"Black Mirror": pourquoi Elon Musk s'emporte contre une nouvelle fonction de Windows
La fonctionnalité "Recall" a été conçue par Microsoft pour aider les utilisateurs à retrouver facilement ce qu’ils ont déjà vu ou fait sur leur PC. Plusieurs internautes estiment pourtant qu’elle représente un danger pour leur vie privée.
Faciliter la vie des utilisateurs. C’est ce que Microsoft a voulu faire avec "Recall” ("mémoire"), fonctionnalité que l’entreprise a présenté lors d’une conférence le 20 mai. Fonctionnant comme une mémoire photographique, elle permet de retrouver facilement "tout ce que vous avez jamais vu ou fait sur votre PC", a assuré Carolina Hernandez, directrice produit de la société.
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Pour y parvenir, Recall se base sur des captures d’écran, prises par Windows, de ce que l’utilisateur fait sur son ordinateur. Et cela inquiète l’Information Commissioner’s Office (ICO), équivalent britannique de la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés).
"Nous nous renseignons auprès de Microsoft pour comprendre les garanties mises en place pour protéger la vie privée des utilisateurs", a fait savoir l’autorité dans un communiqué.
Garanties insuffisantes
Microsoft a en effet assuré que les données de Recall sont uniquement stockées localement. "Recall exploite votre index sémantique personnel, entièrement construit et stocké sur votre appareil", a indiqué l’entreprise dans un article de blog. "Vous pouvez supprimer les captures en question (...) Vous pouvez également filtrer les applications et les sites web afin qu’ils ne soient jamais enregistrés. Vous avez toujours le contrôle de vos données", a également affirmé l’entreprise.
Ces garanties n’ont pas suffi à rassurer l’ICO. "Nous attendons des organisations qu’elles soient transparentes avec les utilisateurs sur la manière dont leurs données sont utilisées et qu’elles ne traitent les données personnelles que dans la mesure où cela est nécessaire pour atteindre un objectif spécifique", a déclaré l’autorité.
Inquiétudes autour de la vie privée
L’ICO n’est pas la seule à s’inquiéter. Sur X (anciennement Twitter), de nombreux internautes ont fait part de leurs préoccupations. La développeuse informatique Molly White a même qualifié Recall de logiciel espion.
Elon Musk a aussi ajouté son grain de sel en comparant la fonctionnalité à "un épisode de Black Mirror", ajoutant qu’il la désactivera. Une critique qui n'est évidemment pas anodine, dans la position du milliardaire: il est avant tout un concurrent direct de Microsoft dans la course à l'IA, avec la création de sa propre intelligence artificielle concurrente, Grok.
D’autres utilisateurs craignent en outre qu’à la suite d’un vol ou d’une perte de leur appareil, la fonction Recall soit utilisée pour accéder à leurs informations sensibles, comme leurs mots de passe.
Face à ces critiques, Microsoft a rappelé que les données enregistrées localement ne seront jamais envoyées dans le cloud ou sur le web. Un porte-parole de l’entreprise a assuré au site américain VentureBeat que les données étaient stockées dans un format chiffré sur l’ordinateur de l’utilisateur, mais aussi qu’elles ne seraient pas utilisées pour entraîner ses modèles d’IA.
Auprès de la BBC, Microsoft a également affirmé qu’elle ne peut pas accéder à ces informations, tout comme "toute personne n’ayant pas accès à l’appareil". La société a ajouté que même un apprenti hacker devrait accéder physiquement à l’appareil, le déverrouiller et se connecter avant de pouvoir accéder aux captures d’écran enregistrées.