« C’est pas moi » de Leos Carax : l’essai transgressif et déchirant de l’héritier spirituel de Godard
«Ã‚ C’est pas moi » de Leos Carax : l’essai transgressif et déchirant de l’héritier spirituel de Godard
Godard parti, Carax éblouit. En digne héritier spirituel du mage de Rolle, le réalisateur d’« Holy Motors » nous adresse, sans crier gare, un essai de quarante minutes (d’où un tarif réduit en salle). Work-in-progress ? Film bilan ? Disons un instantané d’inspirations, soit ce que l’on a vu de plus drôle et tragique, libre et joueur, poétique et politique, durant le dernier Festival de Cannes. Leos magique, Carax Majax. Sa vie, son œuvre, leurs fantômes, les ogres du réel et les tyrans modernes, les humiliés magnifiques et les victimes ignorées, les femmes aimées, offensées, sublimées, meurtries par lui, le cinéma, ce qu’il en reste et la profonde vertu des calembours se bousculent dans cet essai aux vingt-quatre idées par minute.
La négritude de Nina Simone y rime avec la bravoure d’Isadore Greenbaum, ce juif ayant défié 20 000 Américains lors d’un rassemblement nazi de 1939 au Madison Square Garden, l’aurore du cinéma avec l’horreur de la Shoah racontée à des enfants pour les endormir (ou pour ne plus qu’ils rêvent), les cadavres d’enfants migrants échoués sur les plages européennes avec l’émigrant Charlot arrivant à New York, la magie de la lanterne avec l’obscur objet des désirs, la folie des hommes avec le « grain de la beauté » de Marilyn, Polanski avec Dupont (le vrai nom de Carax).
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Nul racolage, Carax caracole. Transgressif et déchirant. « Y a-t-il rien qui vous élève comme d’avoir été aimé par un mort ou une morte ? » y entend-on entre autres phrases belles et impuissantes. Quand ce n’est pas M. Merde alias Denis Lavant, l’alter ego histrionique du cinéaste, qui y va de ses injonctions « cacaïstes ». Pendant qu’il est trop tard, épargnons-nous la mélancolique (sic). Faut-il connaître et aimer l’œuvre de Carax pour être sensible à ce« livre d’images »jailli d’une époque qui en est gavée mais ne les comprend plus ? Peut-être, pas sûr. Une chose est certaine, ne partez pas avant la fin du générique sous peine de manquerun moment de grâce : une séquence où« Mauvais sang » meets « Annette ». Le « Modern Love » de l’enfance du septième art. Beau, oui, comme Bowie.
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