Taylor Swift lumineuse à Paris : un concert incroyable dans « la ville la plus romantique du monde »
« On se croirait en voyage aux États-Unis ». La remarque d’une spectatrice de la Défense Arena jeudi soir résume bien le sentiment général. Dans la foule qui remplit la plus grande salle couverte d’Europe, on entend beaucoup parler anglais avec l’accent américain. C’est l’effet Taylor Swift. Sur les quatre shows parisiens de la méga star US, qui lancent la partie européenne de son « Eras tour » planétaire, 20 % des spectateurs vient des États-Unis pour la voir.
Ils sont faciles à trouver dans le public. Ce sont les plus lookés, en robe de mariée, cowgirls à paillettes coiffées de Stetson, paysanne chic avec du lierre dans les cheveux, comme leur héroïne… Ils ne sont pas dépaysés en entrant dans la salle, immense et carrée comme un stade américain. Elle est bondée comme jamais depuis son ouverture en octobre 2017.
Des bracelets lumineux pour tous
Battus les Rolling Stones, Mylène Farmer, Pink… Ce jeudi soir comme les trois prochains, nous sommes 45 000 à attendre le retour de Taylor Swift, treize ans après son premier et dernier concert en France… dans un Zénith de Paris alors pas complètement rempli. Mais tout a changé depuis. Et ces concerts parisiens sont les plus courus de l’année.
À l’entrée, chacun reçoit un bracelet lumineux, comme dans les shows initiés par Coldplay. Les stands de merchandising sont pris d’assaut. Mais à 19h52, ils se vident instantanément. Une horloge vient de lancer un compte à rebours de deux minutes sur l’immense écran installé dans la salle. Le concert – qui durait 3h20 sur le début de la tournée – était annoncé à 20 heures pile à Paris. Il commence à 19h54.
Taylor Swift a ébloui le public parisien jeudi soir à la Défense Arena.
L’ouverture est magistrale. Des sortes de panaches de paon sortent un par un de l’écran et avancent sur le proscenium qui fend longuement la fosse. Elles se regroupent au bout, se baissent et en se relevant dévoilent la chanteuse en combi-short pailleté rouge. On a rarement entendu une clameur pareille ! Les swifties sont en larmes, les smartphones en bataille. On ne l’entend pas très bien sur la première chanson, « Miss Americana and the heartbreak prince ». La partition, jouée en direct par six musiciens – assez rare pour être signalé – est trop forte. On n’entend pas non plus ses quatre choristes.
« Paris, enchantée. Vous allez bien ? »
Mais ses fans la voient. Elle est là, en vrai. Et le son va vite s’améliorer. Elle s’exprime très vite. Et en français. « Paris, enchantée. Vous allez bien ? Magnifique ! » Et elle enchaîne avec quatre chansons de son album « Lover », dont elle avait fait le lancement à L’Olympia en 2019 lors d’un show case privé. Elle le rappelle et dit toute sa joie de commencer sa tournée européenne à Paris, « la ville la plus romantique du monde ». « Paris bienvenue dans le Eras Tour. Je m’appelle Taylor ».
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Elle regarde longuement son public, à presque 360 degrés. « Je me sens puissante » sourit-elle en anglais cette fois en s’embrassant malicieusement le biceps. Évidemment son show est démesuré. Mais elle parvient à créer une proximité en chantant souvent au milieu de la salle, sur des cubes qui se transforment au gré des tableaux.
« Cette tournée est la meilleure expérience de ma vie »
Le principe du « Eras tour » est de jouer tous ses albums. Elle modifie leur enchaînement par rapport au début de sa tournée. Elle passe assez vite sur « Fearless », son 2e album moins connu ici, s’arrête plus longtemps sur « Red », celui du virage pop, de ses premiers tubes connus en France, « Were are never ever getting back together » et « All too well », qu’elle chante ici à la guitare acoustique seule dans une grande robe rouge et noire. « J’espère que vous appréciez, dit-elle. Vous êtes un public de rêve. Vous êtes si présents, je suis vraiment touchée. Honnêtement cette tournée est la meilleure expérience de ma vie. »
Impossible de dévoiler tous les effets visuels et changements de tenues. Ici, elle disparaît sous le proscenium pendant que la scène s’embrase d’un rideau de flammes et de lumières. Là elle évolue devant sept cabines lumineuses avec ses quatorze danseurs. Après un ballet très romantique, pendant lequel elle se change, elle revient dans une grande robe de bal au milieu de projecteurs pointés vers le ciel.
Taylor Swift a changé plusieurs fois de tenue pendant un show de 3h15.
Pendant son tube « Blank Space » ses danseuses roulent sur des vélos fluos autour d’elle. Le chapitre dédié à ses splendides albums « Folklore » et « Evermore », enregistrés pendant la pandémie, est le plus beau et poétique. Elle chante dans un vrai chalet en forêt et joue sur un piano recouvert de mousse. Son visage, filmé en gros plan, est très expressif. Elle sourit, minaude, grimace, fait un clin d’œil… comme si elle s’adressait à chacun.
À la fin de « Champagne problems », elle s’arrête pour regarder la salle qui lui offre une longue ovation. Pendant deux minutes, une éternité dans un show pop, elle reste muette, très émue. On lit sur ses lèvres « I love you ». Puis elle dit en français : « Merci beaucoup ». Les bracelets lumineux font partie du show et illuminent l’Arena de mille couleurs, en rythme. Mais pas besoin d’effets spéciaux sur « Shake It Off », son plus gros tube, dans le monde et en France. Tout le monde fait la fête.
3h15 de show, 46 titres interprétés
Le nouvel album était aussi très attendu par les fans et il occupe une belle partie du show. Elle joue pour la première fois pas moins de sept titres de « The tortured poets department », qui bat des records de ventes et d’écoutes depuis sa sortie le 19 avril. Elle renouvelle ses thèmes avec des tableaux en noir et blanc, un lit blanc qui s’incline, un intermède music hall et des versions beaucoup plus lumineuses et efficaces que sur disque.
Pendant la partie acoustique où elle interprète seule au piano et à la guitare des chansons surprises, elle offre évidemment à Paris son titre « Paris » sorti en 2022 sur « Midnights » et, après une saisissante plongée sous le proscenium, finit fort avec son avant-dernier album. En body pailleté bleu, une jarretelle sur la cuisse, entourée de dix danseuses, elle joue les meneuses de revue sexy. Encore une facette de Taylor Swift. La dernière.
« C’était une nuit inoubliable, merci Paris », lance-t-elle avant la flamboyante « Karma ». Dernière communion pour la showgirl. « Je vous aime tellement. » Le final est flamboyant, feu d’artifice, explosion de cotillons, elle salue avec ses danseurs puis, seule, lance un baiser, disparaît sous la scène. Il est 23h09. Elle a chanté 3h15, interprété 46 titres et conquis Paris.