Leslie Villiaume, première femme horlogère du château de Versailles

Elle a remporté notre Prix des Artisanes, organisé par les magazines ELLE, ELLE à Table et ELLE Décoration, avec le soutien du Groupe LVMH, dans la catégorie des métiers de la sauvegarde du patrimoine français. Rencontre avec Leslie Villiaume, horlogère au château de Versailles.

Leslie Villiaume, première femme horlogère du château de Versailles

Bac scientifique à 16 ans, double licence « maths sup/maths spé »… Leslie Villiaume, 34 ans, aurait pu faire une grande école d’ingénieur et devenir haute fonctionnaire. A la place, elle est devenue horlogère, spécialiste des 17ème, 18ème et surtout du 19ème siècle. Et, depuis quatre ans, elle est chargée d’une mission bien particulière : la maintenance des horloges… du château de Versailles. Elle est aussi la première femme à occuper ce poste. Enfin !

« Chaque centimètre carré est beau »

« Chaque lundi, je remonte les horloges à Versailles. Je fais partie d’une équipe de trois horlogers sur le terrain, mes collègues sont au Trianon, tandis que je suis au château », raconte Leslie Villiaume. « C’est un honneur de travailler au milieu de tels chefs d’Å“uvres… Chaque centimètre carré est beau. » Les autres jours de la semaine, cette artisane ausculte et répare des horloges depuis son atelier du 11ème arrondissement, à Paris. Elle nous éclaire sur son savoir-faire : « lorsque je répare une horloge du 18ème, j’adapte mes techniques de réparation à celles de l’époque. Je ne fais par exemple pas de découpe laser sur un objet où tout a été fabriqué à la main. C’est ça que je trouve fascinant. Il faut dire que les siècles sur lesquels je travaille sont tellement riches… C’est comme si je prenais des cours à distance dans le temps ! ».

Faire des ponts entre les disciplines

Leslie Villiaume a toujours été fascinée par la mécanique et son histoire. Mais elle se souvient que, lorsqu’elle se baladait dans les musées, il y a encore quelques années, elle avait le sentiment que « quelque chose [lui] échappait, qu’elle ne comprenait pas tout ». Elle décide alors de s’inscrire en histoire de l’art à l’École du Louvre. « Cela m’a ouvert l’esprit et m’a permis de faire des ponts entre les différentes disciplines, scientifiques et historiques », explique-t-elle. Ses projets pour l’avenir, parallèlement à une thèse en histoire des techniques qu’elle soutiendra en 2024 ? Se consacrer davantage à la conception horlogère. Elle conclut : « Ce qui est sûr, c’est que je le ferai ici, à Paris. Je suis trop attachée à cette ville. »