Tag de « L’Origine du monde » : le musée d’Orsay porte plainte
Tag de « L’Origine du monde » : le musée d’Orsay porte plainte
Le musée d’Orsay a annoncé à l’AFP ce vendredi 10 mai avoir porté plainte après le tag du tableau de Gustave Courbet intitulé « L’origine du monde », qui doit être restauré, au Centre Pompidou-Metz (est) lundi. Il était protégé par une vitre sur laquelle deux femmes ont tagué « MeToo ».
«В MaculГ©e de peinture rouge, l’œuvre a Г©tГ© dГ©crochГ©e pour examen par une restauratrice qualifiГ©e. Le cadre a reГ§u de nombreuses projections de peinture qui pourraient laisser des traces durables mГЄme aprГЁs restaurationВ В», a prГ©cisГ© le musГ©e dans un communiquГ©, indiquant avoir « dГ©posГ© plainteВ В».
«В Les tests effectuГ©s pour nettoyer le verre de protection ont montrГ© que l’emploi de solvants sera nГ©cessaire, altГ©rant ses propriГ©tГ©s et conduisant Г son remplacementВ В», a-t-il prГ©cisГ©.
Jacques Lacan avait mis « l’Origine du monde » dans un vestibule
«В L’ensemble de ces opГ©rations est dГ©licat et doit ГЄtre prГ©parГ© par une analyse plus approfondie. Aussi, compte tenu du temps nГ©cessaire aux interventions, “L’origine du monde” de Gustave Courbet ne pourra ГЄtre raccrochГ©e dans l’exposition “Lacan, quand l’art rencontre la psychanalyse” avant sa clГґture le 27 maiВ В», a ajoutГ© le musГ©e.
Quatre œuvres dégradées, une broderie volée
Peint en 1866, ce célèbre tableau représente un sexe de femme. Entré dans les collections du musée d’Orsay en 1995, il avait été prêté au Centre Pompidou-Metz dans le cadre d’une exposition consacrée au psychanalyste Jacques Lacan, qui en a été le dernier propriétaire privé.
Quatre autres œuvres ont été taguées de la mention « MeToo », dont l’une « pourrait avoir été atteinte dans son intégrité car toutes n’étaient pas protégées », selon le procureur de la République à Metz. Une broderie rouge sur tissu d’Annette Messager, baptisée « Je pense donc je suce » (1991), a également été volée.
Twitter – Daniel Schneidermann on Twitter / X
Cette « action », organisée par l’artiste performeuse franco-luxembourgeoise Deborah de Robertis, était baptisée « On ne sépare pas la femme de l’artiste ».
Celle-ci a été mise en examen avec une autre femme et toutes deux ont été placées sous contrôle judiciaire. Une troisième personne, qui pourrait être à l’origine du vol, n’a pas été interpellée.
Une « performance féministe »
Dans une vidéo transmise à l’AFP, la performeuse a expliqué avoir réalisé cette performance féministe car « le monde très fermé de l’art contemporain est resté jusqu’ici majoritairement silencieux ». Elle a également dénoncé, dans une lettre ouverte, les comportements de six hommes du milieu, les qualifiant de « calculateurs », « prédateurs » ou « censeurs ».
Une photo de Deborah de Robertis, baptisée « Miroir de l’Origine du monde », était par ailleurs exposée à proximité de « L’Origine du monde » pour l’exposition du Centre Pompidou-Metz. On voit l’artiste poser, le sexe nu, sous l’œuvre de Courbet, une performance réalisée le 29 mai 2014 au musée d’Orsay.
Condamnée à une amende pour s’être dénudée devant la grotte de Lourdes en 2018, elle a également été plusieurs fois relaxée après des actions similaires, notamment en 2017 pour avoir montré son sexe devant « La Joconde » au musée du Louvre, à Paris.