La Chine pourrait accueillir le plus grand accélérateur de particules du monde, selon le président du Cern
Le grand colisionneur de particules hadrons (LHC) exploité par le Cern est actuellement le plus grand accélérateur de particules au monde.
Le Centre européen pour la recherche nucléaire (Cern) dispose actuellement du plus grand accélérateur de particules au monde. Mais le président du Cern, Eliezer Rabinovici, estime que la Chine pourrait en construire un plus imposant.
Il fait 27 kilomètres de long et s’étend entre la Suisse et la France. Le grand collisionneur de hadrons (LHC) est le plus grand accélérateur de particules au monde. Il permet aux scientifiques d’étudier la composition des plus petites particules en les faisant se percuter à la vitesse de la lumière.
Mais cet instrument scientifique pourrait être dépassé par la Chine. C’est du moins ce que pense le président du conseil du Centre européen pour la recherche nucléaire (Cern) Eliezer Rabinovici. Celui-ci s’est dit selon le South China Morning Post “confiant” quant aux capacités de l’empire du Milieu à mettre sur pied le plus grand accélérateur de particules au monde, détrônant ainsi l’instrument franco-suisse du Cern.
“Les scientifiques chinois peuvent construire cette machine”, a-t-il déclaré lors d’une visite début avril, relate South China Morning Post.
Des capacités scientifiques chinoises sous-estimées selon le président du Cern
La Chine prévoit depuis plusieurs années de bâtir un accélérateur de particules de 100 km de long. Soit près de quatre fois plus que le LHC (27 km), actuel plus grand accélérateur au monde. Ce collisionneur circulaire électrons-positrons (CEPC) est évalué à un coût de construction de 5 milliards de dollars. Mais pour l’heure, l’accord du gouvernement chinois se fait encore et toujours attendre.
Le projet de collisionneur chinois a engendré un débat sur la nécessité de construire une telle infrastructure. Parmi les détracteurs figure d’ailleurs le prix Nobel Chen Ning Yang, considéré comme une légende de la physique dans le pays. En 2016, il affichait clairement son opposition, notamment afin de soutenir plus efficacement le développement économique ou la protection de l’environnement.
Mais près de 10 ans plus tard, le constat ne serait plus du tout le même, selon Eliezer Rabinovici. Lorsque le président du conseil du Cern, mais aussi professeur émérite de physique à l’université hébraïque de Jérusalem, relit les déclarations de son confrère, il considère que les capacités scientifiques de la Chine ont été “sous-estimées”.
“Au fil des ans, de nombreux physiciens chinois ont travaillé au Cern et ont acquis des connaissances et de l’expérience. Ces personnes sont très compétentes”, assure-t-il après avoir pu constater “d’énormes progrès” dans la science chinoise lors de sa visite.
Un accélérateur de particules bien plus grand dans le viseur du Cern
Si l’avis d’Eliezer Rabinovici a autant d’impact, c’est parce que le Cern est lui-même en train de finaliser un projet pour construire un collisionneur encore plus imposant. Contre les 27 km de son LHC, il est désormais envisagé de mettre sur pied un accélérateur de 90,7 km. Baptisé pour l’heure FCC (pour futur collisionneur circulaire), les États membres du Cern doivent donner leur aval pour une construction à partir de 2030 et une mise en service une dizaine d’années plus tard.
Or, lors de sa visite en Chine, le président du conseil du Cern a retrouvé des équipes au même stade de réflexion que les scientifiques européens. Les similitudes entre les travaux préparatifs autour du projet chinois de CEPC et ceux du FCC franco-suisse l’ont frappé.
“Leur approche des défis n’est pas très différente de celle du Cern. Je suis donc convaincu que les scientifiques chinois peuvent y parvenir”, a confié Eliezer Rabinovici.
Le LHC a permis de découvrir le boson de Higgs, la “particule de Dieu”
Surtout, l’idée de construire un accélérateur de particules en Chine découle directement des découvertes réalisées dans l’infrastructure européenne. C’est en 2012 que le projet s’est concrétisé en Chine, soit la même année que la mise en évidence au sein du LHC du boson de Higgs, aussi appelée “particule de Dieu”.
Cette découverte avait d’ailleurs conduit à ce que Peter Higgs décroche le prix Nobel de physique en 2013. Cette récompense avait salué ses travaux théoriques qui supposaient dès 1964 l’existence de cette particule qui attribue une masse à presque toutes les autres.
En amont de la visite d’Eliezer Rabinovici en Chine, le scientifique Wang Yifang, principal porteur du projet de collisionneur chinois, avait indiqué qu’une construction pourrait débuter en 2027. Cette déclaration faisait suite à un accueil jugé enthousiaste du rapport de conception scientifique du CEPC. Malgré cela, l’attente d’un feu vert du gouvernement chinois se fait toujours attendre.