“Accepter Becoming Karl Lagerfeld, c’est comme faire six fois un film” : la costumière de la série raconte

Il n'avait pas encore eu le droit à son biopic, c'est désormais chose faite. Plus de cinq ans après sa disparition, le Kaiser est portraituré dans la série Becoming Karl Lagerfeld, disponible dès ce 7 juin sur Disney+. Une plongée dans les années 1970, prémices de la carrière du couturier, et prétexte à toutes les extravagances vestimentaires. Une aventure stylistique que nous raconte Pascale Chavanne, costumière attitrée de la série.

Le marathon des séries consacrées aux couturiers continue. Après Cristóbal Balenciaga et Christian Dior, c'est au tour de Karl Lagerfeld de rentrer dans l'arène du streaming. Le créateur allemand est au cœur de l'intrigue de Becoming Karl Lagerfeld, nouveau bébé signé Disney+, sorti ce 7 juin. Adapté librement de la biographie Kaiser Karl de la journaliste Raphaëlle Bacqué, la série prend comme point de départ l'année 1972. Karl Lagerfeld n'est alors qu'un styliste de prêt-à-porter de 38 ans inconnu du milieu. Bien avant de choisir un catogan pour seul uniforme, ce dernier imagine un autre costume de travail. La décennie 1970, apogée des boîtes de nuit et du mouvement hippie, est celle des tailleurs de toutes les couleurs, portés sur des chemises formalisées par des cravates.

Un souci de l'élégance que Pascaline Chavanne, en charge de la supervision et de la création des costumes, a tenu à retranscrire dans les six épisodes que compte la série. Celle qui a remporté deux César pour ses créations dans les films Renoir et J'accuse a passé en revue près de 3000 costumes. Les personnages de Karl Lagerfeld (Daniel Brühl) et de Jacques de Bascher (Théodore Pellerin) totalisent à eux seuls 40 costumes chacun. Car à la sophistication de Karl Lagerfeld répondait celle de son amant, dandy parisien aux costumes trois pièces bien repassés. Des looks puisés autant dans l'atelier de couture de la costumière que dans les archives de Chloé. Une épopée fascinante, vitrine de la mode d'une époque révolue, que décrypte Pascaline Chavanne pour Bazaar. Entretien.

Harper's Bazaar : Vous avez travaillé pour les films 8 Femmes et Mon Crime de François Ozon ou encore Annette de Leos Carax. En quoi votre préparation a-t-elle été différente pour Becoming Karl Lagerfeld

?

Pascaline Chavanne

: Accepter une série aussi dense que Becoming Karl Lagerfeld, c’est comme faire six fois Mon Crime ou quatre fois Annette. La charge de travail est absolument plus conséquente. 160 looks sont sortis de nos ateliers de fabrication pour les rôles et nous avons fait 3000 essayages avec les figurants, ce qui implique des équipes plus nombreuses. À part cela, je ne pense pas que la préparation de la série a été différente de celle des films sur lesquels j’ai travaillés. Je m’investis de la même manière sur tous mes projets en commençant par me documenter énormément.

Travailler sur une série sur une personnalité de la mode change-t-il quelque chose dans votre approche ?Après avoir fait de nombreuses recherches sur l’univers de Karl Lagerfeld et celui de la vie parisienne dans le milieu de la mode des années 1970, il était très important de m’en émanciper pour créer l’univers propre de la série. Il s’agissait de ne pas me laisser impressionner par le Kaiser pour travailler sereinement. Comme sur tous les sujets que j'ai touchés au cours de ma carrière, nous avons cherché à être le plus respectueux possible. Cela ne veut pas dire copier à l’identique mais plutôt retrouver l’âme du personnage et ne pas la trahir. Je me dois également de tenir compte de l’acteur qui interprète le rôle : Daniel Brühl n’est pas Karl Lagerfeld. C’est la rencontre entre un acteur et son personnage qui oriente mes choix mais aussi l’intention du scénario, la vision du réalisateur. Il s’agit bien d’une fiction et non d’un documentaire.

“accepter becoming karl lagerfeld, c’est comme faire six fois un film” : la costumière de la série raconte
Daniel Brühl dans la peau de Karl Lagerfeld dans la série “Becoming Karl Lagerfeld”. Disney+

Comment se sont passées les recherches pour vous approprier le style de Karl Lagerfeld et des autres personnages qui gravitent autour de lui ? Nous avons eu une très belle collaboration avec la maison Chloé et son équipe du patrimoine. Nous avons mené des recherches très précises d’après les archives photos, les descriptifs des défilés de l’époque et quelques pièces authentiques. Tout cela nous a permis d’élaborer la gamme couleur et les motifs pour, dans un second temps, imprimer les étoffes du défilé avant la coupe et la fabrication faite dans nos ateliers. Ma démarche est la même pour chaque personnage. Notre histoire s’arrêtant en 1982, date à laquelle Karl Lagerfeld est nommé directeur artistique de la maison Chanel, nous n’avons pas eu à collaborer avec cette dernière.

Quel était votre souci d’exactitude ? Vouliez-vous coller à tout prix à la fidélité historique ?Notre souci d’exactitude est constant et nous commençons toujours par faire des recherches dignes d’un travail d’historien. J’ai absolument besoin de connaître la réalité historique pour pouvoir m’en émanciper en connaissance de cause et pour créer le propre univers notre histoire, tout en tenant compte des spectateurs à qui nous nous adressons. Il s’agissait ici de construire un écrin autour du futur grand créateur en devenir et de montrer à quel point il s’en inspire dans ses créations. Par exemple pour le défilé Chloé, nous avons essayé d’être le plus proche possible de la réalité.

De quoi était constitué votre moodboard pour chaque personnage ?Mon moodboard est un recueil iconographique divers composé de croquis, de gammes de couleurs, de photos d’art, de mode et d’actualité, de photos plus intimes de chaque personnage ayant existé mais aussi des acteurs qui vont les incarner, de captures d’écran de documentaires de l'INA, de films, d'échantillons de tissus... Je puise mon inspiration aussi à travers la lecture de livres comme Beautiful people d’Alicia Drake et Éloge de la chute, recueil de photographies et de textes de Philippe Heurtault, grand ami de Jacques de Bascher. Un moodboard, c’est très vaste et personnel.

“accepter becoming karl lagerfeld, c’est comme faire six fois un film” : la costumière de la série raconte
Un aperçu des moodboards des personnages de “Becoming Karl Lagerfeld”. Disney+

Quelle vision des vêtements de Karl Lagerfeld aviez-vous avant le projet ? A-t-elle été modifiée depuis ?Si l’on parle des vêtements qu’il portait, je connaissais avant tout le Karl Lagerfeld médiatique, l’icône qui revêtait un uniforme qu’il ne quittait jamais. Mais ce n’est pas ce Karl là que nous montrons dans la série mais celui qui se cherche, qui est en devenir. Celui dont Karl lui-même a cherché à brouiller l’existence et à effacer les apparences. Même si très tôt une esthétique apparentée aux hommes du XIXe siècle se ressent, ce n’est que bien plus tard qu’il abandonnera les couleurs au profit du noir et blanc. Souvent on me disait que le rôle de Karl Lagerfeld était facile à habiller car il n'y avait qu'un costume à faire. Sauf que c’est totalement faux car les années 70 ont été le foisonnement des formes et des couleurs.

Concernant ses créations, je n’avais pas une vision très définie. Le fait de travailler pour tant de maisons différentes l’a obligé à créer, à renouveler, à innover sans cesse de nouveaux modèles. Karl Lagerfeld ce n’est pas un style mais des styles.

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Daniel Brühl alias Karl Lagerfeld et son goût pour les tailleurs, dans “Becoming Karl Lagerfeld”. Disney+

Quel personnage de l’entourage de Karl Lagerfeld était le plus fun à habiller ?C'était sans conteste la journaliste de mode Anna Piaggi. Originale et fantasque, elle s’est créée des looks excentriques avec des pièces chinées aux puces qu’elle associait à des pièces couture. Une véritable œuvre d’art ! Et j’ai fait la même chose qu’elle pour habiller son interprète Carmen Giardina : je suis allée chiner aux puces de Saint-Ouen et chez des fripiers vintage parisiens.

Ce projet vous a-t-il fait grandir dans votre métier de costumière ?Il m’a confirmé que les idées viennent en travaillant. Pour une créatrice de costume, travailler sur un créateur de mode, c’est en quelque sorte une mise en abyme.

Becoming Karl Lagerfeld, disponible sur Disney+ depuis le 7 juin 2024.

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