Entre le RN et LFI, « je voterais pour le RN » : les propos de l’historien Serge Klarsfeld font réagir
Serge Klarsfeld, avocat et historien, ici en décembre 2021. AFP/ Ludovic Marin
Son choix est fait. En cas de duel entre un candidat de La France insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN), Serge Klarsfeld, historien et grand défenseur de la cause des déportés juifs de France, a affirmé ce samedi sur LCI qu’il n’aurait « pas d’hésitation » à « voter pour le RN ». « Le RN soutient les juifs, soutient l’État d’Israël. C’est normal qu’entre un parti antisémite et un parti pro juif, je vote pour un parti pro juif », a expliqué le fils de déporté juif au micro de Darius Rochebin.
Celui qui avait jugé la présence du RN « tout à fait positive » à la marche contre l’antisémitisme en novembre dernier estime cette fois que l’extrême droite considère « après une longue évolution, les juifs comme positifs ». « Le Rassemblement national a fait sa mue. » A contrario, Serge Klarsfeld juge que l’ « extrême gauche » est sous l’emprise de LFI « avec des relents antisémites et un violent antisionisme ».
Toutefois, Serge Klarsfeld est loin d’appeler à voter pour le RN. « Je voterai pour un parti du centre », a-t-il déclaré en mentionnant celui « du président de la République ». « Je considère que le Nouveau Front populaire est un ennemi politique et que le Rassemblement national est un adversaire politique. » Fin mai, il avait affirmé que le RN était « progressivement entré dans le cercle des partis républicains », même s’il assurait qu’il ne voterait pas pour ce parti aux européennes.
Le Pen salue, Bompard « choqué »
Des propos salués par la cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, sur X (ex-Twitter), citant un extrait où Serge Klarsfeld dit « faire confiance aux Français ». Selon elle, « l’hommage au peuple français de cette grande conscience et gardien de la mémoire de la Shoah qu’est Serge Klarsfeld, nous rappelle que même si le chemin de nos choix électoraux peut diverger, il est un moment où il faut se retrouver pour refuser ce terrible péril porté aujourd’hui par une gauche ». « Le vrai danger pour la France, c’est l’alliance des extrêmes gauches », a renchéri le président contesté de LR Éric Ciotti.
À gauche, le coordinateur national de LFI Manuel Bompard a estimé ce dimanche sur BFMTV que Serge Klarsfeld faisait preuve d’une « perte de valeurs et de repères ». « Considérer aujourd’hui que le Rassemblement national serait plus acceptable que le Nouveau Front populaire me choque », a-t-il insisté en y voyant « le résultat d’une forme de dédiabolisation (du RN) dans laquelle Emmanuel Macron porte une responsabilité ». « Notre combat contre l’antisémitisme, contre le racisme et contre l’islamophobie est au cœur de nos engagements. (Serge Klarsfeld) se trompe et devrait se ressaisir. »
Le président du MoDem François Bayrou s’est pour sa part contenté de parler de personnes « qui peuvent renier leurs engagements ». « Il y a des gens qui abandonnent. J’admire ceux qui résistent » à la montée des extrêmes, a-t-il affirmé.
Pour l’heure, ni le grand rabbin de France Haïm Korsia ni le président du Crif Yonathan Arfi n’ont réagi. Le 26 mai, Haïm Korsia s’était lui montré critique quant au programme du RN qui vise aussi, selon lui, le culte juif, notamment « l’interdiction des signes religieux dans l’espace public ». « Tout système de rejet de qui ce soit est contraire à l’esprit de la République », avait-il affirmé. Yonathan Arfi avait appelé pour sa part le 11 juin LR à ne pas faire s’associer avec le RN. « Une telle alliance serait une trahison des valeurs fondamentales de la droite républicaine ! Un choix indigne et dangereux », avait-il taclé sur X.