Récifs de corail : le réchauffement climatique cause le pire épisode de blanchissement mondial

Le phénomène menace la survie des récifs sur tout le globe, de la mer Rouge au Pacifique sud.

Pour la deuxième fois en dix ans, et pour la quatrième fois depuis le début des mesures en 1985, le monde connaît un épisode massif de blanchissement des coraux, à cause de températures océaniques records. C’est l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) qui a confirmé l’alerte lundi 15 avril. La semaine dernière, on apprenait que la Grande Barrière de corail en Australie, plus grand récif du monde et le seul visible depuis l’espace, était particulièrement affectée mais le phénomène menace, plus largement, la survie des récifs sur tout le globe, de la mer Rouge au Pacifique sud. «De février 2023 à avril 2024, un blanchissement important a été observé dans les hémisphères nord et sud de chaque grand bassin océanique», résume le coordinateur de l’observatoire des récifs coralliens de la NOAA, Derek Manzello. Et d’asséner : le dépérissement des coraux «devient de plus en plus fréquent et grave».

Mercredi 17 avril, c’est au tour des autorités australiennes de confirmer l’ampleur du phénomène. Entre la surchauffe des océans, les cyclones tropicaux ayant touché le nord du continent et la présence accrue d’étoiles de mer dévoreuses de corail, «les impacts cumulés subis par le récif cet été ont été plus importants que les étés précédents», pointent-elles dans un bilan faisant état du blanchissement massif en cours dans la mer de Corail.

La température des océans, qui jouent un rôle clé dans la régulation du climat mondial, a atteint un nouveau record absolu en mars, avec 21,07 °C de moyenne mesurés en surface, hors zones proches des pôles, selon l’observatoire européen Copernicus. «L’ampleur et la gravité du blanchissement massif des coraux sont la preuve évidente des effets néfastes du changement climatique à l’heure actuelle», commente Pepe Clarke, de l’ONG environnementale WWF, qui voit dans cet épisode «un exemple visuel et contemporain de ce qui est en jeu avec chaque fraction de degré de réchauffement».

30 à 50 % des récifs pourraient disparaître

Le processus, qui se traduit par une décoloration des colonies de minuscules créatures appelées polypes, peut mener à leur mort en cas d’exposition prolongée ou sévère au stress thermique. L’Agence américaine estime que 30 à 50 % des récifs de planète pourraient, sans changement majeur, complètement disparaître d’ici la fin du siècle. Avec de terribles conséquences potentielles sur les écosystèmes océaniques et la population humaine dans les régions concernées puisque cela pèserait sur la sécurité alimentaire et les économies locales, notamment le tourisme. Selon le WWF, environ 850 millions de personnes dans le monde dépendent des récifs pour leur alimentation ou leur emploi.

Mais le phénomène n’a rien d’inéluctable. Les coraux touchés peuvent survivre si les températures baissent et le meilleur moyen de les préserver serait donc d’atténuer enfin l’ampleur du réchauffement en faisant baisser les émissions de gaz à effet de serre. D’autres facteurs néfastes, comme la surpêche ou la pollution, peuvent aussi être réduits pour œuvrer à leur survie. Lundi, la NOAA fait aussi assaut d’optimisme en se félicitant d’«avancées significatives» dans le développement de techniques contre le blanchissement.

Ces dernières consistent notamment à «déplacer les pépinières de coraux vers des eaux plus profondes et plus fraîches», explique-t-elle, ou, dans d’autres zones, à installer des ombrages pour protéger les récifs des rayons du soleil.