentaires liées aux emplois créés et à l'augmentation des salaires, on se donnera mandat de passer à 60 ans quand les conditions macro-économiques le permettront. La retraite à 60 ans, c’est le double de ce que coûterait le repassage à 62 ans, soit 50 milliards d'euros. On financera cela grâce au choc de la demande créé", a détaillé l'ancien Président de la commission des Finances de l’Assemblée.
Des propositions balayées par Roland Lescure (Renaissance): "On a deux démagogies qui s'opposent. La réalité, c'est que j’aurais préféré qu’on se passe de la réforme. Personne n’a envie de travailler plus longtemps, mais il faut financer la hausse de l'espérance de vie. Notre système sera le seul par répartition à être équilibré."