« Quel est mon crime ? » : Sylvain Tesson répond à la polémique du Printemps des poètes
Paris, le 19 mai 2022. Sylvain Tesson, comme parrain du Printemps des poètes, souhaite rendre hommage à ceux qui lui ont expliqué « que Victor Hugo, c’était peut-être mieux que Mickey ». LP/Philippe de Poulpiquet
Il sort du silence et déplore la situation. L’écrivain Sylvain Tesson, mis en cause pour son rôle de parrain du Printemps des poètes, s’est finalement exprimé dimanche soir.
« Quel est mon crime et qui sont les juges ? » s’interroge-t-il sur France 2. L’auteur de « La Panthère des neiges » est la cible d’une tribune de 1 200 signataires dont les plus connus sont notamment les auteurs Baptiste Beaulieu, Chloé Delaume ou Marie Pavlenko. Ils lui reprochent de représenter « l’extrême droite littéraire » et de véhiculer une « idéologie réactionnaire ». Selon eux, le choix de cet auteur pour porter la manifestation annuelle qui célèbre la poésie « vient renforcer la banalisation et la normalisation de l’extrême droite dans les sphères politiques, culturelles, et dans l’ensemble de la société ».
Sylvain Tesson déplore que ceux qui le mettent en cause aient « trouvé un mot qui est le mot du conformisme absolu et qui clôt le débat, c’est : extrême droite ». Il veut bien en revanche accepter l’idée d’être vu comme « ringard, rétrograde, rétif ». Mais « la langue française offre un tel vivier, un tel magasin de mots », qu’il regrette d’être réduit à la qualification d’être d’« extrême droite ».
Il fait également part de son enthousiasme à parrainer le Printemps des poètes. Il souhaite remplir une double mission : partager le goût de la poésie et rendre hommage à ceux qui « sont venus m’expliquer, quand j’avais 7 ans, que Victor Hugo, c’était peut-être mieux que Mickey ».
« La poésie et la littérature c’est la liberté »
Les critiques qui le visent sont « symptomatiques d’une incapacité énergétique à accepter que les choses puissent être autre chose que soi-même ». Il considère enfin que ses contempteurs font fausse route et l’inverse de ce que, selon lui, l’écriture devrait permettre. « La poésie et la littérature (enfin c’est ce que je croyais moi, pauvre naïf) c’est précisément l’endroit (…) où tout est permis, (…) où les choses se contredisent, se rencontrent, se télescopent, s’opposent… Cela s’appelle la liberté. »
La polémique a provoqué la démission de la directrice artistique de la manifestation à l’origine du choix de Sylvain Tesson comme parrain. Sophie Nauleau. « Le choix, que j’assume pleinement, de Sylvain Tesson pour féerique parrain de La Grâce (NDLR : thème de l’édition 2024, du 9 au 25 mars) a déclenché une cabale effarante, consternante pour ne pas dire monstrueuse. Dans ce contexte, aucune parole n’étant audible, j’ai préféré réserver la mienne au silence », a-t-elle fait savoir dans un communiqué transmis à l’Agence France presse (AFP).
La ministre de la Culture a fait part de son étonnement quant à la situation. « J’ai été étonnée que des poètes excluent d’autres poètes », a réagi Rachida Dati. « La culture, c’est le lieu où, normalement, il n’y a pas de sectarisme. C’est curieux, du sectarisme, chez des gens qui disent eux-mêmes qu’ils sont pour l’ouverture », a-t-elle dit face aux médias lors du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.