« Un homme, un vrai » : grandeur et décadence d’un magnat de l’immobilier sur Netflix
On attendait beaucoup de cette mini-série de David E. Kelley, mise en ligne ce jeudi 2 mai sur Netflix. Parce que c’est le créateur de « Big Little Lies », série évènement à l’écriture ciselée qui abordait avec subtilité le thème des violences conjugales et du poids des apparences chez des bourgeois californiens.
Parce que Jeff Daniels ( « Dumb et dumber », « The Hours », « The Newsroom »), charismatique et intense, y tient l’un des rôles principaux. Et parce que cette histoire à la « Succession » (série HBO saluée par la critique) d’un magnat de l’immobilier au bord de la faillite, promesse d’un combat sans pitié dans les hautes sphères de la finance et de la politique, nous avait appâtés. Le résultat n’est pas à la hauteur de nos attentes.
On y suit Charlie Croker (joué par Jeff Daniels), puissant homme d’affaires à la tête d’un empire immobilier à Atlanta, qui fait forcément penser à Donald Trump. Gouaille exubérante et tranchante, gonflé d’orgueil et d’assurance, marié à une jolie blonde bien plus jeune que lui, il coche toutes les cases et incarne la réussite du self-made-man. Mais il se retrouve poursuivi par ses banquiers, à qui il doit une coquette somme d’argent.
Va-t-on assister à sa chute, brutale et vertigineuse ? Va-t-il trouver un moyen de contrer l’attaque et ressortir plus fort encore ? Parallèlement à son histoire, on assiste à la crise que traverse un homme noir, victime de violences policières et emprisonné après avoir lui aussi porté des coups, qui se bat pour sa liberté et sa dignité.
Les acteurs Aml Ameen et Roger White, dans la saison 1 de «Un homme, un vrai».
Il y a certes de belles joutes verbales dans ces immenses bureaux en étages élevés de ces grandes tours de verre. On pense à « Succession », mais aussi à « House of cards », avec des personnages à l’ambition dévorante, prêts à tous les coups bas. Les acteurs et actrices, Jeff Daniels et Diane Lane les premiers, portent la série et on regarde le tout sans s’ennuyer. Mais très vite, on se demande pourquoi on nous raconte cette histoire, à la trame dramatique, somme toute, assez banale.
Les personnages ne sont pas assez creusés, et on s’interroge sur la raison des scénaristes de croiser ces deux destins. Oui, les milieux d’affaires sont inextricablement mêlés au pouvoir politique. Oui, il existe des violences policières dont les Afro-américains sont les premières victimes. Et après ? La série en six épisodes reste trop en surface et ne parvient pas à nous embarquer totalement. Dommage.