Boeing et Airbus se partagent l'équipementier Spirit Aerosystems, accablé par des problèmes de production
Spirit Aerosystems construit les fuselages du Boeing 737 MAX, cloué au sol depuis deux accidents mortels.
Les deux grands concurrents de l'aéronautique mondiale viennent en aide à Spirit Aerosystems, l'équipementier créé en 2005 par Boeing, victime collatérale du désastre industriel que représente le Boeing 737 MAX. En janvier dernier, un nouvel incident à bord d'un Boeing 737 MAX-9 s'est produit juste après le décollage du vol 1282 de l'Alaska Airlines.
Vingt ans après s'en être séparé, Boeing va racheter son sous-traitant Spirit AeroSystems, accablé par des problèmes de production. Une partie des activités sera également reprise par Airbus.
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Côté Boeing, la transaction se fera entièrement en actions, au prix de 37,25 dollars par titre, valorisant Spirit AeroSystems à 4,7 milliards de dollars. L'opération qui inclue la dette du sous-traitant est chiffrée à 8,3 milliards, explique le constructeur américain dans un communiqué.
« Nous pensons que cet accord est dans le meilleur intérêt des voyageurs, de nos clients, des employés de Spirit et Boeing, de nos actionnaires et de notre pays plus généralement », a déclaré Dave Calhoun, le patron de Boeing, cité dans le communiqué de son entreprise.
Spirit AeroSystems et Boeing sont sous surveillance depuis qu'une porte-bouchon de la carlingue d'un Boeing 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines s'est décroché en plein vol le 5 janvier. Le 4 mars, l'Agence américaine de l'aviation (FAA) avait indiqué que des « problèmes de non-conformité dans le processus de contrôle de fabrication, la manipulation et le stockage des pièces détachées et le contrôle de la production »avaient été repérés chez Boeing et Spirit AeroSystems. Ces derniers avaient entamé des discussions en vue d'un rachat.
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Les revenus de Spirit AeroSystems provenaient à 60% de Boeing en 2022. Mais l'équipementier constitue aussi un fournisseur stratégique d'Airbus, pour lequel il produit notamment des éléments d'ailes. L'avionneur européen a donc indiqué avoir « conclu un accord contraignant avec Spirit AeroSystems portant sur l'acquisition potentielle d'activités majeures liées à Airbus ». Elle concernerait notamment la production de sections de fuselage de l'A350 située à Kinston (Caroline du Nord) et à Saint-Nazaire (France), des ailes et du fuselage central de l'A220 à Belfast (Irlande du Nord) et à Casablanca (Maroc), ainsi que des pylônes de l'A220 à Wichita (Kansas).
« Avec cet accord, Airbus entend assurer la stabilité de l'approvisionnement de ses programmes d'avions commerciaux grâce à une évolution plus durable, tant sur le plan opérationnel que financier, des différents lots de travaux d'Airbus dont Spirit AeroSystems est aujourd'hui responsable », a fait savoir l'avionneur européen.
Externalisation à outrance
Lancé dans une politique d'externalisation pour ne conserver que l'assemblage final des avions, Boeing s'était séparé en 2005 de son usine située à Wichita dans le Kansas spécialisée dans les aérostructures. Cela avait donné naissance à Spirit AeroSystems. La société a depuis diversifié ses clients et grossi à coups d'acquisitions. Mais ses difficultés ont conduit Boeing à annoncer début mars qu'il envisageait de réintégrer Spirit.
De ce fait, il était impensable pour Airbus que son principal concurrent devienne l'un de ses fournisseurs stratégiques. Le président exécutif d'Airbus Guillaume Faury avait ainsi confié fin avril suivre « de près » la situation : « Nous ne voulons pas que des lots de travail importants soient fournis par notre principal et seul concurrent », avait-il souligné.
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