Hommage : Horn, dessinateur du « Soir » et résistant

Horn a travaillé pour « Le Soir » de 1936 à 1990.

Le dessinateur de presse belge Fernand Van Horen, dit Horn, a travaillé pour « Le Soir » de 1936 à 1990, en plus d’être un héros de la Seconde guerre mondiale. Un vibrant hommage lui a été rendu ce jeudi 21 mars au parlement de l’Union européenne.

C’est dans le cadre de la Semaine contre le racisme et la diversité qu’on commémorait cette semaine trois héros noirs oubliés de l’ère nazie (1933-1945), soit trois noms de la résistance belge que l’Histoire a quelque peu oublié de remercier : Augusta Marie Chiwy, Jean Vosté et Fernand Van Horen. Une initiative émanant du président de l’ASBL Métis de Belgique, François d’Adesky, lui-même issu du métissage de la colonisation. Né d’un père belge et d’une mère rwandaise, il a beaucoup souffert dans son enfance d’avoir été étiqueté « indigène » et de n’avoir pas reçu la même éducation que les autres enfants.

Héros du jour, donc : Fernand Van Horen, né au Congo en 1909. « Il avait deux ans quand il est arrivé en Belgique », raconte son petit-fils, Etienne Vernaeve. « Il a été élevé par sa tante paternelle, fait ses humanités à l’athénée de Saint-Gilles. Du racisme ? Un peu, mais surtout de la curiosité. Il y avait à l’époque, selon ses dires, seulement trois métis à Bruxelles. »

Premier officier noir à monter sur un cheval de la cavalerie

Il aimait les chevaux, les sports et le dessin pour lequel il avait, semble-t-il, un don naturel. Poussé par l’un de ses professeurs, il commence des cours du soir à l’Académie des Beaux-Arts. Et pour assouvir sa passion pour les chevaux, il songe à entrer dans un des corps de cavalerie de l’armée belge. « Hélas, cette division très élégante (pantalon amarante, et bonnet à poils d’ours, shako ou chapska) était réservée aux seuls rejetons de la noblesse terrienne. Mais Fernand parvient malgré tout à devenir officier de réserve, il sera le premier officier noir à monter sur un cheval de la cavalerie. »

Lors de son service militaire, pour échapper à la monotonie, il réalise de petits dessins d’athlètes qui seront ensuite publiés dans Le Soir, gracieusement. Lorsque la guerre éclate, le jeune artiste est mobilisé comme officier de cavalerie mais, « frustré par la capitulation rapide de la Belgique, il décide de s’engager en 1941 dans l’Armée Secrète, mouvement armé de la Résistance intérieure belge. En 1943, il est arrêté suite à une dénonciation par un réseau d’agents doubles… »

En détention, Horn dessine ses compagnons de captivité. Après un transfert aux Pays-Bas, puis au camp de concentration de Flossenbürg, il est libéré par les Alliés en avril 1945. En octobre, il est engagé au quotidien L’Eclair où il croise la route de Diluc, le père de Philippe Geluck. Ce quotidien destiné aux résistants disparaîtra le 9 mars 1946.

Le dessinateur retrouvera le journal Le Soir dès le mois de janvier 1947 : au total, Horn aura réalisé un peu plus de 10.000 dessins pour notre quotidien.

Il meurt chez lui le 15 septembre 2005 à l’âge de 95 ans. Le héros de la résistance et dessinateur sera récompensé de l’Ordre de la Couronne, de l’Ordre de Léopold II, de la Croix de Guerre et de la Croix du prisonnier politique 1940-1945.