« Le travail a payé » : présélectionnée, Cléopâtre Darleux espère disputer les Jeux avec les Bleues du handball
Cléopâtre Darleux est de retour dans la liste des préselctionnées pour les Jeux. Elles sont quatre gardiennes dans la liste. Au final, il n'en restera que deux. Icon Sport/Baptiste Fernandez
Coucou, la revoilà ! La 200e et dernière sélection de Cléopâtre Darleux en équipe de France remonte à novembre 2022. C’était pour la petite finale perdue d’un Euro frustrant. Durant ces 18 derniers mois, la gardienne de but des championnes olympiques à Tokyo a été victime de commotions cérébrales qui l’ont tenue éloignée des terrains pendant bien longtemps. Avec Brest, son club, elle est revenue au jeu en mars après des mois de doute et de souffrance invisible. La voilà qui revient maintenant aux Jeux.
La championne du monde 2017 fait partie de la présélection et d’une liste élargie de 21 joueuses qui entameront la préparation olympique le 12 juin à Capbreton. À la fin, il n’en restera que quatorze. Aujourd’hui, elles sont quatre gardiennes présélectionnées : Laura Glauzer (Bucarest) ; Hatadou Sako (Metz) les deux championnes du monde ; Floriane André (Nantes) et elle. Le 5 juillet, il n’en restera que deux dans la liste définitive. Et Cléopâtre Darleux, non conservée par Brest et qui doit aussi chercher un nouveau club ou prendre la décision d’arrêter sa carrière, espère bien en être.
Comment avez-vous appris que vous figuriez dans la présélection olympique ?
CLÉOPÂTRE DARLEUX. Je l’ai su avant que la liste sorte. On échange beaucoup avec Olivier (Krumbholz, le sélectionneur) et il m’avait déjà fait part il y a quelque temps de la possibilité que j’y sois. Il me l’a confirmé quelques jours avant. Je ne l’ai donc pas appris en découvrant les noms.
Comment avez-vous réagi à cette annonce ?
Au début, j’ai été agréablement surprise qu’il change d’avis parce que ce n’était pas gagné. Je n’ai pas beaucoup de temps de jeu avec mon club et ma présence n’avait rien d’évidente. C’est le premier sentiment que j’ai eu. Après, il a vu que j’étais en forme même sans jouer beaucoup. Au final, je prends cette présélection avec beaucoup de joie parce que c’était un objectif. C’est une première grande satisfaction, une petite victoire pour moi. Mais je ne suis pas euphorique non plus : je continue à travailler pour aller plus loin que cette liste de 21 filles choisies.
Durant ces 18 mois de convalescence, aviez-vous perdu espoir de ne pas être présélectionnée ?
Ça a été compliqué car je me rendais compte que plus on avançait, plus la route se rétrécissait. J’ai néanmoins conservé ma ligne directrice qui se résume par le travail. Même si je ne jouais pas, ce qui n’était pas facile à vivre pour une athlète professionnelle, je faisais jour après jour ce que j’avais à faire. J’ai pris chaque entraînement comme si c’était un match en étant au taquet tous les jours. C’était ma seule arme et au final, ça a payé.
Vous sentez-vous dans les conditions de santé optimales pour défendre vos chances de sélection définitive ?
Je ne peux pas dire que je suis dans cette condition optimale puisque ma préparation n’a pas été la même que les autres. Mais je fais avec ce que j’ai. Je pense que physiquement, je suis bien, mentalement aussi. Tactiquement, je n’ai rien perdu. Je me sens bien sur le terrain, je retrouve mes sensations en match au fur et à mesure, ça me fait du bien même si j’ai encore besoin de plus de temps de jeu. En tout cas, je me sens prête à attaquer la préparation. Et je vais m’y donner à fond, c’est la seule chose que je puisse faire.
Avez-vous peur, sur le terrain, d’un nouveau choc qui pourrait conduire à une nouvelle commotion ?
Je n’ai pas d’appréhension, je n’en ai jamais eu en match. Mais il y a deux choses différentes : la peur du ballon sur le terrain et l’appréhension de me dire avant « M.., si je prends un ballon dans la tête, ça craint ». Dans les buts, je n’ai pas peur. Il n’y a pas de changement dans mon attitude de gardienne par rapport au ballon et c’est bien. Mais je sais que pour moi, comme pour tout le monde, c’est un risque.
Durant votre absence, une nouvelle hiérarchie s’est établie avec deux championnes du monde. Comment la bousculer pour être dans les deux sélectionnées ?
Il y a un mot qui me vient : par le travail. Je dois performer à l’entraînement, être là avec le groupe, récréer du lien et des histoires communes avec les filles. Je sais où je suis aujourd’hui. Ce que je veux faire surtout, c’est me concentrer sur moi et donner le meilleur de moi-même. Après, ce sera le choix du sélectionneur.
Laura Glauzer et Hatadou Sako ne partent-elles pas avec une énorme avance sur vous ?
Il est clair que nous ne partons pas toutes à égalité pour le poste. Laura et Hatadou ont de l’avance sur les deux autres gardiennes. Il faut prendre en compte les performances de cette année, c’est normal. L’équipe a performé depuis un an et demi. Mais je pense que j’ai d’autres atouts par rapport à mon passé. Je ne pars pas plus bas que terre, je ne crois pas. J’ai joué 15 ans en équipe de France. Je suis championne du monde moi aussi et olympique. J’ai été bonne sur des matchs cruciaux et à enjeu. Sur ma dernière compèt. (l’Euro 2022), j’ai été performante. Ce sont des choses que je n’oublie pas. J’ai ces qualités et elles jouent aussi en ma faveur
Brest ne vous conserve pas ; savez-vous quelle sera la suite de votre carrière ?
J’avais envie de rester. J’ai un peu de rancœur car je n’ai pas eu d’explication sur cette décision. Mais je l’accepte même si c’est difficile. Je n’ai pas encore pris de décision pour l’après, si je continue ou si j’arrête ma carrière. J’ai des possibilités dans d’autres clubs mais je n’ai pas de réponse. C’est en attente. Si je dois m’arrêter, ça se finira toujours sur une meilleure note que si je n’avais pas du tout rejoué après les commotions et si je n’avais pas été dans la liste. Mais je le répète : aucune décision n’est prise.