Lyon: dans le square du Béguin, des jeunes migrants toujours en attente d'une solution d'hébergement
Ces quelque 80 exilés vivent dans des tentes depuis trois mois et souffrent des épisodes pluvieux. Si leur minorité n’a pas été reconnue par la métropole, ils ont déposé un recours.
Au milieu du square du Béguin, dans le 7e arrondissement de Lyon, des vêtements tentent difficilement de sécher sur des barrières de sécurité. La multiplication des épisodes pluvieux, ces dernières semaines, a encore un peu plus dégradé les conditions de vie des jeunes migrants qui s’y sont installés il y a trois mois.
Des migrants au square Béguin, à Lyon
Face au ruissellement, ces quelque 80 exilés ont dû élever leurs tentes et les poser sur des palettes de bois. Mais cela n’empêche pas les gouttes de transpercer les tissus et de s’inviter à l’intérieur.
“Où on dort, avec la situation, ce n’est pas juste. On dort en bas de la tente, la pluie nous chicotte”, souffle un jeune migrant, épuisé, au micro de BFM Lyon. Dans de telles conditions, “tu te sens mal partout”. Il se désespère: “on est obligés d’assumer puisqu’on ne veut pas nous aider”.
“On lance un grand appel”
Les exilés du square du Béguin clament leur minorité, mais la métropole de Lyon ne la reconnaît pas. Aujourd’hui, ils attendent que leur recours soit consulté par un juge, une procédure qui peut s’étaler sur six mois.
La métropole le rappelle: dès lors que leur minorité n’est pas confirmée, la prise en charge de ces jeunes hommes, pour l’écrasante majorité, incombe à l’État.
“On lance un grand appel au niveau de l’État, au niveau du gouvernement: s’il vous plaît, on a besoin de vous”, s’émeut Ibrahim, les mains jointes en guise de prière.
Des manifestations devant la métropole pour alerter
Pour l’heure, les journées sont longues et les nuits sont blanches. Mais les jeunes migrants s’accrochent et manifestent parfois devant la métropole.
“On n’a pas le choix. On est obligés de tenir jusqu’à un certain niveau”, ajoute Ibrahim, le visage partiellement dissimulé derrière un masque. “On n’a pas nos familles, on n’a pas nos frères, on n’a personne. Ce n’est pas une vie. On se lave difficilement…”
Selon une enquête menée par les associations à travers toute la France, près de 4.000 jeunes partagent le même quotidien. À Lyon, on estime à 120 le nombre de personnes vivant dans des squats.
“Ils ont envie d’apprendre”
50 à 80% des jeunes exilés seront reconnus mineurs après plusieurs mois passés dans la rue. Pourtant, selon Sébastien Gervais, membre du Collectif soutien migrants Croix-Rousse, “on voit que les situations individuelles évoluent pour chaque jeune, dans l’immense majorité des cas, très bien” une fois leur prise en charge validée.
“C’est-à-dire qu’ils sont scolarisés. Tous les profs sont contents d’eux parce qu’ils ont envie d’apprendre”, déroule l’intéressé à notre micro. “Ils trouvent des patrons facilement parce qu’ils sont en général orientés: en cuisine, en bâtiment, dans les branches où il y a besoin de main-d’œuvre en fait.”
Pour les soutiens des jeunes migrants, le plus alarmant se situe certainement dans le fait que “les lieux” qui pourraient être réquisitionnés, dans l’attente de l’étude de leur dossier, “ne manquent pas”.