Guerre en Ukraine: dans la région de Kramatorsk, l'armée russe maintient la pression
Des militaires ukrainiens dans la région de Donetsk, le 11 juin 2024.
Une conférence de paix pour l'Ukraine, débute ce matin en Suisse dans le complexe hôtelier du Burgenstock, en présence du président ukrainien Volodymyr Zelensky. La Russie n'est pas. Sur le terrain, l’armée ukrainienne est en difficulté, la Russie est à l’offensive dans l’Est et le Nord-Est de l'Ukraine.
Avec nos envoyés spéciaux à Kramatorsk, Anastasia Becchio et Boris Vichith
L’armée russe ne relâche pas la pression dans le Donbass, elle réalise même quelques lentes avancées en certains points. De l’aveu même de l’état-major ukrainien, la situation est particulièrement tendue autour de la localité de Tchassiv Iar. La prise de cette petite ville proche de Bakhmout rapprocherait les forces russes de leur objectif de prendre Kramatorsk, la principale ville de la région, qui est encore sous contrôle ukrainien.
Détruite, Tchassiv Iar est presque entièrement vidée de ses 12 000 habitants. Les Russes continuent de grignoter des positions ukrainiennes, également plus au sud, dans le secteur de Pokrovsk et de Khourakhove. Ils mènent des frappes aériennes dans les villages alentours.
À lire aussiFrappes croisées de drones et de missiles en Ukraine et en Russie
Manque d'hommes et de munitions
Les militaires rencontrés ici ne cachent pas que les conditions sont difficiles. Ils manquent d’hommes et de munitions. L’offensive russe dans la région voisine de Kharkiv, plus au nord, a quelque peu dégarni le front du Donbass. « Je n’ai plus assez de monde, parce qu’on a dû transférer des unités vers d’autres secteurs plus chauds », se désole un chef de peloton, qui opère près de Tchassiv Iar. Il regrette aussi les retards de livraisons de l’aide occidentale qui cause des pertes supplémentaires. Les récentes annoncent d’aide occidentale supplémentaire sont accueillies ici avec soulagement.
Mais, ces livraisons viennent un peu tard, selon un autre officier, qui regrette que les munitions leur parviennent « dans des volumes tout juste suffisants pour qu’ils n’aient pas à se rendre ».
À écouter aussiL’aide à l’Ukraine peut-elle tenir ?
Céder des territoires ?
La situation est délicate, concède « Achille », un ingénieur, originaire de Dnipro, mobilisé en janvier et commandant de section d’une unité de défense antiaérienne. Mais pas question de céder : « Certains pensent qu'ils peuvent nous forcer à céder nos territoires sans nous demander notre avis. Si on entame des négociations maintenant, on sera perdants. Pour nous, c'est inacceptable. Un État incapable de défendre son territoire, qui cède une partie de son territoire, perd sa crédibilité sur la scène internationale. D’un autre côté, j’ai de la peine pour nos soldats, on n’a pas d’hommes pour les remplacer et on n’a pas beaucoup d’armes aussi. »
Sur le quai de la gare, un militaire patiente devant l’Intercité qui l’emmènera à Kiev. Originaire de Marioupol, ce sergent, aux bras couverts de cicatrices, engagé dans l’armée depuis 2015, estime que les concessions territoriales seront inévitables. « On doit reprendre au minimum les territoires qui étaient sous notre contrôle en 2022. Là-bas, les gens se souviennent encore de nous et nous attendent. Mais pour ce qui est de zones occupées depuis 2014, elles ont quasiment vu grandir une génération qui aujourd’hui nous déteste. Qu’est-ce qu’on fera d’eux ? On les enverra en Russie ? Ils diront, tout comme moi : je suis né dans le Donbass, j’y ai grandi. Mais la différence c’est que, pour eux, l’ennemi ça n’est pas la Russie, c’est nous ». Avant de rentrer dans le train, le sergent ajoute : on tiendra nos positions aussi longtemps qu’on peut, mais il nous faut plus d’aide.
Dans la région de Donetsk, Kherson et Zaporijjia sont revendiquées par la Russie. Vladimir Poutine a d’ailleurs posé ses conditions à un dialogue avec Kiev : le retrait de ces régions et la non adhésion de l'Ukraine à l'Otan. Des conditions immédiatement rejetées par le régime de Kiev.
À lire aussiLa Suisse accueille une Conférence sur la paix en Ukraine dont la Russie est exclue