Bourse : la hausse du pétrole et de l'inflation va-t-elle plomber le CAC 40 ?

La Bourse est fébrile. La forte hausse des prix du pétrole et des matières premières pourrait doper l’inflation (et donc les taux à long terme), si ce phénomène devait s’accentuer. Dans ce scénario, quels secteurs d’activité seraient à privilégier et lesquels seraient à éviter ?

Pétrole, aluminium, cuivre, cacao… Les prix de l’énergie et des matières premières bondissent. Un facteur de soutien à une inflation déjà récalcitrante, en particulier aux Etats-Unis. Au pays de l’oncle Sam, «l’inflation se maintient à plus de 3% depuis mi-2023 et tend à accélérer légèrement, sous le maintien d’une croissance économique soutenue», relève Thomas Andrieu, écrivain et expert des cycles économiques, rédacteur et chroniqueur. En zone euro, l’inflation s’établit à 2,4%, «un taux plus proche de la cible de la BCE, mais des risques essentiels demeurent sur une inflation qui paraît plus structurelle que conjoncturelle», selon l’expert. Et ce, alors que l’’inflation cœur (inflation hors énergie et matières premières, éléments volatils) s’établit actuellement à 3,8% sur un an aux Etats-Unis et à 2,9% en zone euro.

«L’inflation actuelle est raisonnable mais non maîtrisée», avertit Thomas Andrieu, alors que la hausse des prix des matières premières «apparaît plus évidente à mesure que la croissance aux Etats-Unis se maintient». «Le cours du pétrole semble repartir à la hausse, les prix des métaux grimpent et ceux du blé peuvent difficilement s’affaiblir davantage, aux niveaux actuels», relève Thomas Andrieu. A cela s’ajoute l’importante incertitude géopolitique, qui menace de renchérir les prix du pétrole à tout instant et de gripper l’économie mondiale, avertit l’expert. Cette hausse des prix de l’énergie et des matières premières risque-t-elle de remettre l’inflation sur de mauvais rails (haussiers), après la désinflation sensible constatée depuis 2022 ? Et quel serait l’impact sur la Bourse, si ce scénario défavorable devait se produire ? Sollicité par Capital, Stéphane Déo, senior portfolio manager chez Eleva Capital, nous livre son analyse.

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Comment expliquer l’envol des prix du pétrole et des matières premières ?

La progression des cours du pétrole et des matières premières s’explique par une demande meilleure qu’attendu, l’économie mondiale se portant mieux que prévu. «L’économie chinoise a passé un point d’inflexion et va mieux. Et les Etats-Unis ont échappé à la récession redoutée. En outre, les sanctions prises contre la Russie dopent les prix de certains métaux, comme l’aluminium, dont le pays est un important producteur», relève Stéphane Déo. Le prix du pétrole est de son côté dopé par les tensions géopolitiques (le conflit Israël – Iran s’ajoute à la guerre en Ukraine), qui font craindre des problèmes d’approvisionnement (une bonne part des stocks mondiaux de pétrole passant par le détroit d’Ormuz).

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Les prix du cuivre ont aussi beaucoup progressé, sur fond de pénuries, alors que les économies américaine et chinoise se portent mieux que prévu et qu’il y a eu très peu d’ouvertures de mines de métal rouge (qui entre pour une bonne part dans la transition énergétique, avec la fabrication d’éoliennes ou de voitures électriques, ainsi que dans la constitution de datacenters, qui ont le vent en poupe) depuis la crise du Covid-19, note Stéphane Déo. Alors que l’ouverture d’une mine de cuivre est un processus très long (environ 10 ans, une fois la décision prise), l’offre de métal rouge ne pourra pas s’ajuster, face à une demande qui devrait exploser au cours des années 2020 et 2030, avertit le gérant. Il souligne que pour mener à bien la transition énergétique et climatique, il va falloir extraire davantage de cuivre ces 20 prochaines années que ce qui a déjà été extrait en cumul à ce jour depuis les débuts de l’humanité !

Quel impact sur la Bourse aurait un rebond plus fort que prévu de l’inflation ?

Pour l’heure, la hausse des prix du pétrole et des matières premières n’est pas encore suffisamment importante pour poser des problèmes sur le front de l’inflation, selon Stéphane Déo, qui souligne que si le cours du baril de pétrole a bondi depuis mi-décembre, il reste pour l’heure inférieur au point haut de l’été dernier (même s’il s’en rapproche, NDLR). Et en parallèle, les prix de l’électricité ont beaucoup reflué. Pour autant, si le prix du pétrole devait grimper à plus de 100 ou 110 dollars le baril, ce serait plus inquiétant. Et si le cours du Brent se hissait à 140 ou 150 dollars (soit environ son record historique de 2008, NDLR), l’inflation progresserait de 1 point de pourcentage, calcule Stéphane Déo. Heureusement, ces prochaines années, les prix du gaz devraient a priori se retrouver sous pression du fait de la création d’importantes capacités de production supplémentaires, ce qui devrait aussi peser sur les prix de l’électricité. Un élément positif, sur le front de l’inflation.

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Les craintes sur la trajectoire de l’inflation font bondir les taux à long terme et pèsent sur la Bourse

Jusqu’à début avril, la forte progression de la Bourse (CAC 40, Nasdaq…) est allée de pair avec celle des taux à long terme, un phénomène typique d’une économie mondiale qui se porte mieux que prévu (ce qui tend à soutenir les profits des sociétés cotées). Pour autant, ces dernières semaines, la remontée des taux à long terme a été trop rapide, ce qui a pesé sur la Bourse. En effet, une hausse marquée des taux à long terme des obligations d’Etat (leur rémunération) tend à favoriser des arbitrages favorables aux titres d’emprunts d’Etat au détriment des actions (dont la rémunération devient moins attractive qu’auparavant, comparée à celle des obligations d’Etat). La problématique sur l’inflation est davantage un sujet aux Etats-Unis (où elle remonte) qu’en Europe (où elle a de bonnes chances de finir par s’assagir, selon Stéphane Déo). Pour autant, la remontée sensible des taux à long terme aux Etats-Unis fait tache d’huile en Europe, du fait de phénomènes d’arbitrage, ce qui pèse aussi sur les marchés actions du Vieux Continent.

Dans le cas de figure d’une inflation plus forte que prévu, quels secteurs d’activité seraient à privilégier et lesquels seraient à éviter en Bourse ?

En cas d’inflation plus forte que prévu, cela doperait les taux à long terme. Dans un tel contexte, selon Stéphane Déo, un investisseur en actions devrait miser sur les actions des secteurs d’activité les moins sensibles à la hausse des taux. Autrement dit, selon le gérant, il devrait investir dans les actions d’entreprises dites value (les sociétés traditionnellement peu chères en Bourse et dont les profits tendent à profiter d’un raffermissement de l’économie) et dans les valeurs de qualité dites défensives, comme celles du secteur de la santé ou encore du luxe.

Un environnement inflationniste inciterait aussi à investir dans les valeurs minières (d’autant que la transition énergétique et climatique nécessitera d’importantes quantités de minéraux et de métaux) et pétrolières. Inversement, il faudrait s’alléger sur les valeurs technologiques (traditionnellement parmi les plus sensibles à la remontée des taux à long terme, dans les modèles de valorisation des analystes financiers). Et il vaudrait mieux éviter les actions du secteur des services aux collectivités, les sociétés concernées étant traditionnellement assez endettées.

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