Un an de guerre au Soudan : « 24 millions d’enfants vivent un cauchemar quotidien »
La guerre fait rage depuis maintenant un an au Soudan. Depuis le 15 avril 2023, les affrontements entre les forces armées loyales à leur chef Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires dissidents dirigés par Mohammed Hamdane Daglo, son ancien adjoint, ont provoqué une crise humanitaire et alimentaire massive et le déplacement de 8,6 millions de personnes.
Au sein de la population, les enfants paient un lourd tribut, exposés à la famine et à la prolifération des maladies, à la déscolarisation et au spectre de l’enrôlement de force par un groupe armé. Le conflit présente un risque massif pour leur développement, met en garde auprès du « Nouvel Obs » Mary Louise Eagleton, représentante de l’Unicef dans le pays et actuellement à Port-Soudan.
Quelle est la situation pour les enfants soudanais aujourd’hui ?
Mary Louise Eagleton Vingt-quatre millions d’enfants vivent un cauchemar quotidien depuis le début de la guerre l’année dernière. Nous estimons que 14 millions d’entre eux ont un besoin urgent d’assistance humanitaire. Plus de 90 % des 19 millions d’enfants en âge d’être scolarisés sont privés d’accès à une éducation formelle. Et 4 millions de jeunes Soudanais ont été contraints de quitter leur foyer. L’Unicef a recensé de nombreux cas de violations des droits de l’enfant, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg : en temps de guerre, il faut du temps pour les vérifier et ils sont sûrement sous-estimés.
Quelles sont les principales menaces qui pèsent sur eux ?
La simple survie est un challenge quotidien. Dans les zones où les combats sont actifs, les enfants font face à la menace des attaques, des bombes, au risque d’être pris dans les combats, d’être recrutés de force par des groupes armés. Ils sont aussi confrontés aux viols et aux violences sexuelles.
Dans le même temps, la guerre a tout stoppé. Beaucoup de familles ont tout perdu, y compris leur travail. Les parents n’ont plus les moyens de nourrir leurs enfants. Ils ont aussi perdu l’accès aux services de santé. Alors que les taux de vaccination ont chuté, ils sont particulièrement vulnérables aux épidémies de choléra, de malaria ou de rougeole.
Un des points qui nous inquiète le plus, c’est la malnutrition. Entre la guerre et les déplacements forcés, les enfants sont de plus en plus mal nourris : près de 4 millions de Soudanais de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë, dont 730 000 de malnutrition aiguë sévère, le stade le plus critique qui est potentiellement mortel. La plupart d’entre eux se trouvent dans ces zones de conflit et leur faire parvenir de l’aide humanitaire est particulièrement difficile, y compris pour nos partenaires.
Soudan : « Je suis témoin d’un pays dévasté que l’on ne regarde plus »
Quels risques pour le développement de ces enfants ?
Il existe plusieurs formes de malnutrition, qui ont des effets différents. La malnutrition aiguë, qui représente une réduction importante de l’apport en nourriture, peut tuer les enfants. Nous sommes particulièrement inquiets, parce que cela requiert des traitements, de la nourriture thérapeutique qui permet de reprendre rapidement du poids. La malnutrition fragilise par ailleurs le système immunitaire et rend plus vulnérable aux maladies.
Sur les enfants de moins de 2 ans, il y a encore autre chose : si leur nutrition n’est pas adéquate, cela peut causer un retard de croissance. S’il est trop tard, leur cerveau ne pourra jamais se développer de la même manière qu’un enfant bien nourri.
Et puis, il y a les conséquences psychologiques sur le long terme. Les traumatismes et les cicatrices laissés par le conflit peuvent durer toute la vie. Si les écoles ne rouvrent pas, on risque une catastrophe générationnelle pour le Soudan et ses enfants. Le retour à l’éducation de tous ceux qui en ont été privés sera essentiel pour qu’ils puissent avoir de l’espoir dans l’avenir.
Quelles sont les principales missions de l’Unicef sur place ?
Nous avons trois missions dans le conflit. Apporter de l’aide d’urgence auprès des communautés prises dans les zones de conflit et du soutien à nos partenaires sur place – qui sont une soixantaine. Dans les zones où les combats ne sont pas actifs, il faut également venir en aide aux familles et aux millions d’enfants déplacés, surtout à ceux qui se trouvent dans des camps, informels ou non.
Cela passe notamment par de l’aide psychosociale pour les nombreux enfants traumatisés par la guerre, par le fait d’avoir tout perdu ou encore par les morts dont ils ont été témoins. Nous nous répétons souvent ce qu’une jolie petite fille, Fatima, âgée de 8 ans, qui a fui Khartoum avec sa famille et doit désormais travailler dans une pâtisserie, disait : tout ce qu’elle voulait, c’était fermer ses yeux et que la guerre soit terminée quand elle les rouvrirait. Il est important de leur apporter un endroit sain et sécurisé où ils peuvent jouer et être des enfants.
Nous fournissons également des modules d’éducation, avec un suivi afin de leur permettre de documenter leurs progrès pour ne pas reprendre de zéro lorsqu’ils retourneront à l’école.
Nous travaillons également à la préservation des systèmes éducatif et sanitaire du pays. Si le système de vaccination s’effondre, ce sera dramatique.
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Une conférence sur le Soudan a réuni la communauté internationale lundi 15 avril à Paris. Celle-ci s’est engagée à apporter plus de 2 milliards d’euros d’aide et a appelé « tous les acteurs étrangers » à cesser leur soutien armé aux belligérants. Est-ce suffisant ?
Cette conférence a été un succès de deux manières. Depuis le Soudan, en étant sur le terrain et en échangeant avec les Soudanais, on voit bien que le pays a l’impression d’avoir été totalement oublié du monde, indifférent à toutes les vies en jeu et à toutes celles qui ont été perdues. Mais la conférence a montré que la communauté internationale était capable de soutenir le Soudan et ses enfants, de chercher des solutions pour mettre fin à la guerre et pour renforcer l’aide humanitaire. Bien sûr, tout cela devra perdurer. Cela ne peut pas être une journée d’exception pour marquer l’anniversaire du début de la guerre.
Ensuite, bien sûr, il y a ces 2 milliards d’euros. Certains avaient déjà été engagés avant la conférence, mais le reste est évidemment bienvenu. Ce qu’il reste à faire maintenant, c’est un effort coordonné de la communauté internationale pour mettre les belligérants autour de la table et faire en sorte de mettre fin à la guerre.
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