«Une grande partie des Kurdes sont consentants à cet impôt» : qu’est-ce que la «kampanya» qui finance le PKK ?

«une grande partie des kurdes sont consentants à cet impôt» : qu’est-ce que la «kampanya» qui finance le pkk ?

Manifestation à Toulouse à l’appel d’associations kurdes, le 23 décembre 2023.

C’est un nouveau coup de filet contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Mardi 23 avril, huit hommes ont été interpellés en région parisienne et dans les Bouches-du-Rhône, dans le cadre d’une enquête liée au financement du groupe armé, considéré comme terroriste par la Turquie et ses alliés occidentaux. Une enquête a été ouverte, notamment pour «financement d’entreprise terroriste» et «extorsion en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste».

Selon une source proche du dossier, les enquêteurs soupçonnent les huit hommes d’avoir collecté de l’argent en France auprès de commerçants et de membres de la communauté kurde installés en France. Une kampanya visant à financer les activités du PKK, que décrypte pour Libération Olivier Grojean, maître de conférence en sciences politiques à l’université Paris-I et spécialiste de la question kurde.

Les huit hommes interpellés sont accusés d’être en lien avec la kampanya. De quoi s’agit-il exactement ?

Il s’agit d’une campagne de collecte de fonds organisée par le PKK à l’échelle européenne, et au cours de laquelle des membres de la communauté kurde sont appelés à payer un «impôt révolutionnaire», a priori annuellement. La plupart du temps, le «collecteur» est un kadro, un cadre du PKK. Il va par exemple rendre visite à des familles de la diaspora kurde, discuter avec elles, évoquer la lutte de l’organisation et c’est aussi l’occasion de récolter de l’argent.

Une grande partie des Kurdes sont consentants à cet impôt. Mais certains refusent et une forme de négociation peut s’engager, par exemple si la famille n’a pas beaucoup de revenus ou si elle est peu «patriote». Cela dépend aussi du contexte local, du kadro ou de la famille en question. Sur les montants collectés, on ne dispose pas d’énormément d’informations, car ça fait partie des structures clandestines du PKK. Mais dans le livre Öcalan et le PKK : Les mutations de la question kurde (2 005), Sabri Cigerli et Didier Le Saout parlent d’un tiers des revenus des personnes sollicitées qui serait dû à l’organisation.

En avril 2023, onze membres du PKK chargés de collecter la kampanya ont été condamnés pour extorsion et financement du terrorisme. Le tribunal correctionnel de Paris a notamment évoqué des montants obtenus par des «pressions» et des «menaces»…

Dans les années 1980, il y a eu pas mal de menaces ou des actes de violence – comme un cocktail molotov lancé sur un commerce – contre des personnes qui refusaient de payer cet impôt. Et ces dernières années, il y a eu quelques cas similaires, comme à Bordeaux ou à Marseille. Mais s’il existe sans doute toujours des moyens de pression et des formes de harcèlement pour inciter à donner de l’argent, ces actes sont beaucoup moins fréquents aujourd’hui que dans les années 80, et la kampanya finit beaucoup plus rarement par des intimidations violentes. Cela sous-entend que le PKK est bien davantage dans une logique d’incitation que de coercition. Selon moi, le parti est aujourd’hui plus légitime qu’au début des années 80, et les dons sont donc davantage volontaires.

Une fois récolté, à quoi sert cet argent ?

L’argent sert à plein de choses. Il n’y a pas de sources officielles, mais on pense qu’il a pu servir à acheter des armes, mais aussi à verser les salaires des kadros, à de la logistique ou encore à financer des médias pro PKK. Des chiffres circulent au sujet de la somme récoltée annuellement en France et en Europe, mais ils sont invérifiables. On parle de millions d’euros par an. Les détails de la kampanya restent assez flous, étant donné qu’il s’agit d’activités clandestines, cachées, car les collecteurs savent qu’ils peuvent encourir des peines pour financement du terrorisme – le PKK étant considéré comme une organisation terroriste par la France et l’Union européenne. Lors du procès en 2023 d’un réseau militant à Marseille, les peines avaient été assez lourdes [allant de trois ans avec sursis à cinq ans d’emprisonnement dont un avec sursis, pour extorsion et financement du terrorisme].

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