Participation, résultats, triangulaires… ce qu’il faut retenir du premier tour des législatives
Dans un bureau de vote de Lille, le 30 juin.
La participation
Le premier tour de ces législatives a été marqué par une très forte participation électorale, estimée autour de 67,5 %, la plus élevée depuis la dissolution de 1997. Et les électeurs des trois blocs ont tous massivement voté. «Ceux qui ont des affinités politiques se sont mobilisés autour de leurs camps dans des proportions similaires», relève ainsi Adélaïde Zulfikarpasic, experte en études et sondages d’opinion chez BVA. «Ça veut dire que la théorie d’une armée de réserve d’abstentionnistes de gauche était fausse. Le pays est à droite actuellement», confirme le politologue Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS. Martial Foucault, ancien directeur du Cevipof, prolonge ce constat : «L’offre politique était tellement réduite cette fois-ci qu’il y a très peu de réserves de voix. Toutes les forces étaient présentes.»
Les résultats
Le RN, rejoint par les transfuges LR d’Eric Ciotti, est la première force politique du pays, avec 33,2 % des voix, tandis que le Nouveau Front populaire (NFP) a résisté avec 28 %. L’ex-majorité présidentielle, elle, est distancée avec 20,7 % des suffrages.
Alors que Paris est devenue la capitale du NFP (l’alliance de gauche est en tête dans 13 circonscriptions sur 18), une nouvelle géographie électorale se dessine dans les zones rurales et périurbaines. Dans l’Aisne par exemple, quatre circonscriptions sur cinq sont conquises dès le premier tour par le RN. «Rien n’est gagné et le second tour sera déterminant pour éviter au pays de tomber dans les mains de la coalition Nupes 2», a réagi Marine Le Pen, réélue dans sa circonscription du Pas-de-Calais, jubilant de voir «pratiquement effacé» le bloc macroniste. Jordan Bardella a très vite renchéri en qualifiant de «péril existentiel» une éventuelle victoire de la gauche, caricaturée en «alliance du pire». A gauche, les leaders communistes, socialistes, écologistes et insoumis ont appelé d’une seule voix à faire barrage au RN.
Combien de députés élus au premier tour ?
La forte participation a permis de nombreuses élections dès le premier tour. Ainsi 78 candidats ont d’ores et déjà leur place réservée dans l’hémicycle : 38 du Rassemblement national (dont leur cheffe de file Marine Le Pen), 32 du Nouveau Front populaire (dont le Premier secrétaire du PS Olivier Faure), deux apparentés à la gauche, deux de la majorité présidentielle Ensemble, un régionaliste, un divers droite, un LR et un issu de l’alliance d’Eric Ciotti et du RN, selon les calculs de Libération d’après les chiffres du ministère de l’Intérieur. Tous ces candidats ont réuni plus de 50 % des suffrages exprimés, représentant au moins 25 % des inscrits.
Combien de triangulaires ?
A l’issue de ce scrutin, il y a 301 triangulaires possibles. Il s’agit des circonscriptions dans lesquelles aucun des candidats n’a été élu au premier tour et d’autres candidats que les deux arrivés en tête ont obtenu un nombre de voix égal ou supérieur à 12,5 % des inscrits. Grâce à la forte participation, quelques circonscriptions peuvent même voir quatre candidats accéder au second tour, comme dans la 8e circonscription du Rhône, la 4e de Vendée, la 1re du Val-de-Marne, la 8e du Finistère ou la 5e de Saône-et-Loire. Mais les candidats pouvant se désister de leur candidature entre les deux tours, ces affiches théoriques n’auront pas toutes lieu : toutes les composantes du Nouveau Front populaire ont ainsi annoncé le retrait de leur candidat dans les circonscriptions où leur maintien peut profiter à l’extrême droite. Malgré une consigne plus confuse, le bloc macroniste a également appelé à faire barrage au RN, alors que LR refuse de se prononcer.