Guillaume Gillet dans notre « Talk Euro » : «On ne voit pas la patte que Tedesco veut imprimer à l’équipe belge»
Guillaume Gillet, Grégory Bayet et Jean-François Remy
Avant le choc de ce lundi face aux Bleus en huitièmes de finale de l’Euro, Guillaume Gillet, tout jeune entraîneur fraîchement diplômé, aborde les thèmes qui font débat.
1. La stratégie de Tedesco avec les Diables rouges
Guillaume Gillet : « Je pensais voir les Diables démarrer ce tournoi pied au plancher. Ils se sont finalement qualifiés dans la douleur et contre l’Ukraine, on a vu une équipe belge qui ne voulait pas perdre et pas une équipe qui voulait gagner pour terminer à la première place ».
Et au sujet de l’apport du sélectionneur national, Guillaume Gillet souligne : « C’est son premier tournoi majeur. Pour lui, c’est une nouveauté et cela se voit clairement et notamment dans sa manière de gérer son groupe. Sa gestion humaine laisse à désirer. Maintenant, on lui a demandé de se qualifier et c’est chose faite. Mais on ne voit pas la patte qu’il veut imprimer à cette équipe. On a décidé de le prolonger avant l’Euro et cela me paraît surprenant sachant qu’il n’avait participé à un grand tournoi. Je reste sur ma faim. Je ne comprends pas tous ses choix. Celui d’aligner Carrasco arrière gauche dans le premier match face à la Slovaquie était aberrant. Il y a aussi le cas Trossard qui semble avoir une immunité chez les Diables rouges alors qu’il y a par exemple un joueur comme Charles De Ketelaere qui a réalisé une saison fantastique et qui n’a pas encore de temps de jeu. »
La situation de Romelu Lukaku dont le compteur reste figé à zéro but pourrait-elle peser sur le groupe ? « Romelu est un joueur clé et s’il est en perte de confiance, c’est embêtant car on joue en fonction de Kevin De Bruyne et de Romelu Lukaku. Il est clair qu’on est dépendant de sa forme et de ses buts. On a des attentes énormes le concernant vu ses statistiques et on se demande alors « Mais que se passe-t-il ? » lorsqu’il ne marque pas dans les trois premiers matches. Mais je le connais très bien et c’est quelqu’un qui est très costaud mentalement. J’espère qu’il trouvera la faille lundi ».
2. La grogne des supporters
Mécontents, les supporters belges n’ont pas hésité à siffler les Diables rouges à l’issue du partage 0-0 contre l’Ukraine. Kevin De Bruyne, le capitaine, a réagi en demandant à ses équipiers de rentrer au vestiaire. « Il faut se souvenir d’où on vient. Moi, j’ai joué dans le stade Roi Baudouin à une époque où il fallait presque payer les gens pour qu’ils viennent. Il y avait 5000-6000 personnes. Depuis, on a vécu de grandes choses et on a beaucoup d’attentes. Je pense que si on a la démarche d’aller au stade, il faut s’y rendre en bon supporter et encourager l’équipe. C’est certain que les joueurs auraient aimé gagner les trois matches et effectuer des prestations impeccables. La réaction de Kevin De Bruyne ? Je pense qu’il a voulu protéger ses équipiers car quoi qu’on en dise, je pense que les Diables ont tout donné sur le terrain, ils n’ont pas triché. »
Il est convaincu que lundi, tout sera oublié et les Diables rouges pourront compter sur le soutien des fans.
3. La France imprenable ?
«Ã‚ La France est évidemment favorite ce lundi mais je pense que ce n’est pas plus mal pour nous. En 2018, c’était plus équilibré mais ici c’est mieux d’être dans la peau de l’outsider. J’ai été interviewé par un journaliste français et c’était clair pour lui que la France était qualifiée. Donc, pourquoi pas créer la surprise et réaliser une grande première (les Belges n’ont jamais battu les Bleus dans un grand tournoi, NDLR). »
Comment aborder cette rencontre pour les Diables ? « L’important consistera à ne pas laisser d’espace dans le dos de notre défense. Les Français estiment que notre défense est hyperlente et qu’ils vont se régaler avec leurs qualités offensives. On va avoir tendance à jouer bas et on va sans doute laisser la balle aux Bleus qui sont aussi plus forts en reconversion rapide. Je m’attends à voir deux équipes ne veulent pas vraiment se découvrir. Ce sera un match assez fermé ».
L’une des grandes différences entre les deux nations est l’expérience au niveau des coaches, Deschamps face à Tedesco. « Toutes les critiques glissent sur la cuirasse d’indifférence de Didier Deschamps. Son plan est prêt pour gagner un Euro ou une Coupe du monde. De l’autre côté, il y a un jeune coach et va-t-il pouvoir gérer la pression ? c’est à voir ».
Enfin, au niveau des chances de qualification pour la Belgique, Guillaume Gillet les estime à… 30 %.