Haute-Corse : un randonneur retrouvé mort sur le GR20, son compagnon de route hospitalisé en état d’hypothermie
Le PGHM de Corse s’est retrouvé bloqué par les violentes intempéries et n’a pas pu secourir le randonneur à temps. (Illustration) LP/Yann Foreix
Pris au piège du froid et de la nuit, à plus de 2000 mètres d’altitude. Un randonneur de 50 ans a été retrouvé mort sur le sentier du GR20 vendredi matin, près de la commune Calenzana au sud-est de Calvi en Corse, après avoir donné l’alerte jeudi en début de soirée. Son compagnon de route, âgé de 40 ans, a quant à lui survécu et a été pris en charge à l’hôpital, a indiqué au Parisien le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de l’île, confirmant une information de plusieurs médias locaux.
Les gendarmes avaient été alertés jeudi soir à 20h30 par le duo, qui s’était retrouvé en difficulté à cause des rudes conditions météorologiques. « Ils étaient sur le GR20, mais ils ne savaient plus où ils étaient sur le parcours. Ils étaient à mi-chemin entre deux refuges, et se sont retrouvés pris dans une quasi-tempête de neige », explique l’unité.
Les recherches bloquées par les conditions météo
Les deux randonneurs, originaires de Moselle, étaient en effet arrivés vers 13 heures au refuge d’Ortu di u Piobbiu, mais ils ont voulu repartir dans l’après-midi en direction de celui de Carrozzu, « alors qu’un phénomène de dégradation était annoncé par Météo France ». Le centre météorologique avait émis plusieurs alertes de niveau jaune pour des orages, de la pluie inondation, du vent et des avalanches en Haute-Corse, rappelle le quotidien régional Corse-Matin. « Ils se sont malgré tout engagés sur le GR20, en voulant en plus doubler les étapes, donc en s’exposant de manière beaucoup plus longue » aux conditions extérieures exécrables, poursuivent les gendarmes.
Une caravane terrestre de cinq agents du PGHM a tenté de rejoindre le binôme, en vain. « Il y a eu tellement chute d’eau, de manière assez concentrée, que tous les cours d’eau ont débordé et ont envahi les sentiers, qui n’étaient plus praticables par nos personnels », souligne l’unité. Les intempéries ont aussi empêché les hélicoptères de leur prêter main-forte.
Les deux randonneurs se sont retrouvés bloqués par les températures glaciales, le vent et la nuit, à 2050 mètres d’altitude. Ils n’étaient pas suffisamment équipés « pour ce genre d’itinéraire dans des conditions hivernales ». Lorsque les secours ont enfin pu les atteindre, tôt vendredi matin, le plus âgé des deux était déjà décédé, probablement de froid et d’épuisement.
Le deuxième randonneur, lui, a pu être sauvé in extremis. Retrouvé en hypothermie, il a été transféré à l’hôpital, où il s’en est sorti par miracle « quasiment indemne », « sans séquelles, comme des engelures ou d’autres traumatismes ». Une enquête judiciaire a été ouverte pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame, et a été confiée au PGHM.
« Il faut redoubler de prudence »
Le randonneur décédé était père de deux enfants et habitait à Montenoy, près de Nancy, selon L’Est Républicain. Il était président du Judo Val-de-Lorraine 54. « C’est un coup dur pour nous tous. C’est difficile. C’est surprenant, on ne comprend pas pourquoi ils sont partis malgré la météo. C’était un sportif accompli », a regretté le trésorier du club auprès de France 3 Régions.
Si cet accident tragique reste le seul à avoir endeuillé la saison pour l’heure, les autorités appellent à la plus grande vigilance face à ces épisodes hivernaux au cœur du printemps, qui peuvent prendre de court les randonneurs. « Il faut redoubler de prudence : rester humble face à la montagne, savoir faire demi-tour, et être bien équipé », insiste l’unité de gendarmerie spécialisée. Chaque année, plusieurs personnes décèdent dans la montagne corse, dont les risques sont souvent sous-estimés, note Corse-Matin.