« Donner de la fierté et de la joie à la communauté des réfugiés » à l'occasion des JO 2024

« donner de la fierté et de la joie à la communauté des réfugiés » à l'occasion des jo 2024

Masomah Ali Zada est désormais installée en France et vient de terminer un master en génie civil. (B. Paquot/L'Équipe)

La cycliste afghane Masomah Ali Zada, cheffe de mission de l'équipe des réfugiés aux JO de Paris, nous parle de son parcours et des enjeux d'une telle entité au sein du monde olympique.

Comme pour tous les Jeux depuis 2016, le comité international olympique alignera à Paris une équipe de réfugiés. Elle sera dirigée par la cycliste afghane Masomah Ali Zada, choisie par l'instance lausannoise comme cheffe de mission. Installée en France depuis qu'elle a quitté son pays en 2017 où elle est arrivée sans parler un mot de français, elle a réussi à briller tant sur le plan sportif (25e du contre-la-montre aux Jeux de Tokyo) que celui des études (elle vient de terminer un master en génie civil). Elle nous parle de son parcours et de ce que représente cette équipe de réfugiés.

«Â Qu'est-ce que représente cette équipe des réfugiés ?

Je pense d'abord à mon expérience, à ce que j'ai vécu dans différents pays où j'ai pu voir la discrimination entre les femmes et les hommes. Quand je suis arrivée en France, je rêvais de participer aux Jeux Olympiques. C'est comme ça que j'ai connu l'équipe olympique des réfugiés. J'ai pu participer aux Jeux de Tokyo dans cette équipe. On était de différentes nationalités, de différentes langues, cultures, mais on était tous dans la même équipe, on était respecté de la même manière que les autres athlètes. Cette équipe, c'est la preuve que, quelle que soit sa nationalité, on a le droit de faire de sport, on a droit de pouvoir participer aux Jeux Olympiques, dans l'égalité entre les hommes et les femmes. Pour moi, c'est ce qui était important. L'équipe olympique des réfugiés, ça représente la réunification, la paix et le sport. Et ça montre au monde une belle image des réfugiés.

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Quel est votre parcours, sur le plan personnel et sportif ?

Je suis née en Afghanistan en 1996. Quand mon pays était sous le contrôle de talibans, on a été forcé de quitter mon pays. On est allé en Iran. On n'a pas pu obtenir le statut de réfugié, le droit d'aller à l'école ou de travailler. On est retourné en Afghanistan en 2007, mais c'était en Iran que j'ai appris le vélo avec mon père. En Afghanistan, au début, dans le quartier où je vivais, on n'avait pas accès au sport. Pour les femmes surtout. C'était mal vu pour les femmes de faire du sport. Mais moi, j'ai toujours adoré ça et c'est grâce à l'école que j'ai commencé à pratiquer différents sports. Je voulais être une athlète professionnelle, mais je ne savais pas qu'il existait une fédération de cyclisme et c'est par hasard que j'ai découvert tout ça.

J'avais seize ans quand j'ai commencé à faire du vélo en Afghanistan et en faisant du vélo, je voyais que, à chaque fois que j'étais sur le vélo, il y avait des gens qui n'étaient pas du tout d'accord parce que c'était la première fois qu'ils voyaient une femme sur un vélo. Ils voulaient nous arrêter, ils nous insultaient, nous frappaient. Malgré les difficultés, j'ai continué mais c'est devenu impossible à cause de la sécurité. Ça m'a forcé à quitter mon pays une deuxième fois en 2017. Je suis venue en France où j'ai trouvé une famille française qui nous a aidés pour les études et le vélo. J'ai pu obtenir une bourse et participer aux Jeux de Tokyo.

Comment se sont passés ces Jeux pour les réfugiés ?

Pour Tokyo, le problème est que, malheureusement, il y avait le Covid et, à cause de ça, on n'a pas eu vraiment la possibilité d'échanger. Mais je voyais que les autres, les meilleurs cyclistes du monde étaient là. Je venais d'un pays qui n'avait pas beaucoup de cyclistes, où le cyclisme était interdit aux femmes. Et là, pendant la compétition, les gens criaient mon nom, m'encourageaient. C'était un moment de plaisir, de fierté.

Une fois qu'on a fait les Jeux Olympiques, on ne rêve que d'une chose, c'est de disputer les suivants...

Je préparais Paris, mais quand le président Bach m'a proposé d'être cheffe de mission pour cette équipe, je ne pouvais pas continuer en tant qu'athlète. J'étais tellement contente qu'il me le propose. Représenter cette équipe, c'est représenter 120 millions de réfugiés dans le monde, des gens de différentes cultures, différentes nationalités, qui ont dû quitter leur pays à cause des guerres mais qui ont le droit de participer aux Jeux Olympiques.

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Vous avez toujours de la famille en Afghanistan. Êtes-vous en contact avec eux, est-ce qu'ils vous suivent ?

Oui, mais la vie là-bas n'a rien à voir avec la France. En Afghanistan, on se concentre surtout sur l'économie, comment trouver un travail, de la nourriture... La situation est vraiment compliquée. Le sport et les Jeux Olympiques ne sont pas une priorité. La santé, la crise économique, la sécurité, tout ça vient avant...

Je reçois toujours les messages positifs par Instagram. Des femmes afghanes qui me disent que je suis un exemple, un sujet d'inspiration. J'ai une nièce qui a six ans et qui me dit toujours : "Tata, j'ai envie de faire la même chose que toi, je voudrais participer aux Jeux Olympiques." Je vois que je suis un modèle et ça me touche énormément.

Juste avant les Jeux, le camp de base des réfugiés sera situé à Bayeux, dans le Calvados...

Bayeux, c'est une ville qui représente la paix. c'est un symbole et c'est pour ça qu'on l'a choisie. On va s'y retrouver avec les athlètes. J'en connais déjà certains depuis les Jeux de Tokyo, mais je vais découvrir la moitié d'entre eux à Bayeux. On y sera à partir du 15 juillet.

Y a-t-il des athlètes qui peuvent remporter une médaille ?

Dans mon pays, on n'a remporté que deux médailles (en taekwondo avec Rohullah Nikpai lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008 et ceux de 2012 à Londres), mais cela a donné énormément de fierté et de la joie au peuple afghan. C'est un moment qui a réunifié toutes les différentes ethnies. Je me rappelle qu'en 2012, c'est un jour où les gens étaient tous heureux, ils se sont tous rassemblés et voulaient juste célébrer cette victoire. On ne parlait plus de différences entre les ethnies, on ne parlait plus de la guerre, on ne parlait plus des problèmes qu'on avait. On voulait juste célébrer cette victoire tous ensemble...

N'importe quelle équipe rêve de gagner une médaille. Et c'est pareil pour cette équipe des réfugiés. On a le rêve et l'espoir qu'on gagnera des médailles pendant le Jeux Olympiques de Paris, et qu'on donnera de la fierté et la joie à la communauté de réfugiés dans le monde. On va tous travailler dur pour ça. »

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