Macron prêt à « ouvrir le débat » sur une défense européenne comprenant l’arme nucléaire
« Mettons tout sur la table et regardons ce qui nous protège véritablement de manière crédible », a déclaré Emmanuel Macron. AFP/Ludovic MARIN
La construction d’une Europe de la défense est depuis très longtemps un objectif de la France qui s’est souvent heurtée aux réticences de ses partenaires qui jugeaient plus sûr le parapluie de l’Otan. La guerre en Ukraine, tout comme le possible retour d’un Donald Trump à la Maison Blanche en novembre sont en train de rebattre les cartes.
Dans un entretien avec des jeunes Européens, publié samedi soir par les journaux du groupe Ebra, Emmanuel Macron s’est dit prêt à « ouvrir le débat » d’une défense européenne qui comprendrait aussi l’arme nucléaire.
«Ã‚ Je suis pour ouvrir ce débat qui doit donc inclure la défense antimissile, les tirs d’armes de longue portée, l’arme nucléaire pour ceux qui l’ont ou qui disposent sur leur sol de l’arme nucléaire américaine. Mettons tout sur la table et regardons ce qui nous protège véritablement de manière crédible », a déclaré le chef de l’État en ajoutant que la France garderait « sa spécificité mais est prête àcontribuer davantage àla défense du sol européen ».
Depuis le Brexit et la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, la France est le seul de ses États membres à disposer de la dissuasion nucléaire.
Lors de son discours sur l’Europe, jeudi à la Sorbonne, le président français avait plaidé pour une « Europe puissance » et la constitution d’une Europe de la défense « crédible » au côté de l’Otan et face à la Russie, devenue beaucoup plus menaçante depuis son invasion de l’Ukraine en février 2022.
« Il y a une dimension européenne dans ces intérêts vitaux »
«Ã‚ Ã‡a peut signifier déployer des boucliers antimissiles, mais il faut être sûr qu’ils bloquent tous les missiles et dissuadent de l’utilisation du nucléaire », a précisé le chef de l’État.
«Ã‚ ÃŠtre crédible, c’est avoir aussi des missiles de longue portée qui dissuaderaient les Russes. Et il y a l’arme nucléaire : la doctrine française est qu’on peut l’utiliser quand nos intérêts vitaux sont menacés. J’ai déjàdit qu’il y a une dimension européenne dans ces intérêts vitaux, sans les détailler car cette dissuasion concourrait àla crédibilité de la défense européenne », a-t-il développé.
Lors de son discours à la Sorbonne, Emmanuel Macron avait déjà abordé cette question de l’arme nucléaire française, qui revient régulièrement dans les discussions sur la défense européenne.
«Ã‚ La dissuasion nucléaire est en effet au cÅ“ur de la stratégie de défense française. Elle est donc par essence un élément incontournable de la défense du continent européen », avait-il déjàlancé, jeudi dernier.
À propos de l’Ukraine, Emmanuel Macron escompte que les livraisons d’armes actuelles permettront aux Ukrainiens de « résister davantage ». « On joue vraiment notre sécurité, et on joue l’avenir de l’Europe », a-t-il conclu.