L’amour secret d’Eva Braun, la maîtresse de Hitler
L’amour secret d’Eva Braun, la maîtresse de Hitler
Qui était vraiment Eva Braun ? Décrite tantôt comme une poupée écervelée, une jeune ambitieuse prise dans une liaison qui l'a vite dépassée ou même encore une femme sous l'emprise du Führer, sa vie intime et tragique n'a cessé d'être décortiquée. Un nouveau témoignage apporte un éclairage inédit sur ses sentiments et sa personnalité : celui de Christa Schroeder, qui fut l'une des quatre secrétaires privées d'Adolf Hitler, mais l'une des plus anciennes à son service de 1933 à 1945, et dont les Mémoires sont enfin publiés en français ? « C'était mon chef », aux éditions Perrin.
Un chapitre entier est consacré à Eva Braun, que Schroeder croise pour la première fois au Berghof, la tanière de Hitler, en 1933. Voilà deux ans que la jeune femme est entrée dans la vie de Hitler, juste après le suicide de Geli Raubal, la nièce et première passion secrète du Führer.
Ce dernier a croisé Eva, de 23 ans sa cadette, dans le studio de son photographe officiel Hoffmann, pour lequel elle travaille comme assistante. « Extérieurement douce, blonde et féminine, elle possédait beaucoup d'énergie et de volonté », écrit la secrétaire du dictateur.
Chantage
Mais elle la dépeint surtout comme une intrigante qui « tisse sa toile » : en 1932, Eva fait une tentative de suicide à son tour, ce qui ne manque pas de surprendre Hitler. Selon Christa Schroeder, lors des retrouvailles avec le Führer, la jeune femme prit soin de se maquiller « pour qu'elle apparût en détresse » et « toute pâle ».
«Ã‚ Hitler était persuadé de ne lui avoir donné aucune raison qui justifiât son acte. Mais la pensée qu'une fois encore le suicide d'une jeune fille pourrait jeter une ombre sur lui était insupportable en considération de sa carrière politique, écrit-elle. Eva avait parfaitement compris cela avec une perspicacité toute féminine. Hitler n'eut plus d'autre choix, après ce chantage, que de s'occuper d'Eva Braun. »
À LIRE AUSSI Hitler : dans l'intimité du monstre
En réalité tout les oppose : elle fume, danse, aime rire et bien manger, se maquille? Bref, tout ce qu'il réprouve. Jusqu'à leurs chiens puisque Eva possède deux Scottish terriers, Stasi et Negus, que le dictateur ? qui ne jure que par les bergers allemands ? surnomme « les balayettes ». Mais Hitler aime s'entourer de belles femmes et Eva n'est pas contrariante? En revanche, elle reste toujours dans l'ombre : pas question d'officialiser leur relation, le Führer doit officiellement se consacrer entièrement à son peuple. « Elle ne fut pas grand-chose, mais s'en contenta », résuma Hans Baur, le pilote de Hitler.
Hermann Fegelein, le séducteur
Mais l'assistante Schroeder va plus loin : quelque peu délaissée, Eva aurait eu un vrai coup de foudre pour Hermann Fegelein, l'officier de liaison de Himmler, un SS sans état d'âme connu pour sa cruauté qui rêve d'être invité à déjeuner au Berghof. Ambitieux et séducteur, il fait « grande impression » auprès de la maîtresse de Hitler, si l'on en croit ses propos rapportés par la secrétaire. « Il y a quelques années, le Chef [Hitler, NDLR] a dit : ?Si tu dois tomber un jour amoureuse d'un autre homme, fais-le-moi savoir et je te rends ta liberté.? Si j'avais rencontré Fegelein dix ans plus tôt, j'aurais prié le Chef de me laisser partir ! »
Eva va alors man?uvrer pour qu'il épouse sa propre s?ur Gretl, qu'elle avait tenté de caser jusqu'alors avec des hommes de l'entourage de Hitler. Fegelein accepte, il voit l'avantage à intégrer le premier cercle du pouvoir et les noces se déroulent le 3 juin 1944, suivies d'une réception dans le nid d'aigle qui surplombe Berchtesgaden. « Je voudrais que ce mariage soit aussi merveilleux que si c'était le mien ! » confie alors la maîtresse du Führer.
Fine mouche, la secrétaire décèle vite leur complicité, notamment quand il leur arrive de danser ensemble. « Je me souviens d'une image inoubliable que j'ai gardée au fond de mes yeux. À la fin d'une danse, Fegelein souleva Eva de ses deux bras à hauteur de poitrine, et tous les deux se regardèrent avec des yeux pleins de tendresse et de mélancolie. Eva se sentait à l'évidence très attirée par Fegelein. Je suis convaincue que ses sentiments envers lui allaient bien au-delà de ceux qu'on a pour un beau-frère, mais je ne crois pas qu'ils aient eu une relation. »
Fuir ensemble ?
En février 1945, ils se retrouvent dans la chancellerie de Berlin, alors que le IIIe Reich agonise. Tous deux passent souvent du temps ensemble autour d'un verre et du phonographe, luttant contre « les sentiments passionnels trop envahissants qui les attiraient l'un envers l'autre ». Et quand Fegelein projette de s'enfuir, il propose à Eva de le rejoindre. « Le fait que, après avoir déserté son poste à la chancellerie du Reich en avril 1945, Fegelein téléphona à Eva Braun et l'implora de ?quitter la chancellerie et de venir le retrouver? corrobore mes suppositions et observations », écrit Christa Schroeder. Eva refuse et Fegelein est abattu pour trahison sur ordre de Hitler.
À LIRE AUSSI Les derniers jours de Hitler dans son bunker
Entre-temps, elle a appris que son beau-frère a été appréhendé en compagnie d'une femme dans son appartement berlinois. Le chagrin et l'amertume l'auraient ainsi poussée à accepter d'en finir à son tour? « Sa décision de mourir aux côtés de Hitler fut assurément bien plus facile à prendre en sachant que Fegelein était mort », conclut la secrétaire du Führer.
Partie quelques jours avant le suicide de Hitler et d'Eva Braun, Christa Schroeder trouva finalement refuge à Berchtesgaden et finit capturée par les Américains, qui vont évidemment l'interroger comme témoin clé. Internée puis jugée comme simple sténotypiste, elle fut libérée en 1948.