Un corps de femme (France 2) : "Alors que mon corps représentait la liberté, il est devenu une prison…"
Des femmes de 12 à 80 ans racontent, dans ce documentaire intimiste, comment elles ont appréhendé l’image renvoyée par leurs corps à différentes époques et son impact sur leur vie.
LE REGARD DES AUTRES
"Je ne sais pas ce qui a pu me brider dans le fait de montrer son corps, explique Luna, 24 ans. Sans doute le regard des autres, celui des hommes, surtout. Je me souviens avoir mis une superbe robe rouge avec des fleurs et un décolleté, il n’y a pas si longtemps. C’était l’été, et il y avait une fête de village. Je vais au bar où mon père servait des boissons. Un mec discutait avec lui et a commencé à faire des commentaires lourdingues et grossiers sur mon décolleté. Cela m’a mise mal à l’aise. Je me sentais trop bien dans cette petite robe et je n’avais pas du tout envie de me prendre des réflexions."
LA LOI DU SILENCE
"On ne parlait de rien à mon époque. Le premier soutien-gorge, tout ça… se souvient Jeannette, 80 ans. Alors j’ai eu des amoureux, mais pas comme on l’entend aujourd’hui. Nous, on flirtait, c’était très pudique. J’ai été vierge longtemps ! On se faisait des bisous, mais je ne permettais pas que l’on me touche. On nous faisait même peur avec des phrases comme : “Si tu tombes enceinte, tu prends ta valise et tu t’en vas !” C’était le silence sur ce sujet. C’est drôle comment tout a rapidement changé, comment faire l’amour est devenu une fierté. Alors que nous, c’était une faute… "
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RÉUSSIR À ACCEPTER SON CORPS
"Quand est-ce que j’ai commencé à me trouver belle ?, questionne Lise-Leïla, 27 ans. C’est récent. Encore aujourd’hui, c’est difficile. Je me suis souvent retrouvée dans des situations avec des mecs, dans lesquelles je n’étais pas forcément bien, mais ils me donnaient de l’importance et la sensation d’être belle. C’est toujours ce rapport au regard de l’autre, comment on déconstruit cela, que l’on se lève et que l’on se dit que l’on est beau pour soi. C’est très difficile. Aujourd’hui, je n’ai plus envie de minauder ou de quémander auprès des hommes. Si j’ai envie d’être belle, je serai belle… "
UN CORPS PRISON
"Au collège, j’ai eu beaucoup de succès, alors que j’étais petite, raconte Laurence, 52 ans. Et puis, d’un coup, je deviens un “boudin”. À 14 ans, je prends 10 kilos en un été. J’avais un chéri en juin, quand je l’ai revu fin août, le gars m’a regardée et a fait comme s’il ne me connaissait pas. Je me suis pris une claque redoutable. De 14 ans à 22 ans, cela a été une lutte et la honte d’être grosse. Alors que mon corps représentait la liberté, il est devenu une prison…"
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RÉVÉLATION
"J’ai compris un peu tard que mon désir et ma réalité coïncidaient, confie Jules, 32 ans. Il y avait une série télé avec des lesbiennes (The L Word, ndlr) que j’ai découverte en première année de fac. J’ai une amie qui m’a dit : “Tu as vu cette série ?” J’ai alors ressenti beaucoup de désir et de voir que mon corps réagissait à ça, cela m’a fait me rendre compte que je me trompais depuis de nombreuses années, que j’avais perdu beaucoup de temps. "
Un corps de femme, mercredi 22 mai à 22h40 sur France 2