Projet Azorian : quand la CIA construisait un bateau espion, à la recherche d'un sous-marin soviétique disparu dans le Pacifique
Le Hughes Glomar Explorer mesurait 619 pieds de long.
C’est l’histoire d’une exploration à la découverte de galets riches en métaux dissimulés au fond de l’océan, qui s’est finalement avérée être une couverture. Dans les années 1970, la CIA a entrepris une mission d’envergure au nord d’Hawaï afin de récupérer des informations sur les Soviétiques.
En 1974, le Hughes Glomar Explorer a fait parler de lui. Ce bateau minier que l’on pensait appartenir au milliardaire américain Howard Hughes était si gros qu’il ne pouvait pas franchir le canal du Panama. Sa mission ? Extraire des nodules de manganèse dans le fond de l’océan au nord-ouest d’Hawaï.
Enfin, c’est ce que tout le monde pensait. Le navire était en fait l’instrument du projet Azorian, une mission secrète pour la CIA, révèle un rapport de la CIA rendu public le 1ᵉʳ avril 2010.
Pour l’agence centrale de renseignement américaine, les nodules de manganèse, des galets riches en métaux au potentiel énergétique, n’avaient que peu d’importance. Seuls comptaient les missiles balistiques et les plans secrets russes emprisonnés dans un sous-marin nucléaire perdu par les Soviétiques au nord-ouest d’Hawaï en mars 1968 : le K-129 de classe Golf II.
Une technologie de dernière génération
Les services secrets américains savaient que les Russes avaient perdu la trace du navire et de ses 98 membres d’équipage, et ce, malgré deux mois de recherche. Grâce à un suivi acoustique de dernière génération, les États-Unis avaient pour leur part réussi à localiser le sous-marin.
Ils se sont donc lancés dans une mission ambitieuse : construire un navire minier de 619 pieds de long et fabriquer un scénario qui leur servirait de couverture pour traverser l’océan Pacifique sans attirer l’attention. Il aura fallu six années pour mettre à l’eau le Glomar.
“Le niveau de détail, la taille et l’audace de l’opération étaient assez incroyables”, a déclaré Andrew Hammond, historien et conservateur de l’International Spy Museum, à Popular Mechanics dans un article publié le 2 mai 2024.
Une mission à moitié réussie
La stratégie fignolée, il a fallu trouver le moyen de remorquer le sous-marin. Selon le rapport déclassifié, “aucun pays au monde n’avait réussi à soulever un objet de cette taille et de ce poids depuis une telle profondeur”. Les ingénieurs ont opté pour un treuil monté sur un navire spécialement modifié.
Le 4 juillet 1974, le Glomar est arrivé sur le site de l’épave. L’équipage a passé des semaines à tenter de récupérer le sous-marin sous la surveillance de navires soviétiques, sans jamais flancher. Mais après avoir remonté l’épave à environ 9 000 pieds de profondeur, le sous-marin s’est brisé en deux.
La CIA s’est finalement contentée d’une partie de l’équipement. Elle l’a fait rapatrier à Hawaï pour être analysée, rapporte Popular Mechanics. Le contenu retrouvé n’a pas été révélé par les services secrets, mais la mission, elle, par son ampleur, restera gravée dans les annales.