Législatives : le RN promet d'abroger la réforme des retraites « à l'automne » en cas de victoire
Le député sortant de la Somme, Jean-Philippe Tanguy a assuré que la réforme « sera abrogée à l'automne, après consultation des partenaires sociaux et économiques » (photo d'archive).
Pas tout de suite mais vite : telle est la position du Rassemblement National sur l'abrogation de la réforme des retraites. Si, bien sûr, le parti à la flamme remporte les élections législatives anticipées, dont le second tour aura lieu le 7 juillet prochain. Elle « sera abrogée à l'automne, après consultation des partenaires sociaux et économiques », a déclaré le député sortant de la Somme, Philippe Tanguy, au micro de BFMTV ce lundi.
Pour rappel, cette réforme, adoptée aux forceps en 2023, relève progressivement l'âge légal de départ de 62 à 64 ans. Une mesure contre laquelle s'affichent toujours une large majorité de Français, au gré des sondages.
Cette déclaration du député RN intervient alors que le chef de file Jordan Bardella a jugé la semaine dernière le sujet des retraites « important », mais pas « prioritaire ». Pour justifier ce délai de quelques mois, le député a affirmé qu'« aucun gouvernement ne peut arriver en place en plein pendant les JO et abroger une réforme en mettant la pagaille dans l'administration ».
Il n'est d'ailleurs pas le seul à défendre la prudence du RN au sujet de cette abrogation. « Faire machine arrière, c'est long, ça peut être coûteux et inquiétant pour les partenaires ou les investisseurs », a déclaré auprès de l'AFP ce lundi Jérôme Sainte-Marie, candidat RN aux législatives dans les Hautes-Alpes. Et d'ajouter : « Les comptes publics sont un paquebot assez lourd à manœuvrer, donc ça ne fait pas partie des choses immédiates à faire ».
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Dans le détail, le RN défend « la réforme qui avait été proposée par Marine Le Pen, à savoir que les personnes qui ont commencé à travailler tôt, avant 20 ans, sous réserve d'un certain nombre de trimestres évidemment, pourront partir avant 60 ans », a précisé Philippe Tanguy.
Ceux qui ont commencé leur carrière après 20 ans pourront, eux, partir en retraite « entre 60 et 62 ans selon les annuités réalisées ». Mais « si vous n'avez pas cotisé suffisamment ce sera toujours 65 ans », a ajouté le député sortant, avançant pour cette réforme un coût de 9 milliards d'euros.
60 ans pour tous du côté de la gauche
Cette abrogation version RN se distingue de celle prônée par le Nouveau Front populaire. L'alliance des partis et mouvements de gauche promet d'abroger la réforme Macron dès l'été. « Plus on va vite, plus c'est facile, parce qu'elle a à peine commencé à être appliquée », a justifié le député LFI sortant de Seine-Saint-Denis, Éric Coquerel, sur la même chaîne.
Chiffrant le coût du retour aux 62 ans à environ « 20 milliards d'euros en 2032 », il a estimé possible de financer cette somme en augmentant les cotisations sociales. Quant au fait de revenir à un âge légal de 60 ans, cela coûterait « à peu près le double » soit « en gros 50 milliards », ce qui se ferait « progressivement » et « aussitôt que les conditions macroéconomiques le permettront », a-t-il ajouté.
À plus long terme, le Nouveau Front populaire réaffirme dans son programme, qui comprend plus d'une centaine de mesures, un « objectif commun du droit à la retraite à 60 ans ». La question de l'âge de départ divisait pourtant encore récemment socialistes et insoumis, pas plus tard que durant la campagne des élections européennes qui ont eu lieu le 9 juin.
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Emmanuel Macron défend sa réforme
De son côté, Emmanuel Macron assume sa réforme. Il l'a encore présentée la semaine dernière, lors de sa conférence de presse expliquant ses raisons à la dissolution de l'Assemblée nationale, comme un choix qui « n'a pas été populaire » mais qui « correspond à l'éthique de responsabilité » et qui était nécessaire pour la pérennité du système. Il a ainsi rappelé le déficit du régime, légèrement revu à la hausse par le Conseil d'orientation des retraites (COR), qui l'évalue à -0,4% du PIB en 2030.
La réforme a, selon lui, permis « d'augmenter les pensions les moins élevées », et l'exécutif ne reviendra pas dessus, a assuré le chef de l'État. Et contrairement aux « rumeurs », les pensions resteront « bien indexées sur l'inflation », a-t-il promis, assurant que le pouvoir d'achat des retraités ne serait « pas une variable d'ajustement ». Revenir sur cette réforme mettrait « le système en banqueroute », a-t-il affirmé.
Selon un sondage Elabe pour La Tribune Dimanche et BFMTV, un Français sur trois souhaite une victoire du RN, un sur quatre de l'alliance de gauche et un sur cinq de Renaissance. À voir comment cela se concrétise dans les urnes, dès le 30 juin prochain, date du premier tour.
(Avec AFP)