« Il y a des accords, des désaccords » : Emmanuel Macron assume l’invitation de Xi Jinping en France
Le chef de l’État a défendu l’invitation en grande pompe de son homologue chinois, en marge de la commémoration du 8-Mai. REUTERS/Johanna Geron/Pool
Au lendemain de la visite de Xi Jinping, Emmanuel Macron assume toujours son choix. En marge des commémorations du 8-Mai, le président a balayé ce mercredi les accusations de complaisance après sa rencontre avec son homologue chinois, invité en France lundi et mardi. Il a évoqué leurs échanges lorsqu’il s’est entretenu quelques minutes avec Yves de Gaulle, le petit-fils du général de Gaulle, à qui le président a rendu hommage en ce jour de célébration de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie.
«Ã‚ Il y a des accords, des désaccords (…). Les gens voudraient aujourd’hui qu’on ne fasse de la diplomatie qu’avec uniquement les gens qui pensent comme nous. Ce qui n’est pas vraiment le sens de la diplomatie », a argué le chef de l’État, cité par BFMTV. « C’était très émouvant de l’avoir là », a-t-il poursuivi, assurant que son homologue chinois « est très attaché àcette relation » entre Paris et Pékin.
« Bousculer les habitudes et les idées reçues »
Emmanuel Macron a aussi estimé que cette visite de deux jours, marquée notamment par une visite dans les Pyrénées, dans le col de Tourmalet, avait une résonance historique particulière. Il y a 60 ans exactement, le général de Gaulle lui-même, alors président de la République, avait pris l’initiative de se rapprocher de Pékin et de nouer des relations diplomatiques en reconnaissant la Chine de Mao, au grand dam de Washington.
«Ã‚ Vous vous en souvenez certainement, c’est un choix qui avait suscité l’hostilité de nos alliés. C’était quasi hystérique parfois », s’est rappelé Yves de Gaulle, toujours cité par le site. « Les gens oublient qu’on fait parfois de grandes choses en bousculant les habitudes et les idées reçues. Lesquels, après avoir tous hurlé, ont tous suivi. Heureusement qu’il l’a tôt fait, sinon… Nous aurions été pris au piège de cette histoire. C’est la seule génération qui pouvait le faire », a abondé le président.
L’accueil en grande pompe du président chinois avait notamment indigné la communauté ouïghoure française, à l’heure où plus d’un million de Ouïghours ou de membres d’autres groupes ethniques, principalement musulmans, ont été internés dans des « camps » de « rééducation » en Chine, au sein desquels les violations de droits de l’Homme sont nombreuses, selon des études et des ONG occidentales. Le candidat socialiste aux européennes de juin Raphaël Glucksmann a aussi critiqué la « tonalité amicale » de cette visite officielle. « L’homme qui déporte les Ouïghours, qui réprime les Hongkongais et les Tibétains n’est pas notre ami », a-t-il fustigé sur RTL.
L’Élysée a répliqué en affirmant qu’Emmanuel Macron, qui a noué une « relation particulière » avec son homologue, a abordé avec lui la question des droits humains, en particulier « quelques cas individuels ». « On en parle entre nous et on vérifie les résultats avec une volonté d’efficacité », a indiqué mardi la présidence française, expliquant rechercher une « intimité (…) entre les deux dirigeants afin de tenir un dialogue à la fois amical mais aussi très franc ». Emmanuel Macron avait fait savoir avant l’arrivée de Xi Jinping qu’il préférait discuter ces questions sensibles « derrière des portes closes ».