Manifestations à Sciences-po Paris : qu’est-ce qu’un « town hall », cette rencontre prévue entre étudiants et direction ?
Occupation de Sciences Po par des étudiants pro Palestine le 26 avril 2024. LP / Fred Dugit
Après plusieurs journées de mobilisation étudiante pour protester contre les frappes israéliennes à Gaza, un échange entre la direction et les étudiants de Sciences-po doit avoir lieu ce jeudi. Des syndicats étudiants ont annoncé il y a quelques jours la tenue d’un « town hall », qui doit permettre de « continuer le dialogue et de l’approfondir », écrit l’Unef.
Ce terme est directement importé des États-Unis. Il désigne « un bâtiment dans lequel travaillent des fonctionnaires et des employés du gouvernement local et dans lequel des réunions publiques peuvent avoir lieu », définit le dictionnaire Cambridge. Plus largement, l’expression s’applique à une rencontre entre les représentants et les membres d’une même institution, lors de laquelle des échanges sont organisés.
« Rencontrer le corps étudiant pour les entendre »
Un « town hall » désigne à l’origine des rencontres entre des politiciens locaux et leurs électeurs, lors desquelles les élus répondent à des questions. Nikki Haley, candidate aux primaires républicaines contre Donald Trump, en avait ainsi mené un début janvier dans le New Hampshire, quelques jours avant le passage au vote. Un spectateur avait demandé à la candidate : « quelle est la cause de la guerre civile aux États-Unis ? » Nikki Haley avait déclenché un tollé en ne mentionnant pas l’esclavage dans sa réponse.
Mais ce même modèle se retrouve dans d’autres institutions, comme les universités. Les « town hall » sont un moyen pour la direction d’un établissement « de rencontrer le corps étudiant pour les entendre sur des sujets d’intérêt ou pour discuter d’une législation spécifique à venir », écrit l’université d’État de Caroline du Nord (États-Unis). L’université précise que ce système a déjà été utilisé pour parler de la tarification des études et de la réponse de l’établissement à la pandémie de Covid-19.
Les étudiants de Sciences-po Paris devraient aborder plusieurs questions jeudi. D’une part celle des partenariats de l’école avec les universités et organisations israéliennes : les manifestants de ces derniers jours demandent leur suppression. Ils réclament également que « Sciences-po prenne publiquement position sur le conflit israélo-palestinien » et « condamne clairement le génocide à Gaza », avait expliqué un membre du comité Palestine dans nos colonnes.
L’Union étudiante demande également « la cessation définitive de toutes les procédures disciplinaires, aussi injustes qu’injustifiées, engagées depuis le sit-in de la semaine dernière » dans les locaux de Sciences-po Paris. Les organisations étudiantes ont déjà obtenu la semaine dernière la suspension de ces sanctions.
Quelles modalités pour le « town hall » de Sciences-po ?
Le « town hall » de jeudi aura lieu « dans le respect des règles classiques du débat », a déclaré aux étudiants la direction de l’école dans un mail, obtenu par Le Figaro. La réunion devra se faire « sans banderole, drapeaux ou slogans », « avec un temps de parole limité pour chaque intervention ». La présence des élèves, mais aussi d’enseignants, sera possible dans « la limite des places disponibles ».
Cinq organisations étudiantes – Nova, Solidaires étudiant.e.s, Union étudiante, UNI et Unef – pourront prendre la parole pendant trois minutes chacune, avant que le micro soit tendu à l’assemblée pour d’éventuelles questions. Le débat devrait durer deux heures, selon le quotidien.
Difficile de savoir à l’avance si la direction de Sciences-po compte prendre de nouvelles décisions à l’issue de ce « town hall ». « Il ne doit pas s’agir d’un face-à-face entre la direction et les étudiants mobilisés, mais d’un débat avec l’ensemble des parties prenantes : professeurs, étudiants et salariés », a expliqué mardi au Monde Jean Bassères, administrateur de l’IEP. Lui semble déjà avoir pris parti sur le sujet des partenariats avec des organisations israéliennes, expliquant qu’il « serait dommageable de les arrêter. Je suis prêt à expliquer ma position, mais je n’envisage pas de renoncer à ces partenariats. »