Météo : le Morning Glory, un nuage rare et impressionnant !

Météo : le Morning Glory, un nuage rare et impressionnant !

À la saison sèche, d’immenses rouleaux balaient le ciel matinal de la ville de Burketown, en Australie. S’ils attirent les amateurs de deltaplane, ces nuages hors du commun intriguent aussi les scientifiques.

S’il se manifeste occasionnellement au Mexique, au Canada, et plus récemment en Vendée, ce phénomène spectaculaire est en revanche particulièrement fréquent dans le golfe de Carpentarie, situé au nord de l’Australie. Ce fascinant nuage en forme de cylindre horizontal se déploie à basse altitude (entre 200 et 300 mètres) durant la saison sèche, de septembre à octobre, dans la région septentrionale du continent australien. André Szantai, ingénieur de recherche au Laboratoire de météorologie dynamique et expert en images satellite, souligne : “Ils peuvent atteindre une longueur impressionnante de 1 000 kilomètres.” Parfois alignés en séries, ils se déploient en particulier au-dessus de Burketown, survolant la localité aux premières lueurs du jour. Bien que cette curiosité semble exister depuis des millénaires, son étude approfondie n’a véritablement débuté qu’à partir des années 1980. “Les mécanismes de formation de ces nuages spectaculaires ne sont pas encore complètement élucidés”, ajoute le scientifique.

Une affaire de vents ?

Au cœur du phénomène : la péninsule du cap York, le point le plus au nord de l’Australie, longue de 660 kilomètres. “La collision entre les brises de mer qui se forment à l’est et à l’ouest de la péninsule et montent sur le relief peut générer une onde dans l’atmosphère”, explique André Szantai. Cette onde, tout comme une vague dans l’océan forme de l’écume, engendre des nuages sur ses crêtes. Dans le cas d’un Morning Glory se déplaçant du nord-est au sud-ouest (le plus connu), le nuage se forme en début de soirée. Puis, poussé par des vents de terre, il se déplace vers le centre de l’île à la vitesse de 10-20 mètres/seconde, soit 30 à 70 kilomètres/heure. Au petit matin, il atteint la ville de Burketown, située au pied ouest du cap. Une fois au-dessus des terres, le nuage, soumis à des perturbations thermiques, se dissipe peu à peu.

Une aubaine pour les amateurs de sensations fortes

Les mécanismes à l’origine de la formation de ces nuages si particuliers engendrent des courants d’air ascendants sur de longues distances, lesquels attirent les adeptes du vol à voile, notamment en deltaplane et planeur. Lancés par des appareils motorisés, les pilotes attendent l’arrivée du nuage sur lequel ils vont alors surfer. En 2011, l’Australien Jon Durand a ainsi parcouru 100 kilomètres en deltaplane, “sur” le nuage. Pour savoir si un Morning Glory va se former, les pilotes peuvent se fier aux méthodes locales : une porte vitrée couverte de condensation ou des coins de table qui gondolent indiquent une humidité suffisante à l’émergence du fameux nuage.

Comment le Morning Glory se forme-t–il ?

• Dans le ciel au-dessus de la péninsule du cap York, une onde est générée par la collision de différents vents. Elle va mettre les couches d’air en mouvement. Un nuage se forme dans la partie haute de l’onde (la crête).
• Le nuage avance avec l’onde et se nourrit de l’humidité qui monte de la mer. Cet air humide se condense en altitude car la pression et la température diminuent. Le nuage peut faire deux kilomètres d’épaisseur.
• Les gouttes d’eau s’évaporent en redescendant et le nuage s’étiole. Le rouleau donne l’impression de tourner à l’envers. Au sol, le passage du nuage génère une bourrasque.
• Soumise à l’onde, la masse d’air crée une nouvelle vague et le processus recommence. Le nuage situé dans la crête de l’onde poursuit sa route. Comme la température augmente dans la matinée, les courants chauds venus du sol le dissipent peu à peu.

POUR ALLER PLUS LOIN

> Atlas international des nuages. Un site géré par l’Organisation météorologique mondiale, avec un glossaire très complet. cloudatlas.wmo.int/fr

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