JO 2024 : Noah Kuavita, bien barré
Il faut le voir virevolter pendant une minute autour de cette barre fixe, se lancer dans les airs et se rattraper à un ou deux bras lors d’un Tkatchev impressionnant, avec ces biceps aussi volumineux que certaines cuisses qui semblent crier grâce, comme lors de la dernière édition de la DTB Pokal de Stuttgart où il a décroché l’or. Quand il entame sa routine à cet agrès, Noah Kuavita dit entrer dans un autre monde. « Au cheval d’arçons, je fais rapidement des erreurs et pour les anneaux, je n’ai pas les épaules assez souples (sic). Mais à la barre fixe, j’ai toujours cette impression de voler… »
Pourtant, c’est grâce aux barres parallèles et non pas à son engin favori qu’il est aujourd’hui dans le bon wagon pour disputer, cet été, ses premiers Jeux olympiques à Paris, « un rêve de toujours devenu réalité ». Lors des Mondiaux d’Anvers, en octobre 2023, c’est là qu’il a réussi son meilleur total et a été repêché en tant que gymnaste le mieux placé aux qualifications venant d’un pays non qualifié par équipes. « Je ne l’ai appris que le dernier jour de compétition, ce qui fait que le soulagement l’a emporté sur l’euphorie… »
Il aurait préféré, assure-t-il, à l’instar de son capitaine Luka Van den Keybus (relire son portrait par ici), qualifié via le concours général, aller aux Jeux avec l’ensemble du groupe. Une seule erreur pour un déficit général de 0,367 point a brisé cet espoir à Anvers. « Moi-même, je me suis planté à la barre fixe, après un très bon début de routine ; tout allait trop bien, je me suis laissé un peu griser par le public, et j’ai fait une faute… C’est dommage parce qu’on a su recréer un vrai esprit collectif dans notre équipe, où beaucoup de choses ont changé, comme le management, l’atmosphère et la manière de travailler, depuis le départ de l’ancienne direction sportive. Les liens sont plus étroits entre les deux ligues et les gymnastes francophones et flamands s’entraident beaucoup. »
Foutu élastique
Rassuré sur son sort – « Je sais que c’est un peu égoïste… » –, Noah Kuavita n’a plus qu’une ambition d’ici aux JO : rester fit, ce qui est loin d’être une évidence dans un sport « où il faut savoir où sont ses limites et ne pas prendre de risques inutiles ». Il se souvient avoir souffert de « blocages » il y a deux ans en perdant ses repères dans les airs. « J’ai dû suivre pendant huit à neuf mois un traitement chez un psychologue spécialisé dans l’approche thérapeutique EMDR », une psychothérapie par mouvements oculaires qui permet la restauration de l’estime de soi.
Des risques peuvent même surgir dans les situations les plus banales, comme un échauffement avec traction d’un élastique pour solliciter ses bras. Fin 2022, peu après les Mondiaux de Liverpool, l’un d’entre eux a brutalement cédé avant d’aller frapper son œil droit, l’obligeant à rester deux mois sur le flanc et à renforcer son œil gauche pour qu’il devienne plus dominant. Aujourd’hui encore, il paie un tribut à cet « accident de travail » puisque sa vision du côté de son œil blessé n’est plus que de 4 sur 10. « J’ai toujours des problèmes de vision à longue distance », explique-t-il. De quoi admirer un peu plus sa dextérité qu’il a travaillée et travaillée encore.
Belgium’s Got Talent, cela a été une expérience incroyable… et une bonne publicité pour la gymnastiqueNoah Kuavita, gymnaste
Quatrième d’une fratrie de cinq, Noah Kuavita est né et a grandi à Anvers il y a bientôt 25 ans, de parents d’origine angolaise, arrivés en Belgique au mitan des années 90 pendant la guerre civile qui a duré plus d’un quart de siècle dans ce pays de l’ouest de l’Afrique. « Je n’y suis allé qu’une seule fois, en 2005 », dit Noah. « J’y ai toujours de la famille, à Luanda, mes grands-parents, des oncles et tantes, des cousins. Je connais quelques mots de portugais, la langue de là-bas, mais aussi de lingala et de swahili. Mais à la maison, je parle français avec mes parents et néerlandais avec mon frère et mes trois sœurs. »
C’est grâce à Catarina, l’aînée, qu’il a découvert la gym à six ans. « J’ai également joué au foot avec mon frère dans un petit club de Deurne, mais je préférais la variété des exercices en gymnastique et surtout les saltos ! », avoue-t-il. Il raconte que son entraîneur de l’époque, Sven Van Ghendt, a rapidement remarqué qu’il avait des dispositions pour ce sport et qu’il a contacté la fédération pour qu’il puisse venir passer des tests au centre de Gand. « Je n’avais que dix ans mais les responsables sportifs ont vu quelque chose en moi et ont proposé à mes parents de m’y intégrer, ce qu’ils ont accepté. C’était la première fois que je me retrouvais tout seul dans un sport-études, mais je me suis adapté, notamment en me liant d’amitié avec Luka (Van den Keybus) et Jimmy (Verbaeys). »
Noah’s Got Talent
Avec ce dernier, sélectionné olympique aux JO de Londres 2012, aujourd’hui âgé de trente ans et membre de la troupe du Cirque du soleil, il a magistralement participé à la popularisation de son sport en Flandre via l’émission Belgium’s Got Talent sur la chaîne VTM en 2018. « J’avais vu la saison précédente et je m’étais dit, en voyant ce que certains arrivaient à faire, qu’il y avait peut-être moyen de réussir quelque chose. J’en ai parlé à plusieurs gymnastes sans prévenir la fédération, on a vite formé un groupe de quatre ou cinq, mais certains ont pris peur et je me suis retrouvé finalement seul avec Jimmy, avec lequel on est arrivés jusqu’en finale. Cela a été une expérience incroyable… et une bonne publicité pour la gymnastique. Au départ, je sais que certains à Gand n’avaient pas trop apprécié d’avoir été mis devant le fait accompli mais au bout du compte, on n’a eu que des bonnes réactions. Et aux championnats de Belgique qui ont suivi, on a fini premier et deuxième, Jimmy et moi ! »
C’est la même année, en 2018, que Noah Kuavita est arrivé en équipe nationale avec, d’emblée, à l’Euro 2018, une huitième place à la barre fixe. Depuis, il a fait mieux lors de l’édition 2022 en terminant septième et était également de la partie lors la très belle huitième place de l’équipe belge à l’Euro 2023. Et il espère, la semaine prochaine, briller à l’Euro de Rimini et se mettre ainsi idéalement sur orbite olympique.
Sportif d’élite à la Défense après avoir tenté sans succès des études supérieures en management de la communication – « Il y avait trop de travaux de groupe qui étaient incompatibles avec mes horaires d’entraînement » –, il se verrait bien rejoindre l’armée une fois que sa carrière sera derrière lui. « Mais pas avant 2028, parce que je veux continuer la gym pendant encore une olympiade au moins. »
Son sport, assure-t-il, influence encore toute sa vie, même s’il dit aimer se détendre au basket, au foot, et en famille. Quand il retourne chez lui, c’est gaming à fond les ballons, surtout sur Fifa 23, où il a fait ses gammes depuis sa plus tendre enfance. C’est comme ça, explique-t-il, qu’il est devenu un fan absolu de Chelsea, l’équipe qu’il a toujours privilégiée.
«Ã‚ Au départ, c’était àl’époque de Didier Drogba », se souvient-il. « Mais quand Eden Hazard est arrivé, j’ai viré de bord. Aujourd’hui encore, il reste mon joueur favori ! »
News Related-
Alexis Saelemaekers impliqué dans un transfert important avec un ancien buteur d'Anderlecht
-
TVA, congés, chèques-repas… tout ce qui change à partir de janvier 2024
-
Gémeaux : Horoscope amour - 28 novembre
-
Les tests de Mathieu: cette serrure connectée française joue la sécurité au détriment des fonctionnalités, vaut-elle ses 379€ ?
-
La malicieux Guardiola révèle enfin son plus grand secret
-
Vous manquez de sommeil ? Voici une astuce bien-être qui pourrait révolutionner votre vie
-
La trêve Hamas-Israël prolongée, d’autres libérations attendues
-
«2030, vers la fin du CDI ?» (Tipik) : l'avenir de l'emploi en Belgique
-
Psoriasis Signaux D’alerte Éléments À Rechercher
-
Le beau geste de Cristiano Ronaldo : le Portugais fait annuler un penalty en sa faveur (vidéo)
-
Pédopornographie : 31 personnes interpellées en Europe dont 4 en Belgique
-
Anderlecht publie une surprenante vidéo après la victoire dans le derby
-
Excellente nouvelle pour le Cercle de Bruges !
-
En Chine, les restes de fondue font voler les avions