Peugeot 2008 restylée : quel plaisir de conduite !
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ESSAI AUTO DU WEEK-END – Avec son avant encore plus agressif, ce mini-SUV reste un exemple. Dynamique, précis et agile, il procure un agrément de conduite rare. Mais mieux vaut attendre la future mécanique hybride (48 volts) !
Lancé fin 2019, le Peugeot 2008 s’est rapidement imposé. Il vient de dépasser la barre du million de ventes au cumul dans le monde et reste sans conteste le premier SUV sur le marché tricolore. Avec presque 50 000 unités immatriculées en France l’an dernier, il devance de 2 200 exemplaires son rival historique, le Renault Captur. Produit en Espagne, ce petit SUV est même le cinquième modèle le plus prisé des Français, tous véhicules confondus, derrière les petites berlines citadines Renault Clio, Peugeot 208, Dacia Sandero et Citroën C3.
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Restylé à l’automne dernier, le 2008 arrive actuellement dans sa nouvelle configuration chez les concessionnaires, avec sa nouvelle face avant, encore plus agressive selon les canons du moment.
Le choix assumé du bling-bling
Au programme : trois grosses griffes lumineuses de chaque côté, au lieu d’une seule précédemment. Peugeot a depuis longtemps tourné le dos à sa sobre élégance de naguère. Au profit d’un bling-bling assumé, qui lui réussit vu le succès des 208, 2008 et 3008 ! Le reste de la carrosserie ne change pas. Celle-ci a le mérite d’une grande originalité. Ce 2008 ne ressemble à aucun autre SUV. Résultat du travail de Gilles Vidal, ex-patron du style de la marque au lion passé depuis chez Renault, le véhicule multiplie les lignes brisées et les plis de tôle. Il semble toutefois que le vent de la mode tourne chez Peugeot. Le futur 3008 n’arbore-t-il pas des lignes plus douces et lisses ?
A l’intérieur, petit volant, instrumentation surélevée, grand écran qui surplombe une planche tout en angles, persistent. C’est la marque de fabrique des dernières Peugeot, le fameux « i cockpit ». Sa position de conduite particulière gênera certains, puisqu’il faut regarder les compteurs par-dessus la jante du volant. Pas adapté à tous les gabarits, avec ce volant bas qui tombe un peu entre les jambes. Pour nous, pas de problème, on s’y habitue !
Peugeot n’a pas profité du restylage pour améliorer ses plastiques, bas de gamme autour du combiné d’instruments. Il a préféré investir dans l’infodivertissement, puisé dans les dernières générations de Peugeot 408, 308, Citroën C5X, DS4… Hélas. Les petites touches pas très visibles pour accéder aux menus ne sont guère pratiques. Et le système est plus complexe et confus qu’avant.
Peugeot 2008 restylé. Crédit: Peugeot
De plus en plus liberticide…
En outre, Peugeot devient de plus en plus dictatorial, suivant l’évolution liberticide des normes imposées par Bruxelles. Les réglages du conducteur ne sont ainsi plus respectés. Les bips-bips de stationnement sont omniprésents. Et, à chaque enclenchement de la marche arrière, ils se remettent en marche comme chez Volkswagen. Alors que, vu les caméras avant et arrière, ils ne servent à rien. On peut certes réduire leur intensité sonore, mais pas les éradiquer comme précédemment. En plus, dès que l’on s’approche d’un obstacle, de nouveaux bips-bips surgissent, impossibles à supprimer. Tout cela agace en ville. Nous conseillons de vous priver de ce « pack Visiopark 2 » à 480 euros. Préférez un ensemble réunissant la navigation pour 630 euros et un « pack Visiopark 1 » avec caméra de recul seulement, moins élaboré mais donc moins irritant !
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L’alerte de changement de ligne ne se déconnecte plus à partir d’un simple bouton. Non. Il faut désormais faire plusieurs clics sur l’écran. Ou alors suivre une programmation qu’un ingénieur de la marque nous a aimablement suggérée, tellement compliquée qu’on ne l’aurait jamais trouvée tout seul. Pour initiés seulement. Mais ça vaut le coup. Car, on peut alors, à nouveau, d’une forte pression sur un bouton abscons, enlever cette alerte. Bref, l’ergonomie générale régresse.
Heureusement, l’habitabilité reste satisfaisante pour le gabarit, malgré une hauteur limitée à l’arrière et un seuil d’accès important. Le coffre demeure pratique. Mais un peu de couleur dans l’habitacle aurait rendu celui-ci plus gai et chaleureux.
Vivacité et facilité à monter dans les tours
Il est étrange que Peugeot n’ait pas utilisé le restylage pour introduire son nouveau 1,2 revu et corrigé, à hybridation légère de 48 volts. Faute de montée en cadence suffisante, cette mécanique de 136 chevaux n’est pas encore disponible en masse. Résultat : elle n’équipe pour l’instant que les SUV de catégorie supérieure, les 3008, 5008 et Citroën C5 Aircross. Elle n’arrivera sur ce 2008 qu’au début du printemps 2024. L’actuelle mécanique, développant 130 chevaux, reste au programme.
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En attendant. Le moteur tricylindre étonne toujours par sa vivacité, sa facilité à monter dans les tours, servies par une remarquable boîte automatique à huit vitesses d’origine japonaise Aisin. En mode Sport – réglable à travers une molette mal placée, sous l’accoudoir central -, les rétrogradages sont rapides, sur un simple coup de frein. Et un mode manuel 100 % manuel existe pour les descentes accentuées – via un mini-bouton également peu fonctionnel. Par bonheur, on n’en aura pas beaucoup besoin tant la boîte fonctionne avec une pertinence enviable. Bref, on s’amuse bien avec cette mécanique pétillante et pleine de ressources, bien que creuse à bas régime.
On peut toutefois lui reprocher un niveau sonore élevé en accélération et une certaine rugosité de fonctionnement. La mécanique hybridée de 136 chevaux, testée en juin 2023 sur le 3008, sera plus douce et silencieuse. Ce sont surtout les consommations qui pêchent ici, sur ce 1,2 de 130 chevaux. Impossible de descendre sous les 7,5 litres de sans-plomb aux cent sur parcours route-autoroute-ville. On est loin des 5,5 litres relevés par exemple sur un Renault Arkana E-Tech, pourtant plus gros.
Peugeot 2008 restylé. Crédit: Peugeot
Quelle agilité, incroyable !
Les suspensions ne sont pas les plus souples du marché. Et ça percute sur les pavés, bosses ou ornières. La voiture n’est pas inconfortable pour autant. Loin de là. Quoique ferme, elle demeure même l’une des plus douces aux fessiers dans la catégorie. Le constructeur monte étonnamment des pneumatiques à flancs suffisamment hauts, qui arrangent bien les choses. Le hic : les secousses sont subjectivement amplifiées par quelques bruits de suspension, de roulement et des petites vibrations, qui dérangent surtout sur les pavés. De ce point de vue, le 2008 a vieilli.
En revanche, côté précision de conduite, c’est toujours une merveille. Rien à redire. Et les qualificatifs manquent pour décrire l’intense plaisir ressenti à son volant. Enchaîner les virages et corriger au dernier moment la trajectoire procurent à l’amateur une jubilation bien supérieure à celle éprouvée avec la concurrence. On se faufile avec un dynamisme déconcertant. Quel que soit le revêtement. La direction est diabolique de finesse. Attention, elle se montre toutefois très directe ! La sportivité n’est pas qu’un slogan marketing chez Peugeot. Merci. On apprécie tant cela se perd.
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La gamme démarre en 100 chevaux à 26 500 euros (version Active) selon les tarifs du 4 janvier, révisés à la hausse. Pour la 130 chevaux et boîte auto de notre test, il faut accéder étrangement à l’Allure (deuxième niveau de finition), à 31 800 euros. A noter que la future version hybridée de 136 chevaux appelée Hybrid e-136-DCS6 est déjà au tarif. L’écart est minime, puisque la nouvelle génération mécanique sera affichée à 32 500 euros (toujours en finition Allure). La différence équivaut presque au montant du malus (540 euros) qu’il faut payer pour le 130 chevaux. La nouvelle version en sera dispensée… Jusqu’à quand ?
Paradoxalement, la nouvelle mécanique à essence avec un moteur électrique de 48 volts sera plus accessible. Car on pourra l’acheter en… version de base Active (à 30 700 euros). Sinon, la finition Allure n’est pas très intéressante, car elle comporte encore de graves lacunes d’équipement. Le GPS est ainsi absent.
Ce 2008 a de beaux restes, avec des atouts majeurs comme le comportement routier souverain et la vivacité mécanique, quasi-uniques à ce niveau de gamme. Il reste l’un des meilleurs SUV de la catégorie. Vivement le nouveau moteur ! Mieux vaut donc attendre.
Peugeot 2008 restylé. Crédit: Peugeot
Prix du modèle d’essai : Peugeot 2008 Pure Tech 130 EAT8 Allure : 31 800 euros (+540 euros de malus)
Puissance du moteur : 130 chevaux (essence)
Dimensions : 4,30 m (long) x 1,77 (large) x 1,54 (haut)
Qualités : Comportement routier agile et dynamique, direction précise, mécanique vivante, boîte auto remarquable, habitabilité satisfaisante, ligne et agencement intérieur personnels, position de conduite adéquate (pour certains gabarits)
Défauts : Moteur sonore et rugueux, consommations pas si basses, bruits de roulement, ergonomie en régression, bips-bips irritants, plastiques médiocres, habitacle noir, commande du mode manuel et Sport farfelue
Concurrentes : Renault Captur mild hybrid 160 EDC Techno : 29 200 euros ; Ford Puma Ecoboost 125 Powershift Titanium X : 29 400 euros ; Nissan Juke Hybrid 143 N-Connecta : 32 350 euros
Note : 14,5 sur 20