Macron en Nouvelle-Calédonie : l’état d’urgence ne sera levé « que si chacun appelle à lever les barrages »
Macron en Nouvelle-Calédonie : l’état d’urgence ne sera levé « que si chacun appelle à lever les barrages »
Emmanuel Macron a appelé ce jeudi 23 mai au début de sa visite en Nouvelle-Calédonie à un « apaisement constructif » et à la recherche d’une « solution » politique, mais sans revenir sur le résultat des trois référendums qui ont acté le maintien du territoire ultramarin dans la République.
Arrivé à Nouméa pour une visite impromptue après une semaine d’émeutes, le chef de l’Etat a ouvert une première réunion, avec des élus locaux et des acteurs de la vie économique, par une minute de silence en hommage aux six morts de ces derniers jours.
Alors que le gouvernement a instauré sur ce territoire aux antipodes de l’Hexagone l’état d’urgence, le président s’est dit plutôt défavorable à une prolongation au-delà de la date limite de lundi, qui nécessiterait une loi.
Plongée au cœur de Nouméa, des deux côtés des barricades : « Il faut calmer les radicaux »« Je pense pour ma part que cet état d’urgence ne devrait pas être prolongé »
, « parce que je crois profondément que le dialogue est nécessaire », a-t-il dit. Mais « il ne sera levé très clairement que si chacun en sa responsabilité appelle à lever les barrages, ce qui, au moment où je parle, n’est toujours pas le cas avec cette clarté », a-t-il lancé en présence d’élus indépendantistes comme non indépendantistes.
Arrivé aux côtés des ministres Gérald Darmanin (Intérieur), Sébastien Lecornu (Armées) et Marie Guévenoux (Outre-mer), Emmanuel Macron a promis des « décisions » et des « annonces » à « l’issue de cette journée », même s’il a assuré n’avoir « pas de limite » de temps sur place. Le président a souligné que « beaucoup de populations souffrent aujourd’hui », évoquant les difficultés d’accès aux soins, mais aussi « l’approvisionnement », dix jours après une éruption de violences inédites sur l’archipel depuis près de 40 ans, qui laissent encore des quartiers entiers difficilement accessibles.
Déterminé à rétablir l’ordre, Emmanuel Macron a assuré que les quelque 3 000 membres des forces de sécurité déployés « resteront aussi longtemps que nécessaire, même durant les Jeux olympiques et paralympiques » de Paris qui prennent fin début septembre.
« L’apaisement ne peut pas être le retour en arrière »
Accompagné des trois hauts fonctionnaires qui auront pour mission de renouer le dialogue avec les indépendantistes et non indépendantistes, Emmanuel Macron a appelé à un « apaisement constructif » et à la recherche d’une « solution » politique. « Mais l’apaisement ne peut pas être le retour en arrière, a-t-il ajouté. L’apaisement ne peut pas être de ne pas respecter l’expression populaire qui s’est déjà jouée. L’apaisement ne peut être de nier en quelque sorte un chemin qui a déjà été fait », a dit le chef de l’Etat devant des élus et représentants des forces vives de l’archipel. « Néanmoins, nous devons remettre toutes les parties prenantes autour de la table », a-t-il plaidé.
La Nouvelle-Calédonie : un archipel, deux histoires
Il n’a toutefois pas dit clairement comment il entendait déminer ce qui fut le détonateur des émeutes, à savoir le vote à l’Assemblée nationale du dégel du corps électoral de l’archipel. Une réforme constitutionnelle décriée par les indépendantistes et qui doit encore être votée par les députés et sénateurs réunis en Congrès avant la fin juin, sauf si un accord sur un texte global entre indépendantistes et loyalistes intervient d’ici là. Une gageure alors que le dialogue est au point mort, incitant une grande partie de la classe politique, jusqu’au sein du camp macroniste, à demander un report du Congrès. Dans cette perspective, Emmanuel Macron, qui tente avec ce déplacement surprise un vrai coup de poker, a dit venir avec « beaucoup de respect, d’humilité ».
« Un mouvement d’insurrection inédit »
Peu après son arrivée à Nouméa, le chef de l’Etat est allé visiter un commissariat de la ville. Il a alors évoqué un « mouvement d’insurrection absolument inédit » qui secoue la Nouvelle-Calédonie depuis la mi-mai. « Personne ne l’avait vu venir avec ce niveau d’organisation et de violence », a ajouté le chef de l’Etat. Il a également salué « le sang froid » et « le professionnalisme » des policiers et des gendarmes déployés sur le terrain. « On ira jusqu’au bout, les jours et les semaines qui viennent seront encore difficiles », a-t-il ajouté.
Interrogée sur Europe 1 sur la phrase « un mouvement d’insurrection inédit que personne n’avait vu venir », la porte-parole du gouvernement a botté en touche. « Personne ne pouvait évoquer une telle violence. C’est la raison pour laquelle nous avons déployé des renforts inédits sur place », a expliqué Prisca Thévenot
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Un calme fragile
Jeudi, les indépendantistes Roch Wamytan, président du Congrès de Nouvelle-Calédonie, et Louis Mapou, président du gouvernement calédonien, étaient présents à la première réunion autour du chef de l’Etat. Un second rendez-vous, plus axé sur les questions politiques et institutionnelles, doit encore se tenir dans la journée.
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En attendant, sur le terrain, « la nuit a été calme », a indiqué jeudi matin le Haut-commissaire Louis Le Franc à l’AFP. « Il n’y a pas eu de dégâts supplémentaires mais il y a tellement de choses qui sont détruites », a-t-il encore fait valoir, alors que 281 personnes ont été placées en garde à vue depuis le 12 mai, à une écrasante majorité pour des atteintes aux biens, selon une source judiciaire.