Sécurité, écologie, immigration... Que retenir du premier grand débat des européennes ?
Sécurité, écologie, immigration… Que retenir du premier grand débat des européennes ?
C’est le premier débat de cette ampleur de la campagne des élections européennes 2024. Organisé par RTL-Le Figaro-M6, ce Grand jury s’est déroulé entre 12h et 14h et faisait intervenir pour la première fois les sept têtes de liste favorites de cette campagne : Manon Aubry (La France insoumise), Jordan Bardella (Rassemblement national), François-Xavier Bellamy (Les Républicains), Raphaël Glucksmann (Parti socialiste), Valérie Hayer (Besoin d’Europe), Marion Maréchal (Reconquête !) et Marie Toussaint (Les Écologistes). Ils ont échangé pendant deux heures autour des sujets suivants, l’Europe, la transition écologique, l’immigration et les rapports commerciaux avec la Chine.
Faut-il envoyer des troupes en Ukraine ?
Le premier sujet a tout de suite créé des tensions parmi les sept participants, qui peinaient à s’écouter. Jordan Bardella, cible de nombreuses critiques, a perdu du temps de parole en se justifiant auprès de ses adversaires. C’est François-Xavier Bellamy qui a ouvert le débat en déclarant qu’« il faut soutenir l’Ukraine, l’Europe est à la croisée des chemins ». Valérie Hayer a demandé à ce que soit « renforcée la défense européenne », pour pouvoir riposter en cas d’attaque. « Il ne faut pas faire le jeu de la Russie. » Elle a interpellé Jordan Bardella sur son « soutien » à la Russie, sur la présence de Thierry Mariani sur sa liste. « Vous êtes au service de la Russie », a-t-elle asséné. « La guerre est aux portes de l’Europe », a répondu Jordan Bardella, pour qui Emmanuel Macron atteint à la souveraineté de la France. À lire aussi Défense, agriculture, Ukraine… Ce qu’il faut retenir du débat Bardella-Hayer pour les européennes « Vous êtes un agent de l’étranger », l’a alors interpellé Marie Toussaint, qui appelle à défendre « une diplomatie européenne pour mieux protéger la France. » Les écologistes demandent « la sobriété » et de pouvoir se « libérer des dépendances. » Marion Maréchal, qui a eu du mal à prendre la parole, a finalement ajouté : « Il y a un problème de diagnostic dans ce débat. » « Le vrai drame c’est qu’il n’y a plus de défense française. » Et pour elle, c’est de la faute des partis qui ont gouverné jusque-là.
Transition écologique « stop ou encore ? »
Les journalistes ont rappelé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2040, et questionné les participants sur leur position vis-à-vis de la transition écologique en posant cette question : faut-il mettre en pause la transition écologique ? Manon Aubry a commencé, en déclarant qu’« il ne faut pas faire une pause sur les règles en matière environnementale ». Il faut tout changer en Europe. Mettre fin au libre échange, aux politiques d’austérité, mettre en place des prix planchers rémunérateurs pour les agriculteurs. Elle a par ailleurs accusé Jordan Bardella de « cajoler les entreprises, de faire le choix des PDG ». Lui a parlé de faire une pause et mettre en place plus de contraintes pour que la France retrouve sa souveraineté. À lire aussi Agriculture : Jordan Bardella souhaite sortir des « accords de libre-échange » Valérie Hayer a assumé le Pacte vert, porté par son parti, pour « permettre à nos enfants de jouer avec des jouets qui ne sont pas toxiques ». Elle a insisté sur le vivier d’emplois que peut devenir l’écologie. Marie Toussaint s’est adressée aux auditeurs : « La catastrophe n’est pas de votre faute, mais de celle des lobbies. » Pour elle, il faut recommencer à acheter et produire en Europe, créer une TVA verte. « Il faut se mobiliser pour trouver les solutions », a-t-elle déclaré. Marion Maréchal a ironisé : « Il faudra attendre d’avoir du vent pour prendre sa voiture ? » Elle a assumé la position de s’appuyer sur le nucléaire pour arriver à une indépendance énergétique. Raphaël Gucksmann, lui aussi, pense qu’« il faudra du nucléaire comme énergie de transition ». Et pour financer la transition écologique, il a appelé à taxer les plus hauts patrimoines
Immigration : accueillir ou fermer, quelle proposition ?
Marion Maréchal a demandé à ce que les pays arrêtent de soutenir cette immigration illégale, qui amène avec elle des « infiltrations terroristes. » « Notre volonté est de dissuader, d’empêcher et de renvoyer. » Marion Aubry a, au contraire, posé la position inverse, avec une volonté de garder « un accueil digne ». Pour elle, la politique migratoire actuelle est inefficace. Il faut aider les autres pays d’Europe à continuer à offrir cet accueil digne. Jordan Bardella veut protéger les frontières de l’Europe ; « l’immigration est le plus grand défi de l’Europe : qui sommes-nous ? » Pour lui, il faut stopper ce « guichet social ». À lire aussi Royaume-Uni : une loi permettant l’expulsion au Rwanda des immigrés clandestins adoptée par le Parlement Pour Valérie Hayer, il y a différents types d’immigrations : il faut se concentrer sur les flux irréguliers. Jordan Bardella a continué de lui demander si elle trouvait qu’il y avait trop d’immigration, une question qui est évitée par la candidate Renaissance, à plusieurs reprises. Raphael Glucksmann a commenté « vos slogans d’estrade sur l’immigration zéro, c’est une vidéo TikTok ». Il faut que « l’hypocrisie cesse ». Nous avons besoin d’une « voie de migration légale » a-t-il conclu. François-Xavier Bellamy a tenté d’expliquer sa position. « Il y a trop d’immigration en France », commence-t-il. « Et c’est la faute des politiques de gauche ». Le Pacte Asile Immigration est désormais vidé de son sens, après trop de compromis fait auprès des partis de gauche siégeant au parlement européen. Pour Marie Toussaint, on a besoin de ces migrants. « Le plus grand défi n’est pas l’immigration mais la l’urgence climatique. » Pour elle, il faut mettre en place une politique migratoire européenne et non nationale. « Laisser crever les gens en Méditerranée ne les empêchent pas de venir », martèlait-elle
Guerre commerciale avec la Chine et les États-Unis
« Vous qui êtes l’Europe, que dites vous à la Chine ? » a demandé l’animateur du débat aux participants. « Le temps de la naïveté est révolu » a répondu Raphaël Glucksmann, qui appelle à la surtaxe des produits chinois. Il a interpellé Valérie Hayer, qui a répondu, « on a besoin de la Chine. » À lire aussi Frédéric Encel au JDD : « L’Iran ne peut pas compter militairement sur la Russie ni sur la Chine » Pour Manon Aubry, il ne doit pas y avoir une guerre du libre échange contre nos agriculteurs et nos producteurs. Il faut se concentrer sur une production française, mettre en place un plan de délocalisation industriel. Il faut relancer nos entreprises a annoncé Marion Maréchal, et sortir de « l’enfer fiscal » qui pèse sur les entreprises françaises et les poussent au départ. Aujourd’hui « un modèle comme Airbus ne fonctionnerait plus » a-t-elle regretté.