L’odeur du popcorn dans le hall de la piscine, les “kop” du vainqueur sortant de l’université de Californie et d’Arizona State (ASU) le favori qui se font face en tribune. Serre tête à pompons façon oreilles d’ours en référence au logo des Californiens face à la version cornes de petit diable des Sun Devils, l’université de Léon Marchand. Du spectacle dans les tribunes et dans l’eau pour cette première soirée de finales NCAA à Indianapolis. Une soirée débutée par une défaite d’ASU sur le relais 4×50 yards 4n et Léon Marchand qui perd également la meilleure marque lancée de l’histoire sur 50 brasse, battue de deux centièmes par Liam Bell (22″25 contre 22″27 pour Marchand).
Léon Marchand lors des championnats du monde de natation à Fukuoka (Japon), le 23 juillet 2023
Cinq records détenus sur les courses individuelles
Mais quarante minutes plus tard, sous les yeux de ses parents, de son petit frère et de son avocate, présents dans le coin des supporters de l’Arizona, le Français a impressionné au départ du relais 4×200 yards nage libre en s’offrant le record NCAA… qui venait d’être battu dans la série précédente (1’28″97 pour Marchand contre 1’29″13 pour Luke Hobson). Un record de plus pour Léon Marchand qui en détient désormais cinq sur les courses individuelles (500 nl, 200 4n, 400 4n, 200 brasse et donc 200 nl) et qui lance parfaitement une compétition où il est l’attraction numéro un.
“C’est la MarchAND Madness” s’amuse Tommy, nageur de l’université de Louisville en référence à la “March Madness” ou “folie du mois de mars”, nom donné aux finales des championnats universitaire américain. “J’adore sa façon de nager. C’est magnifique. Sa nage est incroyable et il peut à peu près tout faire…” “Voir Léon nager c’est excitant, enchaîne Ty de l’université du Missouri. Il emmène notre sport sur un niveau jamais atteint. C’est magnifique à voir.” Son coéquipier Grant poursuit. “Il est assez fun à voir nager. C’est fou de voir les barrières qu’il casse. Et qu’il va encore casser je l’espère. Il rend ce sport fun à regarder et le fait grandir.”
Neal Studd, entraîneur (anglais) de Florida States ose la comparaison. “Il est le nouveau Michael Phelps”. Et d’argumenter son propos. “Ses capacités techniques, son travail, ses coulées, ça lui donne les outils pour être le meilleur du monde. Ils font du bon boulot avec Bob (Bowman son entraîneur). Toutes les épreuves qu’il est capable de nager… J’en reviens à la comparaison avec Michael Phelps car il y a tellement de similarités sur ce point. Il peut nager tellement d’épreuves, il a tellement d’options et d’armes, comme en avait Michael.” Clin d’oeil de l’histoire, qui décidément colle au bonnet du français, c’est dans cette piscine d’Indianapolis que Michael Phelps avait décroché en 2000 sa première qualification pour des Jeux olympiques. Léon Marchand n’était pas né…
Une notoriété pour le moment cantonnée au petit milieu de la natation aux Etats Unis. Mais peut être plus pour longtemps. En témoigne la présence de journalistes américains de médias généralistes comme Jenny Vrentas du New York Times, venue notamment observer le jeune Français en vue des Jeux de Paris. “Avoir battu le dernier record de Michael Phelps l’été dernier a marqué les esprits des américains. Il n’est pas encore totalement connu du grand public, mais il le sera certainement après les Jeux olympiques.” Et pas seulement parce que le Français est entraîné par Bob Bowman, le mentor de Michael Phelps. “On s’attend à ce qu’il soit l’une des grandes stars des prochains JO y compris pour nous aux Etats Unis, poursuite Henry Buschnell qui prépare un portrait du français pour Yahoo USA. La natation est l’un des sports des JO les plus suivi aux Etats Unis, et n’importe quel nageur qui gagnerait plusieurs médailles d’or devient un énorme sujet ici. Particulièrement si en plus ce nageur est originaire du pays hôte!”
Léon Marchand tout sourire a échangé quelques mots en partant avec le directeur technique national de la fédération française Julien Issoulié qui a fait le déplacement. Visiblement (très) satisfait de son entrée en matière. Vite rapatrié par son entraîneur Bob Bowman, jamais loin, et pressé de rentrer à l’hôtel. “Bonne soirée!”, a glissé de concert le duo en passant devant les journalistes en quittant la piscine. La case média n’était pas au programme de cette première soirée. Car la semaine ne fait que commencer pour Léon Marchand. Le Toulousain disputera ce jeudi sa première course individuelle, le 500 yards nl (séries 15h et finale 23h) dont il a battu le record NCAA lors de sa dernière sortie au début du mois.
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