Législatives : Sarkozy alerte sur un possible «chaos» lié à la dissolution, tance Ciotti et trouve «du talent» à Bardella
Nicolas Sarkozy, le 7 avril 2024 à Kigali, au Rwanda.
«Viendra le temps d’une expression de sa part, mais certainement pas dans ce brouhaha indigne vis-à -vis des Français»‚ annonçait mardi soir l’entourage de Nicolas Sarkozy, pour expliquer son silence depuis dimanche soir et la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. L’ancien président de la République a choisi un hebdomadaire d’extrême droite pour prendre la parole. Ce dimanche, le JDD publie une longue interview de Nicolas Sarkozy où il commente longuement la dissolution, l’alliance entre Les Républicains et le Rassemblement national voulue par Eric Ciotti et la personnalité de Jordan Bardella.
Sur le président du Rassemblement national, l’ancien président de la République souffle le chaud et le froid. Il lui trouve «du talent» et «une qualité» : il «sait maîtriser son langage». Surtout, il explique que «réduire le Rassemblement national à l’extrême droite classique est un raccourci et une facilité», estimant que le parti «a fait un travail sur lui-même». Sur quel point ? On ne le saura pas. Toutefois, il juge que «la pertinence des choix économiques du RN est clairement un sujet de profondes préoccupations». Et de pointer du doigt la jeunesse de Jordan Bardella : «Il lui reste, et c’est une grande question, à combler un manque d’expérience puisqu’il n’a jamais été en situation de gérer quoi que ce soit, et qu’il a moins de 30 ans», insistant sur le fait qu’il s’agit de «quelqu’un qui n’a pas nos idées».
«Absorption»
Car sur le fond, Nicolas Sarkozy juge que l’alliance proposée par Eric Ciotti est «d’autant plus inopportune quand la droite républicaine est si faible car il s’agit alors d’une absorption». En effet, selon lui, «s’allier au Rassemblement national aujourd’hui consiste à se mettre dans les roues d’un jeune homme de 28 ans qui, s’il réussit, ne vous laissera pas la place, et s’il échoue, vous emportera avec lui». «Etre le supplétif du RN n’est pas une ambition mais un constat de renoncement», résume-t-il.
Sur la forme, il reproche à l’actuel président de LR une décision unilatérale : «Il aurait dû soumettre aux instances dirigeantes de son parti sa conviction de la nécessité d’une alliance avec le RN et proposer aux adhérents de se prononcer par vote électronique dans un court délai.» «La question aurait alors été tranchée calmement et de façon incontestable. Il n’y aurait pas eu un déni de démocratie», ajoute l’ancien patron de la droite.
Au sujet d’Emmanuel Macron et du parti présidentiel, Nicolas Sarkozy adopte également une position ambivalente. La dissolution est «un risque majeur pour le pays […] déjà fracturé, parce que cela peut le plonger dans un chaos dont il aura les plus grandes difficultés à sortir», estime-t-il en dénonçant la «mollesse et l’indécision» de Renaissance. Ce qui n’empêche pas l’ancien président de s’engager à «voter pour un candidat qui en sera issu si celui-ci s’engage à faire partie de la majorité présidentielle». Une condition toutefois : que cette dernière «fasse preuve d’autorité». On ne se refait pas.