Ces jeunes talents qui s’emparent de l’artisanat d’art
Ces jeunes talents qui s’emparent de l’artisanat d’art
Maximilien Pellet réinvente la fresque
À 32 ans, cet artiste reconnaît volontiers une filiation avec Jean Lurçat, Roger Capron ou Pablo Picasso. Courtisé par de nombreux collectionneurs et institutions culturelles, ce trentenaire est en 2024 l’invité de la villa Noailles, à Hyères, où il présentera de nouvelles œuvres lors de la Design Parade. À mi-chemin entre la peinture et la marqueterie de bois, ses formes libres sont réalisées à partir de plaques de faïence liquide qu’il cuit, découpe et réassemble sur des châssis de bois. Tantôt inspiré par l’art médiéval, tantôt par l’art moderne ou les imageries populaires type BD ou dessins animés, ce fresquiste émérite préfère le terme d’artiste à celui de designer, même s’il a accepté, en septembre dernier, de créer une collection d’art de la table et d’objets décoratifs pour Monoprix.
maximilienpellet.fr
L’Atelier Stokowski marie le verre, le laiton et le bois
Derrière cet atelier se cache une fratrie : Jimmy, Théo et Victor, le cadet, qui a transmis sa passion à ses deux frères aînés. À 16 ans, il croise fortuitement la route de Monica Guggisberg et Philip Baldwin, deux souffleurs-graveurs sur verre à la renommée internationale, qui vont changer le cours de sa vie. Il abandonne alors sa formation d’électricien et les suit au Pays de Galles afin d’apprendre ces techniques. En 2021, il ouvre son propre atelier. Très vite, ses pièces monumentales gravées à froid et ses alliances de matériaux interpellent. « Marier le verre soufflé avec le laiton et le bois est l’une de nos spécificités, comme le juste équilibre entre les formes géométriques et les motifs incorporés dans la masse qui réfléchissent la lumière de manière singulière », explique Victor, lauréat cette année de la Fondation Banque Populaire, dans la catégorie Artisanat d’art. Un prix qui salue l’originalité de son expression verrière.
atelierstokowski.com
Lorène Cavagna fait onduler le grès
« La passion pour la céramique s’est imposée àmoi comme une évidence », explique cette jeune femme qui a eu une révélation dès son premier cours de tournage, suivi en parallèle de ses études en école de commerce àLondres. La terre sera désormais son mode d’expression. Très vite, elle bifurque, passe un BTEC (l’équivalent d’un CAP en France) et s’adonne àla sculpture sur grès. Fascinée par le mouvement et les courbes en particulier, elle met au point une technique pour créer un àun ses pétales au couteau, qu’elle affine ensuite àla main pour les rendre aussi fins qu’un fil de rasoir, avant de les cuire et de les émailler. « En répétant ces formes simples par milliers, j’arrive àdonner du volume et des ondulations àce matériau par essence figé. » Ses
réalisations aux coloris vibrants s’avèrent d’une étonnante légèreté.
lorenecavagnaceramique.com
Antonin Anzil sculpte des paysages de papier
À première vue, on aurait tendance à penser que le papier est incompatible avec la gravure ou la sculpture. Et pourtant, à force d’expérimentations, Antonin Anzil a réussi à détourner l’usage de la pointe sèche – utilisée habituellement en gravure sur métal – pour sculpter du vélin d’Arches à main levée et réaliser des constellations ou des territoires imaginaires aussi poétiques qu’énigmatiques. « On y voit un peu ce que l’on veut, des feuillages ou des ciels vibrants », précise cette personnalité passionnée par le travail de la lumière entre les creux et les pleins de la matière. Si ses créations sont souvent immaculées, il lui arrive de les colorer pour des commandes spéciales. Comme il l’a fait l’an dernier pour Cartier, avec un grand bas-relief doré.
antoninanzil.com
Rosanna Lefeuvre crée le drapé photographique
Rosanna Lefeuvre trace sa route sans GPS, en juxtaposant deux techniques : le tissage et la photographie, appris simultanément aux Arts Décoratifs et à l’École Duperré. Singulière, sa démarche consiste à imprimer ses clichés sur un tissu jacquard réalisé au préalable sur un métier à tisser – puis à le colorer aux pastels, aux crayons de couleur ou à l’impression à chaud pour faire naître des drapés, des détails de corps féminins ou d’étoffes, ses sujets de prédilection. Délicates et sensuelles, ses œuvres s’apparentent à de la tapisserie ou à des peintures photographiques, presque pointillistes. À l’avenir, son rêve serait d’associer ses créations textiles à du design : tapis, tête de lit ou luminaires…
rosannalefeuvre.com
Marion Flament retient la lumière avec le verre
À la frontière de l’art et de la scénographie, les pièces de Marion Flament, diplômée de l’École Boulle et des Arts Décoratifs, mettent en scène la lumière – un feu, un reflet, un rayon de soleil… – qu’elle parvient à figer, malgré son caractère éphémère, dans un vitrail. « Ce qui m’intéresse, c’est la manière dont le faisceau se propage, dialogue avec un lieu et se perçoit. » Souvent suspendues, ses œuvres s’apparentent à des installations sculpturales conçues à partir d’un verre traditionnel coloré, découpé et réassemblé. Ou bien à partir d’une peinture à la suie de bougie, une technique très personnelle qu’elle a développée. Après un solo-show à la galerie Romero Paprocki en début d’année, elle travaille actuellement sur une sculpture en verre soufflé.
marionflament.com
Aurélie Hoegy dompte le rotin
Avec une incroyable dextérité, cette jeune femme dompte le rotin, une liane avec laquelle elle fait corps. « C’est le dialogue avec le mouvement naturel de cette fibre qui guide mon geste », reconnaît Aurélie, diplômée de la Design Academy Eindhoven qui s’est d’abord fait remarquer avec sa chaise Duchesse, entrée dans les collections permanentes du Centre Pompidou. Puis sa tapisserie monumentale, en volume et en mouvement, qui a aussi intégré les collections du Museum of Fine Arts de Houston, au Texas (MFAH), en ce début d’année. Enfin, lors de la dernière édition du salon Maison & Objet, où elle a été lauréate des Rising Talents Awards avec une table basse aussi ondulante qu’ébouriffante. Des œuvres qui promeuvent un slow design, en préfiguration d’une prochaine collection de mobilier. Et qui sait, peut-être en couleur !
aureliehoegy.com