Xi Jinping en France: en Chine, la presse scrute chaque détail de la «diplomatie des égards»
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) s’entretient avec le président chinois Xi Jinping lors d’un dîner d’État officiel dans le cadre de la visite d’État de deux jours du président chinois en France, au palais de l’Élysée à Paris, le 6 mai 2024.
Le président chinois Xi Jinping entame, mardi 7 mai, la deuxième partie, plus privée, de sa visite en France, avec un déplacement dans les Pyrénées avec le président français Emmanuel Macron. Peu de résultats attendus de cette partie, mais la presse chinoise suit de près l’attention réservée à Xi Jinping, comparant les questions de protocole à l’accueil fait par la Chine à Emmanuel Macron en 2023.
De notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Après la « diplomatie du panda », celle des « égards ». Depuis dimanche soir, les Chinois peuvent suivre via leur smartphone quasi pas-à-pas les déambulations du président chinois et de son épouse en France. La télévision centrale de Chine a déployé deux présentateurs-vloggeurs qui postent des vidéos sur toutes les étapes de cette visite, en insistant notamment sur les aspects protocolaires.
« Diplomatie d’un grand pays »
Le nom du compte weibo est parlant : « sur le front de la diplomatie d’un grand pays ». On y voit les tableaux impressionnistes du musée d’Orsay contemplés par Peng Liuan, les dorures et le velours rouges du théâtre Marigny pour la réception avec les patrons français. On y voit également le menu du dîner servi au couple présidentiel qui donne un avant-goût de l’hospitalité française, note au passage le South China Morning Post et les 148 cavaliers de la garde républicaine accompagnant le cortège officiel lors de l’accueil aux Invalides lundi 6 mai.
L’accueil libère la prose des commentateurs : « Dans le magnifique mois de mai de Paris, avec une douce brise et des paysages lumineux, le dôme doré des Invalides brille de mille feux », écrit ainsi l’agence Chine Nouvelle.
En avril 2023, avec la cérémonie du thé à Canton organisée pour le président français dans la résidence du gouverneur de la province du Guangdong, où le père de Xi Jinping a vécu à la fin des années 1970, Emmanuel Macron a eu droit au faste et aux honneurs, mais aussi à une deuxième journée plus intime.
Xi Jinping avait voulu alors rendre l’accueil qui lui avait été réservé à Nice lors de sa précédente visite en France.
« Amis spéciaux »
Pareil aujourd’hui pour les Pyrénées, où les racines familiales du président français dans les montagnes françaises sont également commentées sur les réseaux sociaux chinois. Pékin attend de la réciprocité.
Au-delà de ces images d’un chef d’État auquel on déroule le tapis rouge à l’étranger, la deuxième économie du monde compte sur la France pour essayer d’adoucir ses relations avec l’Europe. La Chine a besoin de stabilité dans sa relation avec l’Union européenne (UE) à l’aube des élections européennes et surtout des élections américaines en novembre. Et le pourvoir chinois aimerait que l’Europe prenne ses distances avec les Américains, comme le général de Gaulle l’avait fait en 1964.
Mais Pékin a peu de choses à offrir en retour, alors que l’industrie européenne est menacée d’asphyxie par les surcapacités chinoises : les panneaux solaires hier, les voitures électriques aujourd’hui. En attendant, ces images d’une relation de proximité avec un membre de l’Union européenne perçu comme influent nourrit le narratif d’une Chine défendant un monde multipolaire et opposée à un affrontement entre les blocs.
Au-delà du protocole, c’est aussi une notion de l’amitié au spectre large qui est mise en avant par la diplomatie chinoise. Une amitié qui dans la culture chinoise, vaut pour les affaires et les relations entre États. Au début du diner lundi soir, Xi Jinping a rappelé que la Chine et la France étaient des « amis spéciaux » qui entretiennent une « relation particulière ».
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